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auschwitz

  • INTERVIEW DE MONIQUE ABECCASIS PRESIDENT DE LA LICRA VANVES SUR LES RENCONTRES DE LA MEMOIRE

    Le 27 Janvier, journée dédiée aux victimes des camps,  marque toujours le début de  l’action annuelle de la LICRA Vanves dénommée « journées de la Mémoire » dans des établissements scolaires du seconde degré, dont le collège Saint Exupery, depuis plus de 20 ans. La première rencontre de la Mémoire  s’est déroulée hier après midi et la seconde le 10 Février prochain, avec toujours des survivants, comme M WAschmann hier, Mme Seneau mercredi prochain. Rencontre avec Monique Abecassis, présidente de la LICRA Vanves     

    Vanves Au Quotidien- Qu’est-ce qui vous a conduit a lancé ces Rencontres de la Mémoire depuis maintenant 20 ans ?

    Monique Abecassis : « Deux événements : Tout d’abord,  comme je  faisais parti de la section de La Licra à Vanves, on est venu me chercher avait pour préparer le 50éme anniversaire de la libération des camps, avec Etienne Racsymov qui avait toujours en téte d’édifier  cette stéle en hommage aux victimes vanvéennes  de la barbarie nazi, ce qui m’a permis de me plonger dans dans de nombreux livres qu’il m’avait prêté pour en savoir plus. Ensuite, un souvenir très lointain de ma jeunesse qui remonte à mes 8 ans : Des gendarmes étaient venus à la maison, car ils étaient à la recherche de deux jeunes cousins déclarés  déserteurs (parce qu’ils ne s’étaient pas présentés pour effectuer leur service militaire).  Et pour cause. Mon père leur a expliqué qu’ils avaient péri dans un camp nazi à l’âge de 8 et 10 ans. Ce souvenir m’a poursuivi longtemps. Et si j’avais accepté d’organiser cet anniversaire, c’était aussi un peu en leur mémoire : « Ils ne sont pas mort, on va parler d’eux ! »

    A la même époque, le couple Farnoux avec leur association Mémoires des Déportés et Résistants d’Europe,  avait gagné un concours vidéo organisé par la LICRA. J’ai contacté Monique Guérin qui était la secrétaire générale de leur association et  m’a permis de me procurer ce film qui est d’une valeur pédagogique extraordinaire et que je projette à chaque rencontre. Et j’ai commencé avec eux comme témoin, au collège Saint Exupery grâce au professeur de Français Daniel Furio qui en a parlé à ses collégues et surtout Mme Seguin, professeur d’histoire et dans quelques lycées parisiens  avec Mme Broder, rescapée d’Auschwitz qui avait une pêche extraordinaire, puis Nicolas Roth, M.Waschmann, Mme Senau…qui ont été arrêtés et déportés à l’âge de 15/16. A l’époque, c’étaient des enfants

    VAQ- Comment se déroule ces séances ?

    M.A. : « Je présente la LICRA, en m’apercevant que ces collégiens ne savent pas trop ce que veut dire l’antisémitisme, ses objectifs et son action, ce que l’on attend de ces séances. Il ne s’agit de transmettre  l’horreur des camps nazis, mais de les faire réfléchir, leur expliquer les réalités de ces années là et tirer les leçons du passé e leur donnant des éléments de culture, et de réflexion pour que ces événements ne se reproduisent plus jamais. Le film est projeté, le témoin parle et raconte le début des persécussions, en n’ayant pas le droit d’aller dans les squares, obligé de prendre la dernière rame du métro, les dénonciations, son voyage dans les wagons à bestiaux, parle de leur famille dont ils ont été séparés, tuée dans les chambre à gaz… avec les humiliations, les coups, les baraquements infestés de poux, les copains qui disparaissent et leur disent « tu raconteras, toi qui va vivre, je t’en supplie ! Ils racontent tout cela face à des jeunes  toujours très silencieux, très attentifs, souvent très réceptifs lors de la projection du film, avec quelquefois des larmes, anéantis par de qu’ils ont vus et entendus.

