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HISTOIRE LOCALE - Page 49

  • CENTENAIRE DE LA GUERRE 14-18 A VANVES : UN DEBUT D’ANNIVERSAIRE MANQUE

    Finalement, rien n’a marqué l’anniversaire du début de la guerre 1914-18 à Vanves. Un vanvéen avait demandé par un courrier au maire de faire sonner le tocsin par les clochers des églises de Vanves le 1er août 2014 à 16 h, comme tous les clochers des églises de France l’avaient fait le 1er août 1914 à 4 h de l'après midi, annonçant la mobilisation générale. Une circulaire de la Préfecture des Hauts de Seine l’avait rappelé, à la dernière minute. Mais sans succès, tant à Vanves qu’ailleurs. Et pour une bonne raison. Les cloches de nos églises sont commandées par un tableau électrique ou numérique avec programmation des différentes sonneries Il aurait fallu programmer le tocsin, ce qui était impossible dans certains cas vu l’ancienneté du matériel, de surcroît pendant les vacances, et tout simplement parce qu’il n’a pas été prévu. D’ailleurs peu connaisse à quoi ressemble sa sonorité et son rythme d’autant plus que la dernière fois qu’il a retentit, remonte à 1939, et qu’il a été remplacé par les sirènes pour avertir d’un danger imminent.

    Vanves n’a même pas participé à l’une des premières actions de cette commémoration qui devait rappeler le 1er Août 1914 lorsque les maires ont apposé sur les murs de leur commune l’affiche d’ordre de mobilisation général. La mission du centenaire avait  proposé justement que les communes puissent apposer des affiches « Août 1914, nos vies ont basculés » avec des visages de cette époque de leurs propres habitants, provenant de leurs archives publiques ou familiales, des hommes, des femmes, des enfants, des soldats et des civils, français et étrangers dont le destin a changé à l’été 1914. Cette campagne devait permettre de leur rendre hommage et d’incarner aux yeux de la population l’événement de la mobilisation et de l’entrée en guerre. Pour l’Association des Maires de France  et la Mission du Centenaire, toutes les villes sont concernées car toutes ont un monument aux morts. « A eux la gloire, à nous le souvenir » clamait sur son fronton le Souvenir Français a rappelé André Rossinot, maire de Nancy,  l’un des représentants de l’AMF dans cette Mission qui considère que « cette célébration est une occasion de lutter contre un certain effacement de ces événements chez les jeunes. Il y a un travail énorme à faire ! »

    Il n’en reste pas moins que la ville a prévu plusieurs initiatives qui ont reçu le label de la mission Centenaire  : Un concours sur le thème 14-18 auprès du public scolaire de Vanves ; le lancement d’une exposition itinérante dans le cadre du forum des associations de septembre 2014 ; une cérémonie du 11 novembre qui associera tout particulièrement le jeune public ; l’organisation de sorties organisées par le syndicat de la ville de Vanves sur un des sites emblématiques de 14-18 ; le baptême d’un espace public de Vanves du nom d’une personnalité ayant un lien avec la guerre 14-18 (…). Elles vont commencer dés le week-end du patrimoine par deux rendez-vous : Une Exposition "Vanves dans la Grande Guerre", présentant des documents des archives municipales ainsi que des archives photographiques de l'établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense. Une Conférence sur « Le carré militaire 1914-1918 du cimetière de Vanves » de Jean-Marc Valentin, président de l'Association des Généalogistes de Vanves le 20 septembre 2014 à 17h à l’hôtel de ville

    Le Blog Vanves Au Quotidien rappellera au fil de chaque week-end (jusqu’au 11 Novembre) et de l’actualité qui marque l’année, les événements qui se sont déroulés voilà cent ans en commençant bien sûr par cet été 1914, et à quoi ressemblait Vanves cet été là.

