Le Front de Gauche et les Verts auront été les seuls à organiser une réunion publique à Vanves durant cette campagne et cette dernière semaine de débats et de polémiques avant le 1er tour. Et on le sent bien : la tension monte, la question de savoir ce que feront les têtes listes qui arriveront en seconde, troisième… position se pose à gauche, comme ce fut le cas lundi soir lors de la réunion du Front de Gauche à l’école Max Fourestier.
Il suffit de lire la presse, d’écouter la radio, de regarder la TV : Les Verts sont malgré tout tenté de se maintenir, ses leaders franciliens insistant sur les vice-présidences car ils ne veulent plus être cantonnés au développement durable, mais prendre par exemple la délégation transports. Jean Paul Huchon réplique en faisant remarquer que l’environnement, les universités et la Recherche, la solidarité, et surtout l’aménagement du territoire (avec notamment la révision du SDRIF) confiés aux Verts n’étaient pas des délégations négligeables.
Du côté du Front de Gauche, ses leaders FG, PC, Alternatives Citoyennes sont partagés. Marie Georges Buffet a déclaré la semaine dernière : « quelle sera l’efficacité du grand chelem (de Martine Aubry) si on garde une gauche raplapla? les 22 futures régions de gauche regarderont-elles passer le TGV des réformes gouvernementales en ruminant immobiles comme des vaches au bord de la voie ferrée? ». Le Front de Gauche ne veut pas entendre parler d’alliance avec le Modem. Et JP Huchon devra trouver un terrain d’entente entre 20H dimanche et Mardi 17H. Ce qui fait gloser la droite, ses leaders se demandant comment il fera pour trouver un accord avec au moins 3 listes en si peu de temps.
METTRE LE PIED DANS LA PORTE !
« Qu’est ce qu’on fait au 2éme tour ? Qu’est-ce qui nous convaincra de voter pour le PS au 2éme tour ? » ont posées comme questions deux militantes parmi d’autres lors de la réunion organisé par le Front de Gauche lundi soir à l’école maternelle Max Fourestier. « On se désiste pour la liste de gauche la mieux placée. Et on attend la réciprocité. C’est un principe républicain. On est là pour battre la droite. Notre objectif est d’être la 1ére force de gauche. Et on aura besoin du PS » a expliqué Daniel Kossowski du Front de Gauche qui animait la réunion. « Le conseil régional sera très fortement à gauche avec 55% des voix, surtout le FN est éliminé. Le débat sera alors ouvert pour notre participation à l’exécutif » a-t-il ajouté. « L’expérience des 6 dernières années nous convaint d’y participer » a ajouté Lysiane Alézard, conseillére régionale PC sortante et élue d’Issy les Moulineaux- « C’est la position du PC. Est-ce que le Front de Gauche pense la même chose ? » a demandé un participant (qui n’a pas dû écouter le premier orateur). « Le débat est stratégique ! Comment piquer au PS, l’hégémonie sur la gauche ? Lorsque cela tape très fort, instinctivement les français se retournent vers le PS, parce qu’il est le plus fort. Et on doit participer à l’exécutif. Mais on fusionne sans contrat. Car on ne fera pas un contrat commun entre Dimanche et mardi. Et on gardera tout ce que l’on a dans nos programmes » a répondu Claire Villiers (Alternatives Citoyennes), Vice présidente sortante qui a expliqué : « Si on n’a pas la main pour une délégation, on reste à la marge. On a pu faire des choses avec cette délégation sur la Démocratie Régionale, en mettant le pied dans la porte, et faire levier ! »
La différence s’est fait entendre durant toute la soirée à travers les questions et les réponses. A propos de l’inégalité des salaires alors que c’était le jour internationale de la femme, Claire Villiers indique que « 80% de temps partiel, ce sont des femmes ! Et c’est Martine Aubry qui l’a autorisé ! ». Un jeune sur l’université : « Le PS est très floue sur la réforme ! Et on a Europe Ecologie pour l’autonomie des Universités ! ». Un autre sur le Grand Paris qui n’aura pas de réponse : « A-t-on un contre-projet au Front de Gauche ? ». Lyse Alezard s’est posé la question : « La gauche va gagner ! Mais quelle gauche ? Ses derniers jours, nous sommes confrontés à des crises, des colères ? Et nous devons les porter ! Il ne faut pas avoir un discours lisse sans hurler dans tous les coins de rue ! »
Le témoignage de Claire Villiers a particulièrement été édifiante : « L’expérience de ce mandat montre qu’il ne suffit pas d’une majorité de gauche pour que ce territoire soit libéré de la mondialisation, des jeux de lobbys, des rapports de force qui pèsent et percutent l’envie de mener des politiques solidaires. La détermination des camarades socialistes n’est pas suffisante pour faire aboutir des politiques transformatrices ». Et de raconter comment les socialistes leur ont expliqué qu’il n’était pas possible d’instaurer la gratuité des transports à l’ensemble des chômeurs à 100%, d’organiser 1000 débats dans la Région sur le SDRIF (Schéma Directeur de la Région Ile de France) et un référendum. « Et si on le perd m’ont-ils demandé ? Mais on l’a déjà perdu si on ne le fait pas ! » leur ai-je répondu ». C’était un soir de campagne à Vanves où les participants avaient affrontés cette froideur glaciale martienne pour parler régionales et surtout de la gauche.