    VAQ - Pourtant lorsqu’ils sont revenus des camps, personne ne voulaient entendre leur témoignage comme ils le font maintenant devant ses jeunes ? 

    M.A. : « Exactement ! Yonne Brodére le racontait. Quand elle est arrivé dans un état lamentable, en ayant traversé des milliers de kilométres à l’hôtel au Lutétia, lorsqu'elle s’est mis à en parler avec des amis de son père,  elle s’est fait rire au nez. Et beaucoup, comme elle, se sont murés dans leur silence, ne voulant plus en parler pendant des années  Et lorsqu’elle s’est remise à en parler, c’est quand elle a entendu les discours des négationnistes en se  disant que ce n’était pas possible de laisser faire, le devoir de chacun étant de s’élever contre ces assertions. Ce que nous voulons montrer aux jeunes, c’est jusqu’où peut conduire les fanatismes, le racisme, l’antisémitisme, le mépris des autres, de la vie humaine. Mais aussi faire comprendre où peut conduire l’indifférence et la passivité de ceux qui regardent et laissent faire sans réagir. Je me rappelle cet échange entre M.Waschman et un jeune collégien d’origine maghrébine. Il lui a raconté comme il avait été arrêté et qu’on lui avait demandé de baisser sa culotte. « Et là ils ont vu que j’étais juif ! ». Alors ce jeune élève lui demande  « Mais enfin, je ne comprends pas pourquoi on a vu que vous étiez juif ! » - « Mais parce que je suis circoncis ! » lui a-t-il répondu devant ce jeune tout étonné  alors que j’explique que «Les mulsumans et les juifs sont circoncis ! » Et ce jeune a cette phrase admirable : « Cela veut dire que l’on est des frères ! ».  Et là je me suis que celui-là a compris quelque chose !

    VAQ – Pourtant  beaucoup sont tentés de dire que ces camps n’ont pas existé ?

    M.A. : « Justement, on en parle ! Ce sont les ravages d’internet. L’une des actions de la LICRA est justement de faire échec à ce qui nie l’existence historique du génocide. C’est encore le cas de l’Iran, qui organise en Juin prochain, un concours de dessin niant l’existence de cette tentative d’extermination. Ils s’entêtent à nier !  Je dis toujours, contrairement à ce que les nazis avaient prévus, effacer toute trace de ce crime  et personne n’en saura rien – Himmler ne déclarait il pas « la soluton finale de la question juive est une page d’histoire qu n’a jamais été écrite et qui ne le sera jamais » - et aux discours négationniste et révisionniste qui sévissent, les survivants des camps doivent témoigner. Et là, personne ne met en doute ce qu’ils racontent parce qu’ils sont tellement bouleversés par leur récit, parce qu’ils ne sont pas encore sortis des camps  parce que quand tu as vécu une histoire pareil, tu gardes cela toute ta vie.

    VAQ – Ne terminez-vous pas par une note d’espoir tout de même ?

    M.A. : « En parlant des « justes ». Il faut absolument en parler, et j’y tiens, parce qu’il faut les citer en exemple. Ce n’étaient pas des héros, des gens extraordinaires, mais tout à fait ordinaire qui ont sauvés beaucoup d’enfants. Et j’ai participé le lendemain de la cérémonie devant la stéle de Vanves à la soirée d’hommage aux Justes parisiens (Il y en a 354 sur 3900 en France et 27 000 dans le monde) organisé par la Mairie de Paris à l’occasion de l’adhésion de notre capitale au réseau ville et village des Justes de France crée par le Comité Français pour le Yad Vashem. Ainsi l’histoire et  la mémoire de ces hommes et de ses femmes, que rien ne disposaient à l’héroisme, fait désormais partie de l’histoire chaque commune de France. J’aurais aimé de Vanves adhère à ce réseau avec le vice présiddent de Yad Vashem, Pierre Osowiechi qui est venu à l’AG de la LICRA Vanves, avec Philippe  Maillard qui a témoigné sur sa grand mére Yvonne fait juste des nations après avoir recuellie 5 enfants juifs jusqu’à la libération, alors qu’elle était veuve avec 3 enfants, aidé par le curé du coin. . .