  • CENTENAIRE DE LA GUERRE 1914-18 : (1) VANVES ENTRE BOURG RURAL ET COMMUNE URBAINE

    « Vanves a bien changé lorsque notre commune s’engage dans le XXéme, mais  elle conservait encore son ancien caractère de bourg rural » comme l’indique Hyppolite Chailley dans son livre « Vanves, des origines aux début du XXéme siécle ». Le centre ville autour de l’église Saint Remy avec ses anciennes rues étroites et irrégulières, conservait assurément son caractère de bourg rural. La vigne avait disparu, mais il subsistait 140 ha de cultures maraîchéres diverses qui occupaient une place importante dans ce paysage  avec 57 ha de labours – blé, seigle, avoine, pomme de terres  -   26 ha de cultures fourragères – betteraves et prairies artificielles  - 56 ha de jardins potagers ou fleuristes, et parcs de plaisance… qui allaient se révéler bien utiles durant la guerre. D’antiques fermes subsistaient encore avec leurs grandes portes charretières et leurs granges délabrées. Les carrières du Plateau avaient été abandonnés malgré la présence de deux briquetteries exploitant la glaise grâce à une centaine d’ouvriers, derrière le lycée, là où se trouve aujourd’hui, le parc des expositions avec son Palais Sud. Par contre les blanchisseries étaient toujours présentes avec 80 entreprises employant prés d’un millier de personnes, et se modernisaient avec l’apparition de machines. Elles étaient  installées dans des bâtisses inélégantes qui conservaient au rez de chaussée leurs lavoirs et leurs repasseries avec à l’étage supérieur, les séchoirs aux fenêtres sans vitres.

    Le Plateau commençaient à se peupler avec l’arrivée de d’usines qui augmentaient sa population, avec l’apparition de modestes pavillons qui s’élevaient peu à peu, isolés ou en séries (villas), et de quelques immeubles. Une 7éme classe était ouverte à l’école Gambetta. La ville achetait un terrain pour aménager la place Etienne Jarrousse (à l’emplacement du jardin actuel) et elle continuait à développer son réseau d’égouts.  L’octroi, aux portes de Paris, existait encore et le Conseil Municipal de Vanves était appelé à voter les tarifs et taxes appliqués sur différents produits de consommations (liquides comestibles, matériaux etc…). Mais l’une des conséquences de cette guerre sera d’en réduire les rentrées.

    Il n’y avait pas encore de pont-gare Vanves-Malakoff sur la ligne Paris-Montparnasse, mais un passage à niveau qui était à l’origine de nombreux accidents mortels, et de nombreux voeux du conseil municipal demandant la construction d’une passerelle par l’administration des chemins de fer de l’Etat. Comme la ligne de tramway Vanves/Plateau-Champs de Mars avait cessé de fonctionner depuis 1900 après la faillite de la compagnie concessionnaire de ce tramway, le conseil municipal n’a cessé de se démener pour obtenir, en contrepartie, l’exploitation de la ligne Vanves-Chatelet par la Compagnie des Tramways de Paris même pendant le conflit, mais sans succés car cette compagnie a fait valoir les répercussions de l'état de guerre qui l'en empêchait (pénurie de personnel, impossibilité de se procurer des ralls, et de trouver des véhicules, raréfaction du xcharbon...).  Il s’est aussi mobilisé, avec succés, pour obtenir le rétablissement du terminus intermédiaire de Vanves sur la ligne Hôtel de Ville de Paris-Clamart qui avait été supprimé au début du conflit à cause du manque de personnel 

    D’ailleurs le Conseil Municipal présidé par Aristide Duru n’a cessé de gérer les affaires courantes, malgré l’état de guerre, en maintenant les crédits intégralement « de façon à ce que la guerre terminée, la vie normale de la commune puisse reprendre immédiatement » comme il l’expliquait lors du Conseil municipal du 30 Novembre 1916 : Augmentation du traitement du personnel communal, pavage des trottoirs, goudronnage des cours des écoles du Centre, travaux de viabilité rue Falret,  dépenses d’assistance : Aides aux aliénés, aux vieillards, assistance aux familles nombreuses… La municipalité gérait un budget qui a évolué de 723 737 frs à l'époque. Dans le rapport du budget primitif examiné par le Conseil Municipal du 20 Juin 1914, Aristide Duru expliquait que « nous vivons à une époque assez trouble. Sans parler de la situation politique, il faut convenir qu’au point de vue économique et financier, il existe dans nos pays comme d’ailleurs dans la plupart des pays voisins, une véritable crise dont les effets se font sentir dans toutes les branches de l’activité nationale. L’administration communale véritable cellule civile, ayant une comptabilité à tenir, ne manque pas elle aussi plus que d’autres organisations, d’être influencé par cet état de chose qui affecte la richesse publique. C’est à ce moment critique que l’on s’aperçoit de l’importance d’une sage gérance ».

