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JOURNEE NATIONAL DE LA RESISTANCE : VANVES HONORE GUY HENRION, UN RESISTANT DE LA PREMIERE HEURE

La ville de Vanves va honorer ce soir à l’hôtel de Ville, un grand résistant qui est le seul vanvéen à avoir reçu une très haute distinction, avec l’insigne de combattant volontaire de la résistance : Guy Henrion, 92 ans, un vanvéen qui s’est installé à Vanves voilà prés de 70 ans, participe toujours aux cérémonies patriotiques et aux activités de l’UNC dont il ne rate jamais les réunions, fréquente le marché où il retrouve régulièrement son ami François Perhirin le samedi vers 11H autour d’un petit verre où il échange des souvenirs et parle souvent de l’actualité,  de la France Libre, du sénat où il a travaillé pendant 38 ans. « C’est un homme qui respire la bonté, la gentillesse. Il était ému de voir une vanvéenne entrer au Sénat » témoigne Isabelle Debré Sénateur des Hauts de Seine depuis 2004. « Il était heureux au Sénat. Car tout le monde se respecte dans cette maison ».    

Comme tous ces français nés dans les années 20, la guerre les a rattrapé en pleine jeunesse, à l’âge de 17 ans pour Guy Henrion qui était dessinateur industriel à l’école Violet. Il habitait alors Fontenay aux Roses, pas loin de Vanves avec ses parents et ses deux sœurs, originaire de la Marne (Vitry les Reims) où « tout le monde parlait allemand » raconte t-il. Trop jeune pour être mobilisé, il fuit l’avancée allemande en vélo en s’accrochant à la voiture familiale, durant l’exode pour se réfugier à Joué les Tours, chez son oncle où il a travaillé pendant plus d’un an dans une fabrique de masque à gaz. Revenu en région parisienne, il est convoqué pour participer à la relève des prisonnier » en Allemagne. Il tentera d’y échapper par deux fois, en fuyant juste avant le départ du train,  mais il devra le prendre, sur le conseil de gendarmes bienveillants – « la prochaine fois ce n’est pas nous qui viendront te chercher, mais la milice » -  la troisième fois pour se retrouver à l’usine « Flugmotor Renweck » prés de Vienne où il a dû rejoindre le système des déportés du travail. Ce qui ne l’empêchera de participer à ses premiers actes de résistance : «  Je correspondais avec des familles de déportés de Mauthousen qui travaillaient avec nous dans l’usine, en prenant le risque d’être moi-même déporté là bas si j’avais été pris ». Cette insoumission lui vaut d’être arrêté en 1943 par la Gestapo qui le méne à la prison centrale de Vienne où il sera retenu et enfermé pendant un mois : « Je me suis retrouvé dans une cellule  où croupissaient une quarantaine de type, me rejetant car il n’y avait plus de place jusqu’à ce qu’un grand gaillard me fit signe de me rapprocher car il y avait de la place à côté de lui. C’est là que j’ai fait la connaissance  d’un jeune officier russe de 23 ans qui m’a aidé, protégé. Il était pianiste et violoniste, aimait Bizet… J‘ai longtemps gardé le bouton de l’armée rouge qu’il avait déchirée de sa capote pour que j’emporte un souvenir de lui lorsqu’il a dû partir. Il a dû sûrement être fusillé comme tous les officiers russes » raconte  t-il furieux contre celui qui, un jour, lui piqua ce bouton : « J’en ai pleuré ! ».

