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entre deux gares

  • CORSI, UNE GRANDE ARTISTE DE VANVES NOUS A QUITTE POUR REJOINDRE SON AMOUR DE TOUJOURS

    Qui, parmi tous ceux qui ont connu et apprécié Corsi qui vient de nous quitter n’a pas sa petite anecdote, un souvenir précis. Comme ce jour où faisant mes courses à Franprix, je vois ce petit bout de femme se planter devant moi en s’exprimant « Mais vous êtes vivant ! ». Un homonyme vanvéen venait de décéder peu de temps auparavant. Ou ses reproches amicales lorsqu’on n’avait pu être présent au vernissage de l’une de ses expositions. Combien d’entre nous gardent des souvenirs de moments partagés avec elle et son époux qui étaient si attachants, comme Paul Guillaud qui les a beaucoup soutenus lors de la crise sanitaire et après, Françoise Saimpert, ex-maire adjointe…et tant d'autres

    Corsi est née à Paris entre la gare du nord et la gare de l'est, ses « cathédrales noires et blanches » qui ont été le théme de l’une de ses premières expositions : «Entre deux gares » en 1986 dans la salle d’exposition de Paris-Est. Elle a grandi dans une famille modeste, auprès «d'un père formidable qui, ayant quitté l'école de bonne heure, était très attaché à la culture sous toutes ses formes». Facteur, il était passionné d’art lyrique et de théâtre, et l’emmenait chaque dimanche au musée, dans les églises -  « on a dû toutes les faire ! » - et les opéras, car il était passionné par la culture qui était ce qu’il y avait de plus beau. « Il me disait toujours « que c’est beau ! » à défaut de pouvoir m’expliquer ». Corsi a dessiné ainsi dès son plus jeune âge, passionnée par la bande dessinée américaine dont elle a été privée lors de l'occupation nazie.

    Elle a partagé ses activités artistiques entre l’Ile d’Yeu qu’elle a découvert en 1956  - où  « les lumières fascinent », car elle lui rappelait la corse d’où sa famille était originaire - et Vanves, où elle a occupée l’un des ateliers d’artistes du 13  de 12 m2 où elle a créé et trouvée la paix après être tombée amoureux de cette ville et de cette cité. Elle y a partagé 70 ans de vie commune avec son époux Jacques Brachet en expliquant que chacun vivait sa vie d’artiste de son côté, dans leur atelier respectif, et découvrait leurs œuvres comme les autres lorsqu’elles étaient terminées, se refusant à interférer sur le travail de l’autre.  « Chaque tableau est une petite anecdote picturale sévère puis plus acidulé maintenant » reconnaissait son époux alors qu’un de ses amis artistes expliquait qu’elle prenait toujours soin de donner un titre à ses tableaux qui révélait un grand humour.

    Elle a beaucoup exposé à Vanves : Ses « espaces de solitudes » sur les comédiens et le théâtre, le cirque après les bords de mer de l’île d’Yeu, et surtout le parc F.Pic auquel elle a consacré une exposition en 1990 après l’avoir peint et dessiné durant quatre saisons , « où ses couleurs se modifient et qui créent un véritable enchantement »: « J’ai découvert un îlot magique. J’y suis retourné, je l’ai travers, retraversé avant de commencer à faire des croquis, des gravures et de commencer à peindre des toiles» comme « Le manége », « les deux âges de la vie », « la promenade », « le temps des cerises ». D’ailleurs son existence a inspiré chacune de ses périodes artistiques : «ses gares », l'île d'Yeu, Vanves, l'Opéra, les comédiens, les coulisses de théâtre, le parc F.Pic,  le Japon, etc. Forte d'une création riche et continue, elle a exposée en galeries, mais aussi très souvent, dans des lieux non artistiques. Nombre de ses œuvres figurent aujourd'hui dans des collections particulières en France, au Japon qui lui a consacré de nombreuses expositions et acquit de nombreuses toiles, en Suisse, aux Etats-Unis. «Beauté éphémère des automnes, l'œil de Corsi en capte les reflets et les coulisses, les goûts et les parfums, écoute les vertiges du temps et de l'espace. Pinceau, couleurs et encre révèlent la solitude de l'homme et l'harmonie de l'univers, le spectacle infini des rêves ».

    Ses derniers temps, elle avait écrit, ou plutôt dessiner, un récit graphique dans un petit livre intitulé «la dernière plage » (Edt Edith Veuva)  où elle livrait, à travers ses petits instants de la vie de ses habitants, imaginés et vécus depuis la fenêtre de son petit atelier, un témoignage sur ce lieu qu’elle a apprécié…avec son époux depuis trois quart de siécle. «C’était une île magnifique, simple, familiale avec ses maisons blanches dont  le blanc des murs faisait éclater les couleurs, son  café des boulistes, la boutique à six fleurs où l’on vendait des vêtements inusables , «es galeries insulaires où vous trouviez de tout, à condition que le bateau soit arrivé ».

    Avec elle, on revenait toujours dans cette île à laquelle elle a consacré une exposition au musée de la Roche sur Yon : «Île d'Yeu, il y a... » en 2000. « Corsi dessine le vent dans les voiles et dans les chemises des marins ; elle dessine l'attente près du débarcadère, attente du prochain bateau ou attente du retour d'un âge révolu ; elle dessine le temps qui souffle doucement sur l'Île d'Yeu et qui décolore ses bleus en encre de seiche. Corsi dessine les contours de l'absence, elle peint l'horloge immobile et laisse tinter les couleurs qui passent » décrivait alors Amin Maalouf