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RETOUR SUR LE PASSE DE VANVES : L’ELECTION MUNICIPALE DU 18 JUIN 1995 S’EST JOUEE A 2 VOIX

Cette semaine est bien particulière pour Vanves qui ne célébre pas, et pour cause l’anniversaire d’une élection qui s’est jouée à 2 voix un certain 18 Juin 1995. Le Blog de Vanves Au Quotidien a rencontré trois des protagonistes de cette élection historique dans les annales des Municipales qui vont s’exprimer au cours de cette semaine.  Après Didier Morin maire RPR de 1990 à 1995, Guy Janvier (PS)  qui lui a succédé de 1995 à 2001 

Guy Janvier : « c’était une magnifique victoire, inattendue pour beaucoup, espéré pour ce qui concerne ! » 

Vanves Au Quotidien - Quel regard portez-vous 20 ans après  sur cette soirée électorale du 18 Juin 1995 ?

Guy Janvier : « Belle soirée ! Je la résume de la façon suivante !  C’était un vers de René Char : « J’ai posé de tout mon désir sur ta beauté matinale » que j’avais cité devant la salle de l’hôtel de vile qui était pleine à craquer, un 18 Juin 1995. Pour cette ville qui avait toujours été à droite, gaulliste, c’était dur.  Et pour nous, c’était une magnifique victoire, inattendue pour beaucoup, espéré pour ce qui concerne. Pierre Bousquet qui était proviseur du lycée Michelet à l’époque et qui sera mon 1er  adjoint avait versé une larme, ma femme et mes enfants m’entouraient. Cela a été un de mes plus beaux jours de ma vie

VAQ – Vous souvenez-vous d’un événement particulier, d’une impression ?

G.J. : « Nous avions les résultats grâce à François Bordes qui était un spécialiste du comptage électoral. On savait que l’on avait gagné de 2 voix : 4750 voix pour nous, 4748 voix pour le maire sortant. Et le maire ne donnait pas les résultats. Il manquait au tableau, un bureau de vote. J’ai demandé où il était. Il était à côté dans un bureau où il parlait au téléphone avec le préfet. Je lui ai demandé » « Qu’est-ce que vous attendez ? » - « Je suis avec le préfet ! » m’a t-il dit – « Passez-le moi ». Et le préfet m’a félicité. On a vite clot la conversation. Le maire a donné les résultats dans la salle. C’était effectivement très chaud !

VAQ - Est-il vrai que vous ne vous attendiez pas  à ce résultat ?  

G.J. : « Je pensais que j’allais gagner de peu ! J’en étais persuadé. Etienne Raczymov qui a été sur la liste, m’avait dit : « tu as de la chance ! ». Il me disait « t’es un mec ! ». Je croyais que c’était jouable.

VAQ – N ’aviez-vous pas constitué une équipe qui n’était pas aussi solide que si vous étiez vraiment sûr de l’emporter ?

G.J. : «  Il a fallu agréger 3 listes de gauche, la mienne d’ossature socialiste, Raymond Deniau de l’autre qui avait fait entre 9 et 10%, et un dissident Dominique Poly qui avait fait 3 à 4%, pour gagner puisqu’il avait manqué à la droite,  17 voix pour passer au 1er tour. On a eu de bons reports

VAQ – Qu’est-ce qui vous restent comme souvenirs de ce premier jour, de cette séance d’installation ?

G.J. : « C’était archi plein. Ma crainte a été la sécurité, car j’ai voulu que tous les gens puissent entrer.  Il faisait très beau dehors.

VAQ – Et des premiers mois ? 

G.J. : « C’était compliqué de prendre le costume de maire. On débarquait dans une ville qui avait une situation financière épouvantable. Didier Morin avait fait un budget 1995 qui était faux et insincére, en surélevant les recettes et en sous estimant les dépenses. Pendant la première partie du mandat, il a fallu remettre les finances d’aplomb, y voir clair. Dés le début j’ai voulu faire de la démocratie participative, que l’ensemble des vanvéens puissent participer aux affaires municipales en m’inspirant du  programme ADELS (Association pour le Développement pour la Démocratie Locale). On ne pouvait pas arriver en disant « vous allez voir ce que vous allez voir » mais en essayant de faire participer le maximum de gens, et de les associer à notre victoire : 1500 à 2000 vanvéens se  sont inscrits dans des commissions extra municipales, avec 15 à 20 personnes dans chacune d’entre elles  qui planchaient sur de nombreux thémes et notamment sur les délégations des maires adjoints avec eux. Cela a marché avec les adjoints qui croyaient en cela, comme Benédicte Goussault, moins bien avec ceux qui n‘y croyaient pas comme Raymond Deniau sur les travaux, Marléne Biton sur la culture

VAQ – Pourquoi avoir critiqué sévérement la restauration scolaire à l’époque ?