    A Suivre (samedi prochain) : La déclaration de guerre à Vanves

  • LA LIBERATION DE VANVES EN AOÛT 1944 AU FIL DES JOURS

    Après les célébrations du débarquement en Normandie le 6 Juin, puis en Provence le 15 Août dernier, Paris et tous les communes franciliennes célébrent le 70 éme anniversaire de leur libération aujourd’hui. Vanves n’échappe pas à la régle avec une cérémonie au monument aux morts à 18H. Occasion de revenir sur les événements marquant de ce mois d’août 1944 au fil des jours à l’occasion de cette rentrée 2014 du blog Vanves Au Quotidien, grâce à des archives et des témoignages reccueillis auprès de vanvéens au fil des années passées, car beaucoup  nous ont quitté depuis et dont le récit de certains, a été repris dans le recueil collectif réalisé Pierre Meige « Paroles vanvéennes », enrichis d’éléments nouveaux. « Après 4 années d’une existence bridée humiliée, nous avons, enfin en Août 1944, la joie de voir surgir partout à Vanves et à Paris les barricades de la libération et d’assister à la fuite de l’oppresseur » écrivait Hippolyte Chailley dans son livre consacré à l’histoire de « Vanves, des origines aux débuts du XXéme siècle ». Il faisait chaud, et même très chaud cet été là,  notamment entre le 11 et le 19 Août, contrairement à cet été 2014.

    10 Août 1944 : Des résistants cachés dans les fourrés du Parc Frédéric Pic tirent sur les bâtiments de l’équipement militaire (Service de Fabrication de l’Armement)  situés rue Larmeroux ( là où il y a aujourd’hui l’école Lemel et les nouvelles habitations réalisées dans les années 80) occupés alors par les soldats de la Wehrmacht

    15 Août 1944 : le comité local des FFI recouvre d’un drapeau tricolore le monument aux morts sans réactions des allemands. Ses membres se réunissaient à la tombée de la nuit dans le parc Frédéric Pic, la fille de l’un d’entre eux, âgée de 17 ans, faisant le gué pour les prévenir si une patrouille allemande approchait.  Le CPL (Comité Parisien de Libération) et le Bureau Confédéral se seraient réunis à plusieurs reprises à Vanves pour mettre au point la libération de Paris en évitant l’insurrection, en liaison avec le CNR (Conseil National de la Résistance). Même Gaston Defferre s’est caché rue de la République alors qu’il avait été envoyé dans la banlieue pour fédérer les réseaux de résistants (FTP, FFI, Libé-Nord et le groupe Guyot dit « Bretelle ») sans grand succès.

    16 Août 1944 : Dans la nuit du 16 au 17 Août 1944, les allemands commencèrent à évacuer le lycée Michelet qui avait servi à abriter un hôpital réservé à la Division motorisée de la Kreigsmarine : klaxons, sifflets, cris, crissements de pneus des véhicules ont perturbé pendant 2 nuits (du 16 au 17 et du 17 au 18) Août) les riverains des quartiers pavillonnaires. Les cartons et les meubles étaient lancés par les fenêtres dans les camions. Ils distribuaient les denrées alimentaires au personnel français de la Kommandantur en déclarant qu’ils reviendraient.

