Le Congrés annuel des Etablissements d’Accueil pour familles d’hospitalisés organisé par sa fédération nationale (FNEAFH) se déroule à Vanves aujourd’hui et demain. Les 60 représentants de la trentaine (de 15 à 110 places) d’établissements de ce type sur 60 en France vont plancher pendant deux jours au Rosier Rouge sur de mutiples questions touchant à leurs projets immobiliers (financement et partenariat), à la bientraitance, à l’hygiéne et la sécurité…et signer une convention avec la Ligue Nationale Contre le Cancer. Ce Congrés intervient à un moment où ses responsables s’interrogent beaucoup sur le devenir de ses établissements qui développent, en dehors de l’accueil des familles d’hospitalisés aux revenus modestes, l’hospitalisation à domicile. Et notamment sur les perspectives de financements par la CNAMTS (Caisse Nationale d’assurance Maladie des Travailleurs Salariés) de leurs activités.
« Le Rosier Rouge accueille en moyenne 5500 personnes, à l’année avec un turn over assez important, venant des DOM-TOM, de province, voire un peu de l’étranger, pour des séjours qui varie de 2 nuits à 2 ans, la durée moyenne étant une semaine » indique Emma Canatar, directrice du Rosier Rouge qui est l’établissement pionnier dans ce domaine, ouvert voilà prés de 40 ans à Vanves grâce au Secours Catholique. « Ces accueils sont destinés en priorité aux personnes aux revenus modestes dont le domicile est éloigné de l’hôpital. Ils ont fait la preuve de leur efficacité thérapeutique grâce au rapprochement qu’ils permettent entre aidants et personnes malades ».
Mais depuis 2001, ils ont la possibilité d’accueillir des malades en soins ambulatoires dont le nombre augmente sans cesse – « Nous ne pouvons pas refuser cette population, car ses malades passent moins de temps à l’hôpital où cela coûte cher »- en devant respecter un quota de 25% de l’effectif total des résidents. Ainsi, le Rosier Rouge a accueilli 20 à 30 malades du cancer en 2011, qui n’ont plus de raisons d’être à l’hôpital, entre deux cures et radiothérapies, avec soutien de l’INCA (Institut National du Cancer). Il accueille même des malades (8) au traitement lourd qui bénéficient de l’hospitalisation à domicile, les soins étant apporté par l’association Santé Service, avec le concours d’une infirmière et d’un médecin traitant qui assurent le lien avec l’hôpital et le contrôle de l’évolution de la santé du malade pendant son séjour.
« Nous permettons en même temps à des gens qui ne nécessitent pas de soins permanent, de vivre un cadre plus stimulant, ouvert à une vie collective, et qui n’auraient pas la possibilité de le faire à l’hôpital. Mais cela un coût ! » reconnait Pierre Nicolas, secrétaire général de la FNEAFH qui pose les termes du débat qui dure depuis 20 ans :« Privilégie t-on l’action social (accueil des familles) où est-ce que l’on considére que cette expérimentation peut contribuer à diminuer certaines dépenses de l’assurance maladie. Et la CNAMTS fait semblant de ne pas savoir. Nous voudrions profiter de la création des agences nationales de santé pour faire justement le lien entre le sanitaire et le médico social, pour essayer de dégager un budget permettant un financement de cette activité, indépendamment de l ’accueil des familles qui restent d’actualité ».
La FNEAFH a d’ailleurs rédigé un manifeste à l’occasion de son congrés qu’elle remettra aux pouvoirs publics, parce que non seulement les besoins augmentent pour de multiples raisons – optimisation des moyens de l’hôpital qui réduit la durée de séjour au strict minimum, développement des soins ambulatoires et de l’hospitalisation de jour, territorialisation et spécialisation des établissements de santé et création de centres de référence éloignant les patients de leur hôpital de référence… - alors que la loi HPST ouvre des perspectives de développement des besoins d’accueil et d’hébergement des personnes malades et de leurs aidants à proximité de l’hôpital, mais surtout parce que leurs perspectives de financement à travers le FNAS (Fonds National d’Action Social) et la CNAMTS s’assombrissent dans la mesure où ces établissements devront passer à un autre mode de financement en 2013.
Ces deux organismes permettaient de pratiquer 4 tarifs dégressifs (jusqu’à 10 € pour le plus bas) en fonction des revenus des personnes hébergées dans la mesure où le tarif des frais de séjour varient de 25 à 43 € la nuitée avec le petit déjeuner. Des conventions de partenariats avaient même été signées pour formaliser la collaboration entre l’hôpital et la maison d’accueil pouvant aller jusqu’au financement total des frais de séjour restant à la charge des familles. Des pistes existent : finaliser avec le ministère de la santé et les ARS une « convention cadre nationale », créer une prise en charge spécifique du malade financée dans le cadre des MIGAC (Maisons d’Intérêt Général et d’aide à la contractualisation). La campagne présidentielle peut être l’occasion pour ses associatifs de se faire entendre.