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jean zay

  • COMMENT VIT ON CE CONFINEMENT HISTORIQUE A VANVES … AVEC GUY JANVIER, UN CONFINE ACTIF

    Un nouveau témoignage d’un vanvéen confiné : Guy Janvier ex-maire de Vanves (1995-2001) qui jardine, lit, réfléchit aux conséquences de cette crise sanitaire sans précédént,  travaille sur un appel dénommé « l’Appel du 9 Mai » avec le secours catholique, l’armée du salut, les petits frères des pauvres pour dire qu’il faut une Europe forte, une Europe sociale, une Europe des solidarités. Car il est le président de la branche française du réseau Européen de lutte contre la Pauvreté (EAPN), à un moment où l’Union Européenne (UE) est confrontée à deux crises majeures, avec cette pandémie et le Brexit. Il  recherche d’ailleurs un vanvéen, bénévole, pour lui donner un coup de main pour animer et gérer  son association afin de mieux la faire fonctionner. «Nous échangeons actuellement sur les fondements de l’Union Européenne puisque ce sera le 9 Mai prochain la fête de l’Europe et l’anniversaire de la déclaration de Robert Schumann».

    Vanves Au Quotidien – Que constatez-vous à la veille d’un conseil Européen des chefs de l’Etat ?

    Quy Janvier : «Qu’est ce qu’on va pouvoir dire, à cette occasion, lorsqu’on voit la façon dont la crise a été traitée au niveau européen. Un Etat (Hongrie) a intercepté des masques destinés à un autre état (Italie), alors que l’on constate une absence de fabrication de masques, de médicaments, de tests en Europe. Il faut que l’Europe reconstruise sa souveraineté européenne sur des questions aussi importantes que la santé et les soins. Or ces questions ne relèvent pas de l’Europe, puisque ces compétences sont restés dans la main des états membres. Il faut faire attention à ceux qui expliquent qu’il faut faire basculer ces questions de santé et sociale au niveau européens, car elles se régleront comme on le voit sur d’autres questions au plus petit dénominateur commun. Dans des pays comme la France, la Norvége, la Suéde, où on a une protection sociale importante, elle risque alors de diminuer. On se trouve confronté à des inégalités totales entre pays de l’UE.

    Depuis 10 ans, c’est-à-dire la crise de 2008/2009 des subprimes, l’UE a mis en place un système, le semestre européen : tous les ans la commission européenne sort un rapport sur la situation dans chaque pays des équilibres macro-économiques. Ainsi elle constate pour la France qui doit limiter son déficit à 3% du PIB,  qu’elle sera à 4% avec la crise, alors qu’elle reproche à la France de ne pas faire assez d’effort pour limiter son déficit budgétaire. Cette régle des 3% avec une dette inférieur à 60% du PIB, a volé en éclat, parce que les chefs de l’Etat et la Commission Européenne ont reconnu ne plus pouvoir la tenir.

    C’est le problème principal auquel est confronté aujourd’hui l’Europe.

    VAQ- Pourquoi cet appel du 9 Mai ?

    G.J. : « La crise actuelle est l’illustration confondante de la politique néo-libérale qui a été mise en place voilà une dizaine d’années.  Du temps de Jacques Delors, dans les années 1995, l’Europe s’est construite sur l’idée de la solidarité, du progrés qui profite à tous. Et cette idée d’une Europe solidaire, nous l’avons perdue. Et au contraire, aujourd’hui, il faut plus d’Europe, pas uniquement économique, mais sociale en revenant au principe initial : la concurrence libre et non faussée.  C’est ce qui nous met dedans aujourd’hui, car on n’arrête plus de dire qu’il faut que les entreprises soient concurrentes. Mais un certain nombre de choses ne doivent pas être mis en concurrence comme pour les masques par exemple. Et la réponse, à notre niveau, c’est l’économie sociale et solidaire dont on ne parle pas suffisamment. C’est pourquoi je travaille à cet un appel que l’on va dénommé « l’Appel du 9 Mai »  pour dire qu’il fait une Europe forte, une Europe sociale, une Europe des solidarités »

    VAQ - Comment vivez-vous personnellement au quotidien ce confinement ?

    G.J. : « Jamais nous n’avons vécu une telle crise ! C’est la première que l’on se retrouve dans une situation pareille. La grippe espagnol en 1918 avait fait 50 millions de morts. Aujourd’hui on n’en est pas là. Parce qu’on fait de la prévention d’une part, et qu’on a des soins meilleurs d’autre part. Néanmoins, c’est une catastrophe dans le sens où un certain nombre de nos proches ont été touché, comme Patrick Devedjian président du CD92, et sur Vanves,  Guy Marze et d’autres;..

