A l’occasion de la fête de la musique, Vanves inaugure son nouveau conservatoire de musique baptisé l’Ode à 18H Ce soir. Il s’étend sur une surface de 2 296 m2 avec de nombreux espaces de formation musicale et instrumental, mais aussi de théâtre et de danse, d’une bibliothèque, de bureaux et d’un auditorium de 221 places. GPSO qui est le maître d’œuvre a confié sa réalisation voilà 5 ans au cabinet d’architecte 3Babin-Renaud qui a rempli un double pari : l’intégrer dans son environnement urbain et l’inscrire dans une démarche de développement durable. Comme l’a expliqué, Eric Babin, l’un des architectes
Ainsi, ce conservatoire s’intègre dans une zone pavillonnaire composée de petits immeubles, de maisons individuelles, de toute hauteur, dans une rue ancienne et étroite en façade Sud-Est (rue Solférino) et une bande de villas urbaines en façade Nord-Ouest directement en face du projet. « Ce qui était une première difficulté ! Comment cohabiter de façon harmonieuse avec ses maisons et ne pas créer de ressentiment vis-à-vis d’habitants qui sont là depuis longtemps. Nous avons conçu un programme assez ambitieux et important dans ce site qui nous amène à monter à R+3 avec des hauteurs d’étages assez importantes. La seconde était d’exprimer le statut d’équipement public le long de cette rue un peu étroite. Notre parti pris a été de reculer le bâtiment au maximum, de façon à créer un parvis. Avec un bâtiment extrêmement compacte de façon à créer à la fois, ce retrait de la rue et de monter le moins possible devant les maisons de l’autre côté. Ainsi, nous avons développé une partie des équipements de ce conservatoire en dessous du niveau du sol, avec deux patios à l’atmosphère sereine, une autre partie sous le parvis, et une troisième, au dessus de l’auditorium avec la salle de danse et sa terrasse tournée vers Paris. Sur le parvis, on a créé un écran blanc qui marque la rue, sur lequel on peut projeter des images, et créer une profondeur, c'est-à-dire un espace scénique pour être utilisés dans le cadre de manifestations culturelles » décrit Eric Babin, architecte.
L’incidence de l’acoustique
Les particularités de ce bâtiment portent tout d’abord sur l’enveloppe ultra performante notamment pour des questions de maîtrise du bruit, d’acoustique, afin, non seulement de ne pas recevoir des bruits de l’extérieur, mais aussi ne pas en émettre, et de ne pas avoir de bruits entre les éléments entre eux. « Ce qui nous a conduit à construire une enveloppe extrêmement épaisse puisque chaque espace dédié à la musique a été conçu à partir du principe de « la boîte dans la boîte ». Vous avez les murs et les plafonds et à l’intérieur de cela, à nouveau une autre boîte qui correspond aux six côtés de chaque espace, soit horizontaux, soit le plafond, soit les parois qui sont dédoublés à l’intérieur du volume, ce qui les isole les uns des autres, y compris de l’extérieur. Selon les usages et les performances qui ne sont pas tout à fait les mêmes, selon que l’on fait du théâtre, du violon, du chant, cela conduit à avoir des logiques d’affaiblissement acoustique tant avec l’extérieur pour protéger le voisinage, que pour un confort à l’intérieur des espaces, avec des parois ultra épaisse, des doubles fenêtrages…. » indique t-il. Ainsi l’acoustique a eu une incidence sur l’aménagement de ce bâtiment : Les salles de musiques actuelles (qui ont un volume sonore important) sont aménagées sous le parvis, autant pour bénéficier d’une bonne protection acoustique que d’une proximité la plus éloigné des habitations voisins. « Chaque espace qui est différent d’une salle d’école, a une fonctionnalité très particulière qui est liée aux nombres de gens qui s’y trouvent, à l’activité qui s’y déroule…avec une identité particulière (danse, musique actuelle, ensemble, théâtre ;..) . A chaque fois c’est une manière différente de pratiquer les choses, avec des surfaces différentes, des problèmes acoustiques différents : Ainsi les ateliers de théâtre ont un système de claustra qui les protége, les petits espaces de musique ont des parois en biais qui permet de régler les problèmes de réverbérations et de conserver un petit format particulier… » explique t-il
Un assemblage d’éléments différents
Ce conservatoire comprend un auditorium relativement grand et modulable pour répondre aux différentes activités qui peuvent s’y dérouler, musique symphonique, danse, théâtre… avec une jauge variant de 198 à 221 spectateurs selon qu’il y ait ou non une fosse d’orchestre. Ainsi les architectes ont été conduit à prévoir des choses assez différentes en terme d’usages : « Avec le théâtre, on n’a pas besoin de fosse d’orchestre mais que le public soit le plus prés de la scéne. Pour l’opéra, une zone de siéges démontables permet de disposer d’une fosse d’orchestre. Les dispositifs acoustiques sont aussi ajustables en fonction des usages dont les objectifs sont parfois contradictoires, notamment en cas d’auditorium polyvalent, comme c’est le cas. Nous avons prévus au plafond un système de parois qui sont suspendus grâce à des treuils, composées de tiges suspendues au plafond qui permettent de modifier sa forme de façon à recréer soit une forme de conque (plafond un peu rabattu sur l’arrière de la salle) qui convient à l’activité de philarmonique car le son doit être répercuté vers le public, soit remonté complètement à l’horizontal pour être orienté de différentes façons en fonction du spectacle, ballet, opéra, théâtre où le son doit monter ou être absorbé… ». Cet auditorium est au coeur de ce conservatoire et participe de la vie générale du bâtiment en permettant à chacun de ses utilisateurs à se repérer, autre souci des architectes. « Nous avons crée un hall qui se prolonge jusqu ’à l’auditorium d’une façon très généreuse, entièrement ouverte sur une grande baie vitrée et acoustique puisqu’elle peut être occultée par une grande paroi coulissante en chêne, l’administration est un peu à l’écart au dernier étage, la salle de danse bénéficie d’une énorme terrasse magnifique vers Paris, au dessus de l’auditorium.
« Ce conservatoire est un assemblage d’éléments qui sont tous différents. Le challenge est de retrouver tout cela dans un ensemble qui est unitaire et évoque l’équipement public dans sa sobriété, sa dignité. Il ne s’agit pas aussi de montrer tout ce qui se passe à l’intérieur, un peu comme dans l’architecture classique » indique Eric Babin qui insiste sur les éléments mis en place en matière d’économies d’énergies. « Ce projet de conservatoire permet d’atteindre une valeur de consommation 15% en deçà du référentiel BBC (bâtiment basse consommation) en vigueur au moment de sa conception grâce à plusieurs éléments : Une isolation renforcée comprise entre 18 et 33 cm selon les locaux conduisant à des complexes de parois en façade d'une épaisseur de 63cm, un double châssis avec lame d'air ventilée selon les locaux, un pompe à chaleur / refroidissement pour l'auditorium, un système d’air hygiénique double flux avec récupération sur air extrait de la CTA, une utilisation des eaux pluviale pour les wc et l’arrosage des patios »