L’Autorité Environnementale (AE) a rendu public le 9 Novembre dernier son avis sur le projet de Woodeum dans le cadre de l’appel à projet «Réinventons la Métropolode du Grand Paris », en lui demandant de le retravailler. Il vise à requalifier les espaces publics et à retisser des liens entre Paris et Vanves. Avec un programme de constructions qui prévoyait, au dessus du bd périphérique, un foyer pour jeunes travailleurs (apprentis) de R+7 avec 114 chambres (4 300 m²) et un bâtiment en R+4, dénommé le Mille-feuille sportif, qui regroupant différentes salles de sports (3 500 m²). Et à l’entrée de la ville de Vanves, une résidence étudiante en R+5 de 162 chambres (3875 m2) ? Avec une restructuration de l’espace public, qui prévoyait notamment de ré-aménager les cheminements piétons existants, de créer des traversées piétonnes et des pistes cyclables sécurisées, et de végétaliser le site.
Soumis à une évaluation environnementale, la Mission Régionale de l’AE (MRae) n’a pas manqué de constater que ce secteur présentait une qualité de l’air particulièrement dégradée ainsi qu’un environnement sonore très bruyant. «il est rare que des projets immobiliers en IDF soient implantés dans des secteurs autant pollués. Le site fait l’objet de risques de non-conformités de la qualité de l’air à l’échelle annuelle notamment pour ce qui concerne le diozyde d’azote et les PM10 » notait elle. Tout en remarquant d’ailleurs que le projet prévoit l’installation de jeunes actifs et étudiants dont certains peuvent être en situation précaire, dans un contexte environnemental de mauvaise qualité, ce qui est de nature à aggraver les inégalités environnementales de santé selon les catégories sociales des nouveaux résidents. «Si les aménagements des espaces publics qui accompagnent les projetsde couverture du boulevard périphérique apportent une plus value (en tissant notamment des continuités urbaines entre Paris et les communes limitrophes), habiter au dessus du périphérique fait en revanche débat puisque exposant de nouvelles populations à des niveaux élevés de pollution » indique t-elle tout en rappelant qu’il est de «la responsabilité des décideurs de mener une politique qui permette de répondre à la fois aux besoins urgents de se loger de nos concitoyens, et au droit à chacun de respirer un air non pollué »
Des mesures effectuées sur 3 périodes entre Septembre 2018 et Janvier 2019 pour le dioxyde d’azote et le benzéne, et en mars 2019 pour les particules fines ont mis en évidence des dépassements des valeurs limites annuelles, les concentrations de mesures étant fortes : Les PM10 et PM2,5 dépassent systématiquement les valeurs recommandées par l’OMS. Au niveau des façades de la résidence étudiante, les simulations montrent des dépassements de la valeur limite annuelle pour le dioxyde d’azote des rez-de-chaussée jusqu’à une hauteur de 12 m. Un dépassement général de l’objectif de qualité est observé pour les PM2.5. «Les usagers du projet seront ainsi exposés plus fréquemment à des concentrations aïgues en PM10 et PM2,5 par rapport aux habitants exposés au niveau de fond ambiant de l’air à Paris, déjà considéré comme préoccupant sur le plan sanitaire» indique la MRae tout en relevant que «le projet prévoit des mesures de réduction (et d’accompagnement) de l’exposition des uagers du projet» en citant une ventilation mécanique contrôlée(VMC) double flux équipé de filtres adaptés aux polluants retrouvés dans l’air ambiant. L’étude de la MRae constate que le site est caractérisé par une ambiance sonore bruyante er continue provenant du Périph et de la voie ferrée qui impose des obligations d’isolations acoustiques des façades.
Sur d’autres plans, cette étude indique que « le périmétre d’étude aurait gagné à être plus élargi pour étudier l’interaction avec le boulevard des Maréchaux, que le projet d’aménagement apportera une plus value pour la circulation vélo grâce à un itinéraire cycliste dédié, des traversées piétonnes sécurisées (zébras, refuges, signalisation lumineuse), de nouvelles capacités de stationnement pour les deux roues motorisés ». Elle note que néanmoins, «les travaux nécessiteront le déboisement de 22 arbres, principalement en bonne santé, pour replanter de nouveaux jeunes éléments en pleine terre vers la résidence étudiante, et pourront impacter potentiellement les arbres conservés aux alentours ». Que GPSO prévoit la plantation de 17 arbres sur l’espace public. Et que la résidence étudiante intégrera l’aménagement d’un jardin qui comprendra la re-création d’une friche herbacée
Il n’en reste pas moins que la MRae, dans sa conclusion, demande que «les choix du projet retenu et de son implantation soient plus étayés au regard de leur impact sur le paysage, le cadre de vie et la santé humaine » considérant notamment succint l’étude des incidences sur l’environnement et la santé humaine. Ainsi elle demande « la réalisation d’une évaluation des risques sanitaires concernant les occupants des bâtiments situés le long du boulevard périphérique et des mesures de réduction voire de compensation, de justifier la programmation développée sur ce site contraint, au regard notamment de l’installation de populations nouvelles sur ce point noir environnemental, et de l’efficacité des mesures projetées d’évitement et de réduction de ces nuisances sur les populations en place ou à venir ».