    Mais aussi sur le plan économique : Et tant que fils d’artisan, je m’imagine ce qu’aurait dû faire mon pére, avec ses fils et son magasin de vélo fermé. 40% des brasseries et restaurants risquent de fermer. Certains petits patrons n’ont pas droit au chômage et doivent taper dans la trésorie de leur TPE. D’autres sont obligés travailler ! Et je le vois tous les jours avec ma boulangére de la rue Sadi Carrnot, à côté de l’église, qui a dû la reprendre, avec son mari,à 70 ans, alors qu’ils étaient à la retraite ; Et on ne sait pas du tout quand tout cela va terminer.

    Enfin, les conséquences sur le lien social ! La plupart des grands parents ne peuvent plus voir leurs petits enfants, ni les embrasser, les serrer dans leurs bras. On compense, pour ceux qui ont la chance d’avoir Internet. On ne s’en sortira pas si nous n’inventons pas de nouvelles réponses.  

    VAQ- Lesquelles ?

    G.J. : « J’en vois trois ! Tout d’abord lutter contre les inégalités. Alors qu’on voit actuellement que les inégalités sont très importantes en France, à travers le pouvoir d’achat ! Comment peut on vivre avec 1500 € en région parisienne si on n’a pas un logement social, et même si on n’est pas propriétaire de son logements  ! Ce n’est pas en offrant 2000 € aux personnels soignants pour ce qu’ils font, qu’on réglera le problème !

    Ensuite, les services publics : les hôpitaux, les transports, la poste, même difficilement, fonctionnent. Mais pour cela, il faut payer les services publics, l’Etat emprunte certes, mais il faudra rembourser la dette.

    Enfin, c’est l’accès de tous à Internet ! Cette crise a entraîné un rebond informatique ! Et je me souviens lorsque je siégais au Conseil Départemental, je n’ai pas arrêté voilà quinze ans, de demander que l’on donne une tablette numérique à chaque collégien sans être entendu. Et nous avions les moyens de doter tous les collégiens. Si cela avait le cas, nous n’aurions pas eu aujourd’hui, les difficultés que certains connaissent pour bénéficier de l’école à distance mis en place dans le cadre de la continuité pédagogique depuis la fermeture des établissements scolaires

    VAQ - N’êtes-vous pas trop pessimiste ? 

    G.J. : « Je ne suis pas pessimiste malgré tout. Lorsque je vois à Vanves, ce réseau municipal de solidarité, avec 150 bénévoles, c’est formidable ! Un voisin qui en fait partie me disait ces derniers jours, qu’il n’arrêtait pas pour porter les repas, faire les courses de ceux qui ont peur de sortir.  Et puis beaucoup de vanvéens se sont mis à faire des choses qu’ils n’ont pas l’habitude. A mon niveau, je me mets à la culture maraîchére de ville. Je vais sur Internet pur visiter des musées grâce à un site internet formidable mis en place par la fondation national des visites virtuelles qui permet de découvrir des musées, Picasso, National du Maroc, et le site de Sylvain Tesson, passionnant, dénommé «Ulysse dont s’occupe Sylvain Tesson…

    VAQ -Et vous n’irez pas au Festival de Cannes pour remettre ce prix de la citoyenneté puisqu’il a été annulé ou reporté ?

    G.J. : « On en aurait été à la 3éme édition de ce prix de la citoyenneté. On avait constitué le jury. Mais le festival n’aurai pas lieu à moins qu’il y ait un rapprochement avec la Mostra à Venise, qui serait extraordinaire à double titre. Thierry Fremiaux, son directeur général, avec Pierre Lescure, ont une discussion avec le directeur général de la Mostra.  Il n‘est pas impossible qu’il invite son homologue de Cannes à faire un festival en commun, Venise/Cannes.  Il faut se souvenir que le festival de Cannes a été créé en opposition au festival de Venise qui avait été crée sous le régime de Mussolini, en 1936. Or un certain nombre d’américains n’ont pas voulu venir en 1937 à Venise parce qu’en 1936, les films qui avaient été sélectionnés, étaient des films nazi, avec «le stade », et Italien sur «Mussolini en Ethiope ». Ils avaient demandé si on ne pouvait pas imaginer en Europe, un autre festival. Ils ont proposé à la France, alors que Jean  Zay était le ministre de la culture en plus de l’Education et des affaires sociales, et un passionné de cinéma, et qui me fait penser à G.Attal car il était le plus jeune du gouvernement du Front Populaire,  à 36 ans. D’ailleurs ses filles parrainent le prix de la citoyenneté. Ils ont choisi Cannes à cause de son hôtellerie. Mais le 1er festival qui devait se dérouler en 1939  a été reporté après la guerre. Ce serait un clin d’œil de l’histoire extraordinaire, si ces deux festivals qui avaient été crée l’un contre l’autre, se déroulent en commun  à cause du coronavirus. Ce serait une histoire formidable.