Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

LES JOURS D’APRES L’ATTENTAT CHEZ CHARLIE HEBDO : A VANVES, LES LYCEENS DE MICHELET « ONT ETE REMARQUABLES ! »

« Les lycéens de Michelet ont été remarquable individuellement et collectivement » pour Bernard Gary, proviseur du lycée Michelet qui revient  sur la façon dont la communauté scolaire de Michelet a vécu les événements tragiques de la semaine dernière

« Les élèves étaient tous bien informés, émus, à telle enseigne que le Mercredi soir, ils m’ont dit qu’ils avaient l’intention de se regrouper Jeudi matin, de faire un rassemblement pacifiste et paisible dans la cour des pyramides. Dés 7H du matin, nous sommes allés à leur rencontre, car ses lycéens qui arrivent si volontiers une minute avant les cours, ce matin là, étaient très nombreux dés 7H. Nous avons beaucoup écouté, discuté, et nous avons réussi à les convaincre que rester dans la cour des Pyramides, en lien direct avec l’extérieur, était quelque peu menaçant. Ils nous ont écouté et se sont rendus dans la cour des Tilleults, côté parc, protégé par les bâtiments scolaires. La plupart des éléves sont montés en classe, car, par ailleurs, nous avions décidé, avec les enseignants, de modifier le déroulement des cours et de parler avec eux, afin qu’ils expriment leurs incompréhensions, leurs craintes, leurs doutes. Nos cours se sont transformés de façon systématique, y compris au collége, en échanges, étant entendu qu’il ne s’agissait pas de forcer les éléves à parler s’ils n’en avaient pas envie, mais qu’il n’était pas question de continuer comme si de rien n’était » raconte Bernard Gary,proviseur du lycée Michelet qui a invité ceux qui voulaient rester dehors, à échanger avec leurs camarades moins bien informés qu’eux, « car tous ne le sont pas comme eux, afin d’alerter tout le monde sur ce qui se passait ». Les riverains comme les passants, ont pu s’apercevoir que les lycéens avaient mis des affichettes sur les grilles d’entrée « Je suis Charlie ».

La tuerie de Montrouge qui est intervenue à quelques kilométres du lycée, durant cette matinée, a provoqué le confinement de cet établissement scolaire comme beaucoup d’autres dans le secteur. «  Nous avons reçu de la préfecture, la consigne de ne laisser sortir aucun élève sous aucun prétexte. Nous avons commandé, en catastrophe, aux boulangeries 1000 sandwichs, parce qu’il s’agissait de nourrir les élèves externes qui n’étaient pas prévus à la demi-pension. Cela nous a donné l’occasion de poursuivre le débat. A l’heure de la récréation de 10H, les élèves voulaient sortir sur le parvis pour fumer, puisque c’est interdit dans l’établissement. Là encore, ils ont accepté d’y renoncer, en restant dans l’enceinte de l’établissement en comprenant bien que si quelqu’un tuait des innocents à quelques centaines mètres, ce n’était pas une bonne idée d’aller sur le parvis. D’autant qu’au moment où nous leur parlions, personne ne savait où était le tueur et qu’il aurait pu très bien passer devant le lycée ».

Comme prévu, comme dans tous les établissements scolaires de France, un rassemblement a été organisé à midi dans la cour des Tilleuls, avec éléves, professeurs, personnels, tous les élèves étant très attentif, lorsque le proviseur leur a parlé, lu quelques strophes d’un magnifique poéme d’Aragon de 1944, « la rose et le réséda », en phase avec l’actualité qui résume bien ce qui se mobilise tant de monde aujourd’hui, et qui commence par « celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas ». Il leur a parlé des valeurs de la République, « de ne pas avoir peur »  et que « c’était la dignité qui devait l’emporter ». Tous ont  respecté une minute de silence, des prépas aux petits du collège, dans un silence impressionnant et tous spontanément, se sont mis à chanter la marseillaise. « Un moment très émouvant » pour le proviseur et son équipe. « Ils se sont comportés avec beaucoup de dignité. Je les ai trouvé remarquable individuellement et collectivement. A la fin, comme ils pouvaient sortir, puisque la Préfecture nous avait fait savoir que le confinement n’était plus à l’ordre du jour, et sous forme de clin d’oeil, je leur ai indiqué qu’on avait 1000 sandwichs à leur disposition. Tous sont restés pour grignoter et ont continué d’échanger »

Leurs réflexions étaient liés pour une bonne part à l’émotion, les discussions tournaient beaucoup autour de la laicité, du « tu ne tueras point », « comment peut on en arriver à des extrémités pareilles », des réflexions très généreuses sur « il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier », « il ne faut pas s’en prendre aux musulmans, ils n’y sont pour rien », « J’ai des copains musulmans, ils sont aussi choqués que moi ». Beaucoup de question sur « qu’est-ce que l’on pourrait faire individuellement et collectivement pour réagir, et essayer de faire en sorte que cela ne recommence pas » dans le lycée, et à l’extérieur, avec  bien sûr,  la marche républicaine qui était prévu ce fameux dimanche 11 Janvier. Beaucoup de lycéens s’étaient donnés rendez-vous sur le parvis, pour y aller ensemble. « La communauté scolaire en est ressorti renforcée, content de pouvoir compter sur l’autre, d’avoir pu échanger de façon libre avec les adultes. Tout le monde était assez fier de ce que le Lycée a fait dans son ensemble » constatait le proviseur. Une semaine après, les lycéens continuent à en parler beaucoup car ils sont branchés sur les chaînes infos, avec les obséques à Jérusalem, dans la cour de la préfecture de police de Paris, les discours des uns et des autres… « Mais, ce qui est rassurant, je ne sens pas de peur chez les élèves, juste une prise de conscience qui a été celle à l’image des adultes, et quelque chose de précieux : Ces événements ont soudé les élèves et les adultes. Une atmosphère assez apaisée mais déterminé régne dans ce lycée ».    

Evidement, le renforcement du plan Vigipirate a changé beaucoup de choses dans la vie quotidienne de la communauté lycéenne. « Nous avons évidement renforcé les mesures de précautions à l’entrée du lycée, tout en sachant bien que le mur du Bd du lycée est interminablement long et qu’on n’a pas les moyens humains de le surveiller. Les sorties scolaires sont interdites, ainsi que les voyages par avion et train. Nous avons été obligé d’annuler et de reporter les journées portes ouvertes destinées aux élèves qui se préparent aux grandes écoles et qui devaient avoir lieu samedi dernier et samedi prochain. D’autant plus que nous invitons beaucoup de familles sans savoir qui va venir, puisque les invitations sont adressées aux autres établissements, certains venant du bout de la France. Le Carrefour des Métiers qui doit se tenir le premier samedi de Février n’est pas sur de se tenir »

Les commentaires sont fermés.