Il est alors envoyé dans un camp de travail au régime concentrationnaire  « Arbeit Lager » à Lenezndorf où il a perdu 17 kg en 52 jours. Le Fonds de Réconciliation lui a d’ailleurs reconnu en 2003 le statut d’interné en camp disciplinaire. En Mars 1944, une mutation par mesure disciplinaire l’envoi prés de Baden-baden dans une fabrique de blindé, où une complicité lui donne l’occasion de se procurer une fausse permission pour rentrer chez lui. Il n’en doit pas moins bien respecter des instructions précises : Prendre le train à Luneville, repérer le gars qui doit le mettre dans un camion pour Trappes et terminer le reste du trajet à pied. Il rejoint alors  les Francs Tireurs et les Partisans Français affecté au Bataillon de la Jeunesse du Coonel Fabien : Attaque de convoi, libération de prisonniers, chasse aux miliciens, occupation des journaux comme Le Matin, repérages…sera son lot quotidien jusqu’à la Libération de Paris avec quelques sueurs froides, notamment lorsqu’il se rendit dans le pavillon habité par le père de sa fiancée, responsable des serres du Sénat, dans le jardin du Luxembourg, occupé par les allemands,  avec une grenade et un pistolet dans les poches, pour contacter un résistant conservateur du jardin. Et  des pertes lourdes parmi ses compagnons, l’un d’entre eux a même été fait prisonnier et fusillé au mont Valérien. Il ne verra rien de la libération de Paris puisqu’il a été blessé à la porte d’Orléans : 6 jours de coma, 22 points de suture à la tête, perte d’une oreille et d’un œil

En revenant sur Paris, il avait retrouvé Renée qu’il avait rencontré pour la première fois à l’église Saint stanilas des Blagis lors de leur première communion, où il avait porté la mitre du cardinal Verdier lors de son inauguration lorsqu’il était enfant de coeur. Mais la guerre a bouleversée leur idylle qui reprend bien sûr à la fin de la guerre. Ils s’installent à Vanves en 1945, se marient en 1946 mais à Paris, époque à laquelle, il entre au sénat où il fera toute sa carrière, grâce au père de son épouse qui était chef jardinier du Sénat : « Il cherche des hommes de corvée m’a-t-il dit ». Ce qu’il a fait au début en déplaçant, en installant, tapis, meubles, chaises….avec quelques apéros en fin de journée chez le président du Sénat, Vincent Auriol alors qu’il venait d’être élu président de la République. Il a ainsi cotoyé de nombreux présidents de cette haute assemblée, comme Gaston Monnerville et surtout Alain Poher qui l’a marqué, « homme affable qui est resté très longtemps à la tête de cette assemblée » jusqu’à René Monory.

Il a surtout travaillé durant ses 38 ans au bureau des transports et des liaisons  extérieurs, gérant ainsi tous les déplacements des sénateurs en France et à l’étranger par n’importe quel moyen de transport, ainsi que la flotte des véhicules du sénat avec chauffeurs. Son bureau était au 1er étage de ce bâtiment historique, à côté de l’escalier d’honneur, prenant plaisir à admirer beaux salons qui entourent l’hémicycle. Il a mille anecdotes à raconter quelquefois très osées comme les ébats de ce sénateur dans la chambre du Livre d’Or surpris par les huissiers et les gardiens qui n’avaient rien perdu du spectacle à travers la porte fissurée. Plus sérieux avec les visites de la Reine d’Angleterre – « j’étais à 5 m d’elle, sans pouvoir prendre une photo » raconte ce passionné de photo,   ou d’un président chinois qui l’avait impressionné. Il présidait même aux destinées de l’association des pécheurs du Sénat qui organisait un concours tous les ans.

Il n’a pas perdu le contact avec le Sénat même s’il n’y connait plus grand monde, car il y revient à l’occasion des assemblées d’anciens combattants qui s’y tiennent comme celle des Amitiés de la Résistance surtout le 18 Juin où il retrouve ses anciens résistants que la France et Vanves honore aujourd’hui. Et lorsqu’il feuillette ses livres remplis de photos de ses anciens combattants qui s’en sont sortis, il raconte, pour chacun d’eux, les horreurs et les souffrances qu’ils ont subis et vécus, leurs actes héroïques  aussi, pour que  la France résiste à l’ennemi alors qu’ils avaient tous une vingtaine d’année. 

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