    17 Août 1944 : Des affiches placardées un peu partout dans Vanves, appellent ses habitants à l’insurrection. Ce qui fit réagir la Kommandantur qui demanda au commissaire de police de désarmer ses gardiens de la paix  et envoya une patrouille pour récupérer une vingtaine de pistolets 7.65 (avec un seul chargeur de 6 balles) dont ses agents étaient pourvus. Mais le Commissaire de police qui faisait parti d’un réseau de résistance n’avait pas du tout l’intention  de laisser faire. Il parlementa avec l’officier allemand tant et si bien que ce dernier lui proposa d’assurer la sécurité des abords du lycée, pendant que la Kommandantur et la Kreigsmarine déménageaient et quittaient ce lycée. 

    18 Août 1944 : Dans la soirée, après le départ du dernier allemand, le proviseur Baron, accompagné des autorités municipales, avec le maire Louis Kerautret, visitait les lieux et trouvait dans la cour, un  camion abandonné avec deux mitrailleuses, des munitions et une centaine de grenades à manche. La Défense Passive avait exercée une surveillance rapprochée pour éviter les pillages : « Nous nous sommes installés le soir même à l’entrée » explique Pierre Pannetier. « A un moment, nous avons entendu le bruit d’un camion. Nous pensions que les allemands revenaient. En fait, c’étaient des sapeurs-pompiers de Paris qui venaient nous renforcer ». Par la suite, cet établissement scolaire servit de cantonnement provisoire aux F.F.I.

    19 Août  1944 :  « Il fallait se méfier durant toute cette période, car les allemands lorsqu’ils passaient en trombe dans les rues, pouvaient tirer des rafales sur tout ce qui bougeait. Un père de 4 enfants qui circulait à vélo et avait refusé de s’arrêter, fut tué ce jour là, rue Larmeroux » raconte un témoin de l’époque. Du coup, le maire de Vanves instaura un couvre-feu entre 21H et 6H pour éviter que ses administrés ne trainent dans les rues. Pourtant, cela ne les empêchait pas de commencer à espérer, à envahir les rues de notre commune qui connaissaient alors une grande agitation. La Poste, les Pompes Funèbres s’étaient mis en grève et les trains de la ligne Montparnasse ne roulaient plus. Le bruit courait que « Paris serait déclarée Ville Ouverte » notait dans son journal Mme Lemonnier, épouse d’un ancien président de l’UNC de Vanves. Ce jour là, le Comité Local de Libération s’est présenté à 13H30 à la Mairie pour prendre en main les destinées de la commune : MM Pellegeay, président, Pineau et Magnier furent reçu par Louis Kerautret. Ils lui annoncèrent qu’ils administraient dorénavant la commune au nom du gouvernement de la République en déclarant : « Nous n’avons absolument rien à vous reprocher. Nous savons ce que vous avez fait mais vous avez été nommé par Vichy ». Ils lui demandèrent de rester à leur disposition et de continuer à exercer ses fonctions. Il a célébré d’ailleurs un mariage cet après-midi là.