  • LE SOUCI DE LA LICRA DE VANVES, D‘INSTRUIRE POUR NE PAS OUBLIER, DEVANT CETTE FLAMBLEE D’ACTES ANTISEMITES ET RACISTES

     Cette 30éme assemblée Générale de la LICRA Vanves lundi dernier a rassemblé plus de 50 vanvéens et l’ensemble de l’échiquier politique locale avec Bernard Gaudcheau (UDI) qui a dû se rendre sur le Plateau à la suite d’un incendie, Isabelle Debré sénateur (UMP) et Guy Janvier (PS). Monique Abécassis, sa présidente, avait invité Pierre Osowiechi Vice Président du Comité Français pour le Yad Vashem, qui a présenté l’exposition « Désobéir pour sauver » réalisée par l’ONAC (Office National des Anciens Combattants et Victimes de guerre). Un hommage aux 54 policiers et gendarmes élevés au rang de « Justes parmi les Nations » en 2009. « Elle met en lumière les valeurs humaines et citoyennes de ces hommes qui désobéirent au régime de Vichy, encouragés par la seule voix de leur conscience » a-t-il expliqué en citant quelques uns d’entre eux avant que les participants découvrent cette exposition dans la salle Henri Darien de l’hôtel de ville. Elle était un prolongement au témoignage l’année dernière de Philippe Maillard, petit fils d’Yvonne Maillard,  élevée à titre posthume, en 2007, au rang de « Juste parmi les Nations » et de Pierre Osowiéchi vice président du Comité Français pour le Yad Vashem, lui-même sauvé par des Justes. « A Vanves nous nous devions de célébrer cette France qui s’est élevée contre la barbarie nazie et la transmettre en exemple au monde d’aujourd’hui ».

    Cette assemblée générale est l’occasion, pour Monique Abécassis, de donner « une vision de l’évolution du racisme et de l’antisémitisme dans notre pays »chaque année. » Force est de constater qu’une flambée  des actes antisémites s’est produite  pendant certaines manifestations de 2014. Ces actes ne sont pas seulement  plus nombreux, ils sont aussi plus violents.  Selon le  Ministère  de l’intérieur les chiffres de tels actes pour la période de Janvier à juillet de cette année auraient augmenté de 91% : 527 actes et menaces ont été enregistrés contre 276 en  2013. Derrière ses 527 actes et menaces antisémites, il y a des noms, des visages, des histoires, des humiliations et des souffrances » a-t-elle insisté. Elle a relevé deux pics importants : Le premier en janvier après l’affaire Dieudonné qui a été condamné devant la cour d’appel de Paris et lors de la manifestation « jours de colère » organisée par une coalition de mouvements opposés au gouvernement, le 26 janvier à Paris. « Des slogans racistes violemment antisémites et homophobes avaient étés scandés. En même temps les réseaux sociaux étaient inondés de messages déposés en flux continu d’une extrême violence et particulièrement haineux ».

     

    INQUIETUDES ET ESPOIRS

    Le second  a été relevé le 13 juillet  lors de la manifestation de soutien  au peuple palestinien. « Des fanatiques surexcités se sont retrouvés près de certains lieux de cultes parisiens pour « casser du juif ». Ce n’est  hélas pas la première fois que le conflit israélo palestinien est exploité et détourné sur notre territoire par ceux qui distillent la haine depuis trop longtemps déjà. Chacun dans notre pays est libre d’avoir la lecture qu’il souhaite des événements qui endeuillent le Proche Orient. Chacun est libre de manifester son soutien à l’un ou l’autre camp, mais nul n’a le droit de hurler des slogans racistes, d’attiser la haine, de mener des expéditions punitives dans des lieux de culte ou de vandaliser des commerces comme ce fut le cas à Sarcelles ». Elle a fait part de ses inquiétudes  de voir « la société,  prise en tenaille entre les islamistes radicaux et la montée d’une extrême droite,  héritière de Vichy. Les crispations identitaires de chacun ont tendance à se nourrir entre elles et se rejoindre dans une haine commune de la démocratie et des juifs. La banalisation du FN accroît sa capacité de nuisance, mais le climat raciste n’est pas réductible à ce parti. Il est diffus, se trouve partout dans la société française et même dans certains groupes de gauche ».