G.J. : « En faisant l’analyse des dossiers, il y avait eu le renouvellement, très peu de jours avant l’élection, du contrat passé entre la ville et Avenance, ce qui m’avait paru un peu bizarre. On a réussi à re-négocié très durement ce contrat car nous avons eu le sentiment de s’être fait piégé avec un renouvellement pour 15 ans. Et j’avais dit à ses responsables que je n’avais pas l’intention d’être la vache à lait d’un groupe privé.

VAQ – Pourquoi avoir vendu aux enchéres la voiture ?

G.J. : « Vanves est une petite ville dont on fait le tour à vélo en une demi-heure. Mon prédécesseur avait une R 25 inté rieur cuir qui devait valoir cher. Je l’ai mis aux enchéres sur une idée de mon directeur de cabinet. Ce qui a fait un peu de bruit. Elle a été bien vendue. 

VAQ - Quel regard portez-vous sur ce mandat de 1995-2001 ?

G.J. : « Si c’était à refaire, je referais la même chose ! Je reste persuadé que l’idée de la démocratie participative est fondamentale. Et on le voit avec les mouvements citoyens en Espagne avec Podemos, en Italie et d’autres endroits comme la Gréce. Même si je considère que ce n’est pas une question d’extrême gauche. En 1995, on n’avait pas 3 millions de chômeurs. Aujourd’hui, on se trouve confronté à des problèmes considérables. Et les réponses des politiques, Les Républicains ou le Parti Socialiste, ne sont pas à la hauteur. Il faut réhabiliter la participation citoyenne. On attend trop de l’Etat, des collectivités locales. C’est mon idée de SEL (Service d’Echange Local) qui consiste à dire que tout être, quel qu’il soit, a des compétences qui peuvent être mis au service de la collectivité. Les problèmes sont tellement complexes qu’on ne pourra les résoudre que si la très grande majorité des citoyens estime qu’ils sont quelque part responsable de ce qui se passe. Ce qui vaut pour le Climat avec la COP 21. Il faut responsabiliser les gens car chacun est responsable quelque part de l ’intérêt général. J’avais travaillé au ministère sur cdes idées, sur la façon d’utiliser la dépense publique, en créant des outils d’évaluation. 

VAQ-  Les erreurs ?

G.J. : « Le tort que j’ai eu,  est de ne pas avoir renvoyer Raymond Deniau lorsque j’ai été confirmé dans ma fonction après la décision du Conseil d’Etat à la fin 1996. Mais je n’ai jamais tenu compte de cela dans les décisions que j’ai prise, André Santini ayant dit que « j’étais un maire par intérim », et Charles Psqua ayant coupé tous les subventions à Vanves pendant les 6 ans de mon mandat. Mais je n’ai pas renvoyé Raymond Deniau parce que les communistes tenaient à ce qu’il reste

VAQ – N’a t-il pas plombé, et le mandat, et la campagne de 2001 ?

G.J. : « J’aurais du m’en, séparer. C’est la grosse erreur que j’ai faîte. Mais d’un autre côté, je n’ai jamais été un professionnel de la politique, je n’ai jamais vécu de la politique. Je crois que c’est un enseignement important : il ne faut pas professionnaliser la politique.  Mon regret est que la politique est devenu une profession, ce qui va à l’inverse de que je dis et je crois  la politique doit être une question citoyenne

VAQ- 20 ans après, comment Vanves a évolué ?

G.J. : « En 13 ans, je constate malheureusement que sur le Plateau de Vanves, rien n’a été fait ! Et c’est dommageable. Ses habitants me disent « c’est un quartier dégradé, ce n’est plus ce que c’était ! ». Mais je n’enfonce pas le clou car B.Gazuducheau a fait des choses tout à fait intéressantes. Il essaie d’animer la place de la République mais il n’y a pas vraiment d’activités. Je regrette que le projet que j’avais d’installer un équipement public sur la place de la République, n’ait pas été retenu. Le conservatoire qui va être inauguré, aurait pu être fait dans le bas de Vanves, ce qui aurait créé de l’activité autour de cette place de la République, et du passage. Il est dans une rue à côté de la mairie. Ce sont les deux reproches que je lui fait,  néanmoins en reconnaissant que Cabourg est une belle réalisation, car on l’a forcé à ne pas construire une tour de 12 à 15 étages avec une école en rez-de chaussée. Il  a joué la carte GPSO grâce à laquelle la ville dispose de moyens financiers, mais  je trouve un peu étonnant l’idée de ne faire qu’une seule commune des 8 villes  de GPSO…pour défendre l’intérêt de ses villes plutôt privilégiées et riches ( ?).  Je désespére de voir la métropole disparaitre alors que c’était un projet intéressant. On voit que l’intérêt général n’est pas clairement défini. Et tous les cas cela me donne envie de continuer à faire de la politique et à me battre. Ce n’est pas  parce que  je n’ai plus de mandat aujourd’hui que je ne vais pas contuinuer à faire des choses.   

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