Emmanuel Macron a fixé pour la mi-mai la réouverture des premières terrasses de bars et de restaurants et de lieux culturels, promettant un protocole sanitaire strict, mais sans fixer de condition sanitaire, ni de chiffre maximal de contaminations comme il l'avait fait à l'automne (5.000). Ce qui a été confirmé par Gabriel Attal, porte parole du gouvernement à la sortie du Conseil de défense et du conseil des Ministres hier.
Il est donc toujours prévu que «les restrictions de déplacement et donc les déplacements régionaux soient levés au 3 mai». Une autre date a été avancée par l'exécutif : la mi-mai pour la réouverture des terrasses, aux alentours du pont de l'Ascension. Les professionnels du secteur insistent pour pouvoir à nouveau accueillir les clients avant ce week-end prolongé, mais se méfient d’un nouveau report. Mais le mal est fait, beaucoup d’établissements ayant définitivement fermés sans parler des 10 000 emplois qui ont des difficultés à trouver preneur, car beaucoup de cuisiniers sont passés à autre chose par exemple. En plus des terrasses, les lieux de culture comme les musées et peut-être les cinémas pourraient rouvrir à cette date. Enfin, les Français pourraient gagner une à plusieurs heures de liberté en début de soirée, mais la modification de la mesure reste un sujet de discussion entre les membres du gouvernement, au sein duquel plusieurs sons de cloche s'opposent. Certains préfèrent se montrer prudents et ne souhaitent retarder que d'une heure l'interdiction de sortie, quand d'autres, favorables au retour de la vie sociale nocturne, plaident pour un début de couvre-feu fixé à 23h. Si l'heure est susceptible de changer, les modalités et les interdictions induites par le couvre-feu ont en revanche peu de chance d'évoluer. Les nouvelles règles du couvre-feu devraient être exposées lors du discours, très attendu, d'Emmanuel Macron prévu entre fin avril et la première semaine de mai.
Mais le corps médical a appelé à la prudence face à un déconfinement gradué si ce n’est territorialisé, car beaucoup de signes ou de déclarations contradictoires permettent d’espérer ou de déchanter. L'épidémie de Covid-19 semble amorcer une pente descendante en France, avec une baisse des contaminations, mais bien trop fragile encore pour relâcher rapidement les mesures de restrictions. Le meilleur exemple est notre département où le taux d'incidence baisse, passant de 540 à 472 cas pour 100 000 habitants alors que les hospitalisations augmentent légèrement : Au 18 avril 2021, 1 259 personnes étaient hospitalisées pour cause de Covid, contre 1 222 le 11, une semaine avant. Quant au nombre de personnes en réanimation, il était de 273, contre 266 une semaine précédente
«Nous amorçons une décroissance de l'épidémie de coronavirus, qui a emporté plus de 100.000 personnes depuis un an. On était monté à 40.000, on est aujourd'hui aux alentours de 33.000 cas chaque jour en moyenne». Le taux de reproduction (R0) du virus, indicateur-clé correspondant au nombre de personnes infectées pour un seul malade «est passé sous les 0,9» constatait l'épidémiologiste Antoine Flahaut en ajoutant : «On voit clairement une baisse notable dans un grand nombre de régions : C'est le cas surtout en Ile de France Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine».
Mais le bout du «plateau élevé» sur lequel le pays est perché depuis des semaines n'est pas si proche: «la descente n’est pas encore suffisamment rapide» avertit Olivier Véran ministre de la santé, parlant d'une situation fragile et en appelant «les Français à continuer leurs efforts afin que les nouvelles restrictions décidées à la mi-mars continuent de porter leurs fruits. La tension sur le système de santé ne faiblit pas: la France comptait 31.214 patients hospitalisés, dont presque 6.000 en soins intensifs - chiffre très surveillé par les autorités sanitaires qui veulent éviter un engorgement des hôpitaux Le niveau est inférieur au pic de la première vague en avril 2020 (7.000), mais supérieur à celui de la deuxième.
Les contaminations, même en décrue, sont à un niveau trop élevé pour freiner la circulation du virus, affirment des experts. «Ce serait trop prématuré d'ouvrir le pays aujourd'hui. la France est sur la bonne pente et doit tout faire pour conserver ce cap» averti le Pr Flahaut pour lequel il faudrait prolonger de trois semaines le régime actuel de semi-confinement : «En relâchant les mesures trop tôt, le risque c’est que la descente ralentisse ou même s’interrompe et que tous ces efforts aient été faits inutilement» prévient il. «Nous pourrons envisager ensuite un certain nombre d'allégements des mesures à partir de la mi-mai» a déclaré dit Olivier Véran se disant «ouvert à l'idée d'une approche territoire par territoire dans la levée des mesures de freinage».