    AU CARREFOUR DE L’INSURRECTION

    20 Août 1944 : L’événement qui s’est déroulé ce jour là à Vanves a donné son nom au carrefour de l’Insurrection. La trêve demandée par les allemands le 20 Août à 14H n’a pas été respectée à Vanves en raison de deux drames. Le premier s’est déroulé au Clos Montholon : deux tractions occupées par des résistants ont croisé une colonne de camions allemands. La fusillade fut dramatique : 5 allemands et 4 résistants furent tués et 10 civils blessés. « Ce fut un véritable massacre » racontait une mercière qui a assisté au drame de sa fenêtre au 3éme étage d’un immeuble.  « Les allemands tiraient sur les résistants mais aussi sur les passants et même ceux qui regardaient à leur fenêtre. Il y avait des flaques de sang sur une centaine de mètres ». Selon le témoignage de Louis Kerautret (Maire de Vanves), à la suite de ces échanges de coups de feu, « les premières ambulances arrivent. Des blessés sont étendus à terre, une infirmière leur donne les premiers soins. Une camionnette à bord de laquelle se trouvent 2 FTP, Gabriel Crié et Marcel Guittet stoppe. Les deux hommes chargent dans leur véhicule l’un des blessés qu’ils proposent de conduire chez un médecin, le docteur Gillet, avenue Marcel Martinie. Ils n’y parviendront pas. Au carrefour de l’Insurrection, des SS postés dans un blindé, assurent la protection des allemands en fuite. En voyant la camionnette dont le capot est orné d’un drapeau tricolore, ils tirent à la mitrailleuse. Gabriel Crié et Marcel  Guittet sont tués et le véhicule incontrôlé ira s’écraser contre un arbre ». Seul Emile Beauchamps, le blessé qu’ils transportaient, véritable miraculé en a réchappé grâce à l’intervention du docteur Gillet qui l’aurait alors transporté dans son cabinet, contre l’avis de ses habitants qui craignaient des représailles. Il lui aurait prodigué les premiers soins en attendant l’ambulance qui l’a transporté à Corentin Celton. Témoignage confirmé par Louis Kerautret qui indique alors que « deux heures plus tard, le blessé qu’ils convoyaient sera retrouvé et conduit à l’hôpital où il sera sauvé ».

    21 Août 1944 : A la suite des deux drames de la veille, et pendant 48H, Vanves a vécu dans la terreur qu’un troisième ne se reproduise. « Par mesure de précaution, les voitures des résistants furent banalisées et l’on construisit des barricades afin que les Allemands empruntent certaines voies. Mais les occupants, pour quelques heures encore, évitèrent désormais Vanves, préférant emprunter la nationale 306 » raconte Louis Kerautret, Maire.

    22 Août 1944 : Les vanvéens se tiennent au courant des événements par la radio. « Tous les vanvéens comme tous les parisiens avaient l’oreille collée à la radio pour connaître l’état de progression  des blindés de Leclerc. Les nuits étaient secouées par les bombardements d’approches et des fusées éclairantes illuminaient le ciel de Paris » témoignait Henri Louis Barolet, fondateur du CIV et passionné de photos dont certaines prises à cette époque.

    23 Août 1944 : Les premières barricades faites de pavés, palissades, radiateurs, sommiers, s’élevèrent ce jour là en face de la poste, sous le pont de la gare, rues Mary Besseyre, Sadi Carnot et Larmeroux…. Tout le monde était persuadé que les allemands allaient s’enfuir ou se replier en passant par Vanves. « Heureusement que ce ne fut pas le cas, car nous n’étions pas assez armés pour les arrêter et nous défendre » racontait Fernand Verrupen.

    LA LIBERATION  DE VANVES

    24 Août 1944 : A la veille de la Libération, Vanves était en état d’alerte, des hommes, fusils à l’épaule, patrouillaient dans les rues désertes. Beaucoup de vanvéens étaient à l’écoute de la radio, calfeutrés chez eux. Dans la nuit du 24 au 25 Août, ils entendirent le bourdon de Notre Dame ainsi que les cloches de Vanves entrecoupés de coups de canon ou de tirs lointains. « Les allemands retranchés dans le Parc des Expositions, actionnaient leurs gros canons de marine de la DCA, provoquant un bombardement d’une intensité effroyable qui dura plusieurs heures » raconte Nicole Achard, boulangère alors à l’angle des rues Barbés et Victor Hugo en se souvenant de  ce malheureux cycliste tué par les allemands dans une rue voisine l’après-midi de ce 24 Août : « Ils avaient pris pour point de mire la rue où ce pauvre vieux s’engagea à vélo malgré nos signaux. Il fut tué sur le coup et évacué par les secouristes de la Croix Rouge ». C’est ce jour là qu’un jeune vanvéen de 21 ans, demeurant 12 rue Gabrielle d’Estrée, est tué à Versailles : Jacques Jézéquel. Il faisait parti de ces FFI vanvéens partis à la Préfecture de police de Paris avec leurs mitrailleuses et leurs grenades afin d’aider les agents entrés en dissidence et qui furent renvoyer prêter mains fortes à des résistants d’autres communes. Enfin beaucoup plus tard vers 1H30, des résistants sonnèrent à la porte de Mme Lemonnier : « Ils nous demandaient d’héberger une voisine dans notre abri. Ils venaient d’essuyer un tir d’une patrouille allemande ». Mais c’était déjà le 25 Août.

