Le blog Vanvesau Quotidien continue de recueillir des témoignages sur le vie quotidienne des vanvéens durant cette période de confinement avec Bruno Jeudy, rédacteur en chef politique à Paris Match et surtout chroniqueur à BFM TV que tous les vanvéens ont l’occasion de voir et d’écouter durant la semaine
Vanves au Quotidien - Comment vous organisez-vous pour être sur le plateau de BFM et à la rédaction de Paris Match alors que le confinement est général ?
Bruno Jeudy : « Je suis confiné, comme tous les vanvéens, les trois quart de la journée dans le quartier du stade où je télétravaille avec tous les collaborateurs de Paris Match, puisque le numéro de cette semaine, a été réalisé en télétravail, ce qui est une prouesse informatique. Ce qui n’empêche pas des journalistes du magazine d’être sur le terrain avec toutes les précautions d’usage, puisque nous avons un reportage sur l’hôpital militaire de toulouse, sur l’hôpital de Marseille avec le professeur Raoult, à l’hôpital Bichat… La deuxiéme partie de la journée est à BFM chaque soir soit vers 20H, 21H ou 22H, en fonction de l’actualité du jour. Avec un maximum de précautions prises par la chaîne : le nombre de personnes est réduites sur le plateau TV, désinfecté entre chaque passage, sans micro cravate, avec un minimum de contacts entre les gens de la chaîne et les invités, avec beaucoup d’interventions des invités par skype.
VAQ -Vous n’avez pas encore de petit studio installé à domicile comme c’est le cas pour Jean Paul Pernault sur TF1 ?
B.J. : « En chaîne infos, ce serait compliqué, le nombre de personnes ayant été réduit sur le plateau. Nous sommes au maximum trois, voire quatre, du lundi au Jeudi pour ce qui me concerne, la chaîne ayant allégé le passage des chroniqueurs pour tenir compte des précautions à prendre
VAQ - Quel ambiance régne dans le studio de BFM ?
B.J. : « Depuis le début du confinement, il n’y a plus sur le plateau que des journalistes, les autres que ce soit les ministres, les représentants des partis politiques et des syndicats, les médecins et scientifiques, sont interviewés par Skype. Ce qui est assez étrange, car depuis presque un mois, nos interlocuteurs que l’on croise sur le plateau, ne sont que des scientifiques, ce qui nous donne l’impression de vivre dans un cabinet de médecins. Depuis quelques semaines, on a le sentiment étrange, car quand aprés deux heures de plateau, vous sortez, vous avec l’impression d’avoir tous les symptômes de la maladie, ce qui est une sensation angoissante. Lorsque je rentre chez moi, il faut que je me change, me lave les mains, en prenant des précautions, comme tout le monde, mais en même temps, il me faut du temps pour me déstresser, car nous ne parlons que de cette maladie, et c’est le seul sujet conversation. Les gens regardent aussi beaucoup la TV, car ils ont besoin de comprendre, de s’informer, d’anticiper ce qui va se passer. On a la volonté très forte de regarder ses informations, mais comment faire autrement, car notre quotidien est centré autour de cette pandémie, et ce confinement dans lequel les français ont été plongés.
VAQ – Ressentez-vous comme voss collégues sur le plateau, cette inquiétude, ce pessimisme ?
B.J. : »Il y a un mois, on a senti qu’on allait basculer dans quelque chose qui allait être irréel. Jusqu’au bout, on a cru, peut être comme les autorités publiques qu’on allait passer au travers, mais quand on a vu ces images venant de Chine, d’Italie, on voyait bien que cela allait arriver en France. Après, c’est une chose de regarder les images chez nos voisins, puis de voir les rues et les places désertées par la population en France.
Sur le Plateau, il n’y a pas trop de stresse entre nous, car on a pris très tôt les mesures sanitaires essentielles, avec prise de température à l’entrée de la chaîne chaque jour, la distanciation d’un métre entre les personnes sur le plateau prise très tôt, dés la soirée (surréaliste) du 1er tour des élections municipales, la possibilité de se laver les mains à l’entrée du plateau etc….
VAQ - Qu’avez-vous retenu de tous ces invités rencontrés et interviewés sur le plateau de BFM ?
B.J. : « Ce qui m’a marqué, dans un premier temps, c’est beaucoup de certitudes dans le sens où la plupart des scientifiques, et des médecins, étaient sur la ligne « c’est une maladie bénigne, on va s’en sortir ! N’ayez pas peur !». Très vite on a ressenti beaucoup de confusions, de contradictions entre les médecins eux-même, preuve que le consensus scientifique a été très long à émerger, et c’est peut être cela qui a créé tout d’abord, pas mal de retard à l’allumage pour les autorités publiques, prises entre deux feux, ce qui a conduit la France à prendre un peu de retard sur le plan sanitaire. Il y a eu un peu d’orgueil mal placé, persuadé que la France avait le meilleur système de santé du monde, lorsque l’on regardait les images en provenance d’Italie. On l’a vu au fur et à mesure de ces semaines sur le plateau, où les certitudes des médecins, des scientifiques, des politiques ont baissé, avec la confusion, les contradictions qui prenaient de la place, et puis tout à coup le basculement vers l’inévitable confinement. Lorsqu’on regarde les soirées depuis un mois et même un mois et demi, on a vu cela évoluer, ce qui ne rend pas facile le commentaire d’une telle actualité, outre le fait que face à des informations relevant de la médecine, on est assez démuni, car le néophyte ne peut plus s’en remettre qu’à ses sachants, à leurs connaissances
VAQ - Est-ce que nos gouvernants, nos politiques, en dehors du personnel de santé, bien sûr, sont à la hauteur ?