    Elle n’en a pas moins relevé quelques éléments d’espoirs comme ce rassemblement républicain le 28 Septembre qui a réuni près de 2000 personnes en hommage à la mémoire d’Hervé Gourdel, guide de montagne, assassiné sauvagement par des islamistes en Algérie. « Les associations SOS Racisme, la LICRA, l’UEJF et le MRAP ont dit non aux stratégies de division des djihadistes et aux amalgames dont risquent d’être victimes à coup sûr les musulmans de France ». Le mouvement « Not In My Name », à travers lequel, de nombreux musulmans dans le monde ont manifesté leur indignation. Un  plan  d’action en faveur d’une intégration entière des harkis et de leurs familles à la communauté Nationale, présenté par le Premier Ministre à l’occasion de la juornée nationale d’hommage , dont l’une des 10 mesures vise à accorder une pleine reconnaissance aux anciens supplétifs de l’armée française en Algérie,  et une autre doit se traduire, à titre de réparation,  par des dispositions financières et sociales.

    RENCONTRES DE LA MEMOIRE

    La section LICRA de Vanves a apportée sa contribution comme l’a démontré sa présidente en revenant sur les temps forts de l’année précédente dont « les rencontres de la mémoire » en partenariat avec l’Education Nationale sont l’action la plus emblématique :  « Elles rassemblent les anciennes générations rescapées de la barbarie nazie et notre jeunesse dans les établissements scolaires, permettent d’éveiller les jeunes consciences aux valeurs emblématiques de notre pays : Promouvoir la valeur suprême de la dignité de l’être humain, promouvoir les valeurs de tolérance  de respect et de fraternité, rappeler que la connaissance et la raison triompheront toujours de l’ignorance, des fanatismes et de l’obscurantisme ».  5 classes de 3éme du collège Saint Exupéry et leurs professeurs d’Histoire ont accueilli ente le 29 Janvier et 7 février 2013 pendant deux après midi, Nicolas Roth, ancien déporté hongrois interné à Auschwitz. Après une plongée dans l’Histoire avec le documentaire « Hitler 1923- 1945 », « ce témoin a raconté son histoire devant des élèves attentifs et désireux d’en savoir toujours plus. Tortures, privations, humiliations, asservissement des corps et des âmes…Les 2 heures consacrées à ces moments qui resteront uniques dans la vie de ces collégiens suffisent rarement à étancher leur besoin de savoir. Si la transmission de l’histoire de la Shoah ne peut à elle seule faire reculer le racisme, et l’antisémitisme, elle peut y contribuer de manière importante en sensibilisant notamment les jeunes « aux conséquences ». Le souvenir de cette tragédie devra rester pour eux un avertissement constant ».

    DEVOIR D’INSTRUIRE

    « Cette action que vous menez dans les écoles et les collèges sont très important à entretenir » a déclaré Guy Janvier (PS) en témoignant comme Isabelle Debré de l’émotion qui les a saisie lors de la visite de Yad Vashem. « Il y a des justes qui ont pris des risques. Il faut continuer à travailler afin de ne pas oublier » a-t-il conclut. « Si on doit pardonner, on ne doit pas oublier » a déclaré de son côté Isabelle Debré (UMP)  en rappelant le titre d’un livre, « Pardonne mais n’oublie pas » d’une vanvéene rescapé de l’enfer qui vivait dans l’une des maisons de retraite de Vanves et  dessinait les visages de ses camps. « Simone Veil ne parle plus de devoir de mémoire mais de devoir d’instruire ». Ce que fait la LICRA de Vanves.