    25 Août 1944 : C’était un vendredi ensoleillé. Tous les immeubles étaient pavoisés de drapeaux : « On vit alors un spectacle étonnant. De chaque fenêtre surgissait comme par miracle, un drapeau tricolore. Tout Vanves était « Bleu, Blanc, Rouge » racontait alors un témoin. Beaucoup d’habitants se précipitaient aux portes de Paris pour voir les chars américains et français. Le tambour municipal Dumez passa dans les rues pour annoncer une cérémonie des couleurs à 15H. « Tout Vanves était là. Les couleurs furent hissées à un mat fixé devant la mairie sous les applaudissements de la foule qui entonna la Marseillaise. Les cloches des églises sonnèrent à toute volée. Le nouveau maire A.Pellegeay qui portait un brassard FFI a prit la parole. La marseillaise fut de nouveau chantée. Puis la foule se rendit au cimetière pour un hommage aux morts. Plusieurs salves de fusils ont été tirées. Enfin, un coussin de fleurs fut déposé devant le monument aux morts » racontait Mme Lemonnier dans son journal. « C’était épique » constatait Pierre Panetier. Un concert a été donné par l’Harmonie Municipale en fin d’après-midi devant le commissariat. Mais le répit fut de courte durée : des bombes incendiaires envoyées sur Paris la seconde nuit de liberté ont terrorisé plus d’un vanvéen qui retrouvèrent le chemin de la cave. « Nous étions dans le parc Falret avec quelques camarades pour fêter l’événement » ajoutait-il.

    26 Août 1944 : Les américains sont arrivés en blindés par la rue Ernest Laval pour rejoindre les bâtiments de l’Equipement (alors face à l’actuelle Piscine Municipale) où était installé leur PC. De nombreux vanvéens se sont retrouvés au bord des rues pour les acclamer. « Ils nous ont distribué du chewing-gum et nous ont demandé du whisky et du cognac » se souvenait la fille d’Edouard Vasseur. « Certains officiers et sous-officiers ont été hébergés chez l’habitant. Ils y sont restés 3 jours ». Gisèle Olivier et André Deuse se souvenaient de cette longue file de véhicules militaires garés le long des trottoirs entre l’Equipement et la Gendarmerie. 80 Femmes auraient été tondues dans un local  en-dessous de l’école de Centre, rue J.Cabourg, une grille les séparant d’une foule vindicative ce jour là ou le lendemain. Mais la tension a commencé à baisser, le ravitaillement s’améliorait, mais les vanvéens ont continué à aller chercher leurs bons de rationnement rue Murillo dans l’ancienne caserne des Pompiers (devenu le Club Murillo).

     

    Epilogue : Il est intéressant de noter que c’est entre la fin 1944 et 1947 que la municipalité dirigée par A.Pellegeay (communiste) de la Libération d’août 1944 à 1947, a donné le nom de résistants morts pour la France à de nombreuses rues : Guy Mocquet et René Sahors le 18 Décembre 1944, Antoine Fratacci, Ernest Laval, Louis Dardenne, René Coche, Victor Basch, Jacques Jézequel, Antoine Marcheron, Jean Bleuzen, Marcel Martinie, Mary Besseyre le 5 Décembre 1945, Marcel Yol le 5 Avril 1946, Albert Culot et Albert Legris le 4 Juillet 1946. Enfin, pour la petite histoire, la Municipalité de l’époque a donné le 5 Avril 1946, le nom de Boulevard de Stalingrad au Boulevard du Lycée « afin de rendre hommage à l’héroïque résistances des soldats du peuple russe dans Stalingrad, et perpétuer le souvenir de cette glorieuse résistance ». Boulevard qui retrouva son nom d’origine après l’élection de René Plazanet en 1947.