B.J. : « Globalement, ils font ce qu’ils peuvent ! parce qu’ils ont été pris dans une situation invraisemblable. Il y a eu tout d’abord le discours « ce n’est pas grave » relayé par les médecins eux même, puis un discours »c’est très grave » avec un pouvoir dont la marque de fabrique est le «en même temps», ce qui explique un retard à l’allumage. Et puis il ne faut pas oublier que tous les pouvoirs politiques doivent respecter et prendre en compte le nécessaire principe de précaution. Regardez 12 ans après, la réhabiliitation de Roselyne Bachelot est un hommage au principe de précaution. A L’époque, on la critiquait parce qu’elle en faisait trop, et on s‘apercoit maintenant qu’il vaut mieux en faire trop que pas assez.
VAQ- Pourquoi parlez-vous de soirée surréaliste à propos du 1er tour des Municipales ?
B.J. : « Lorsque j’arrive à la chaîne pour commenter les résultats du 1er tour, déjà les confrères ne parlent pratiquement pas de politique, mais que du coronavirus, à la veille du confinement. On voyait bien que, en même temps que les gens votaient, le pays était en train de basculer vers le confinement total. Il y avait un double mouvement d’opinion, à la fois une partie des français qui sont allés voter, certains étant en colère qu’on ait organisé ce 1er tour même avec des mesures sanitaires, et une autre qui n’en avait rien à faire et qui allait se prélasser dans les parcs et jardins pour protester.
Et le soir, bien évidemment, les commentaires ne concernaient pas les résultats ou très peu, et surtout le coronavirus avec les médecins qui ont été finalement les vedettes face à des politiques qui n’avaient pas bien jugés de la situation. J’ai trouvé personnellement que la polémique sur l’opportunité d’aller voter, était déplacé. On pense toujours que l’on peut faire mieux après coup, au moment de la décision, Je constate que c’est une partie de la droite a poussé à l’organisation de cette élection, le président de la République ayant décidé sur la base du conseil des scientifiques que l’on pouvait aller voter. On peut refaire le match éternellement. Mais sans doute, cette décision d’aller voter a constitué une erreur, puiqu’on n’a pas été en mesure d’organiser le 2e tour, Et ce soir là, dans nos commentaires, nous expliquions que forcément, vu les circonstances, ll n’y aurait pas de 2e tour le dimanche suivant.
VAQ - Que pensez-vous de cette référence aux scientifiques des pouvoirs politiques ?
B.J. : « En temps de crise, les politiques cherchent toujours à asseoir leurs décisions sur des experts, de la même manière que Mitterrand avait promus des généraux lors de la guerre du Golfe dans les années 90. En quelque sorte Macron a mis en avant les scientifiques, en ayant constitué autour de lui un conseil des scientifiques, et maintenant un comité d’analyses, de recherches et d’expertises autour de lui pour pouvoir faire valider et mieux accepter les décisions difficiles à prendre par l’opinion. L’opinion qui est défiante à l’égard des politiques, est plus confiante vis-à-vis des médecins et scientifique. On voit là que le politique est en train de relayer la décision aux médecins. On le voit avec ses 6 semaines de confinement proposé par les scientifiques qui n’a pas été validé par le président de la République, mais qui le sera dans les jours qui viennent. Une manière pour les politiques de faire valider leurs décisions et quasiment de les faire prendre par eux, ce qui pose la question du politique, de la légitimité démocratique, en temps de crise où là, l’urgence est de sauver des vies.
VAQ - Comment vivez-vous personnellement ce confinement dans votre quartier avec les voisins ?
B.J. : « Le premier soir, comme partout en France, on a applaudit à 20H le personnel soignant, au départ dans 3 à 4 maisons, maintenant dans l’ensemble du quartier du stade. On y est d’autant pus sensible que mon épouse est infirmiére. Nous vivons pas mal en solidarité dans notre petite rue, on essaie de se rendre service, avec l’un d‘entre nous qui va faire des courses pour tout le monde, je ravitaille mes voisins en journaux lorsque j’en ai en plus. On se rend es services mutuellement. Et puis, faite de pouvoir parler, on se téléphone, et les réseaux sociaux pour se soutenir. Comme partout à Vanves, mais surtout dans une rue pavillonnaire, privé du stade alors qu’il est mitoyen. Du coup, j’ai réduit comme tout le monde le footing