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  • CENTENAIRE DE LA GUERRE 1914-18 A VANVES : 6 - UNE LUTTE INCESSANTE CONTRE LA PENURIE DE CHARBON

    Le Blog Vanves Au Quotidien rappelle au fil de chaque week-end (d’ici le 11 Novembre) et de l’actualité qui marque l’année, les événements qui se sont déroulés voilà cent ans. Le ravitaillement de la population tant en charbon qu’en denrées alimentaires mais aussi en vêtements devient de plus en plus crucial au fur et à mesure que le conflit se prolonge. Le charbon en est l’un des exemples le plus criant, car c’était le seul moyen à l’époque pour les habitants de se chauffer, et les blanchisseurs, les boulangers avec quelques industriels en avaient  besoin pour travailler. Mais il faudra attendre prés d’un an avant que les élus et les autorités publiques bougent : Aucun stock n’avait été constitué pour l’hiver 1914-15. Un marché avait été passé avec la société Sellier de Bourg la Reine qui n’avait pas été exécuté à  cause de la mobilisation. La ville s’était alors adresé à l’Intendance militaire qui lui avait fournit un charbon de mauvaise qualité. Durant l’été 1915, l’Amicale des Maires du département de la Seine se saisissait de cette question et provoquait une réunion avec les charbonniers, le Conseil Général de la Seine décidait de la constitution d’un stock d’approvisionnement de précaution pour les besoins essentiels de la population, et le préfet signait une circulaire

    Ainsi, entre 1915 et 1918, pas un seul conseil municipal, pas un jour  ne ss sont déroulés sans que la question  du charbon ne soit abordée tant pour assurer l’approvisionnement des vanvées, constituer des stocks, que limiter les effets de la hausse de son prix à cause de sa rareté. Ainsi, au Conseil municipal du 18 Juillet 1915, Aristide Duru informait le Conseil Municipal des démarches effectuées en vue de constituer un stock de charbon nécessaire aux bâtiments communaux pour l’hiver 1915-16 auprès de la société des Houilles et Ephéméres qui s’engage à fournir 75 tonnes de charbon anthracite anglais, 40 tonnes de demi gros et 20 tonnes de charbon flambants sur wagon.  Et le conseil municipal du  10 Août 1915 constituait le premier stock de précaution de charbon de 2400 tonnes : « En aucun cas, le stock communal ne sera livré aux consommateurs à un prix supérieur du prix de revient déterminé » annonçait il.  Le bureau de Bienfaisance organisait 4 distribution de charbon aux indigents durant l’hiver 1915-16 et distribuait 50 tonnes de charbon aux familles nécessiteuses des mobilisés « en attendant la majoration offert par le Conseil Général »,  le conseil municipal du 27 Novembre 1915 proposant de fixer à 80 frs la tonne de charbon tiré du stock communal. Celui-ci avait été stocké au « chantier communal » (entrepôt municipal)  à la fin de l’année, mais trop tardivement, la population ayant déjà constitué, en grande partie, leur stock, pour l’hiver durant l’automne. Malheureusement, cela n’allait pas durer. 

    CONSTITUTION DE STOCKS

    Ce qui avait amené le rapporteur du budget Richard à attirer  alors l’attention du Maire dés Mars 1916,  sur « la nécessité d‘approvisionner la commune en combustible pour l’année prochaine », qui était suivi d’effet puisque le conseil municipal du 15 Mars 1916 décidait de la constitution d’un stock de 1200 tonnes. Il décidait aussi, dans la foulée,  de la constitution d’un stock de charbon pour les blanchisseurs et industriels, à la suite de la démarche de plusieurs représentants, qui étaient dans l’incapacité de s’en procurer, le maire intervenant auprès de la Société des Houilles et Agglomérés pour affréter 2 péniches de 600 tonnes chacune, de charbon  qui ont été stockés au chantier communal et vendu à raison de 103 frs la tonne. Il a fait de même avec les maréchaux ferrands et les forgerons pour obtenir plus facilement du charbon de forge à la fin Novembre 1916.

    Dans le même temps,  le maire recevait des instructions du ministre de l’intérieur pour réduire le plus possible l’éclairage public et économiser le charbon. Les boulangers se plaignaient de commencer à avoir des difficultés à trouver du bois. Et le charbon commençait vraiment à manquer : Il décidait le 1er Décembre 1916  de réserver exclusivement  le stock communal de charbon à la population nécessiteuse, aux familles de mobilisés touchant l’allocation militaire, aux réfugiés et aux veuves chargées d’enfants en bas âge, car la quantité de charbon mis à la disposition de la commune par le département commençait à être insuffisant pour approvisionner toute la population. Il en profitait pour prévenir ceux qui tenteraient de s’en faire remettre frauduleusement – blanchisseurs ou industriels – qu’ils pourraient faire l’objet de sanctions et ne pourraient plus bénéficier du charbon provenant des stocks de la commune

    DEMARCHES EXTERIEURES

    Un « groupement des charbonniers de Vanves »  (Piémont, Long, Laporte, Palazy, Fouillat, Fourquemin, Delmas, Jeudy, Mijoule) était constitué le 26 Novembre 1916 afin de recevoir et répartir collectivement le charbon provenant du Groupement Charbonnier de la Seine. Ils étaient tenus de vendre au prix de la taxe sous contrôle de la municipalité. A ce moment là, le stock communal s’élévait à 1180 tonnes, arrivant par voie fluviale, ou par train  permettant à Vanves de connaitre « une situation relativement privilégiée » en « étant l’une des rares commune où le stock fourni par le Conseil général de la Seine, était constituée », ce qui permettait d’en  vendre (le surplus)  aux habitants. Ce qui n’empêchait pas le maire de craindre que « certaines catégories de personnes soient exclues de la répartition communal du charbon à un moment où il est difficile d’en trouver à des prix abordables chez les charbonniers de la communes ». Des élus considéraient que « le Conseil Général  de la Seine s’était trompé en constituant des stocks de précautions, car si cette quantité avait été laissé au commerce libre, on n’arriverait pas à la hausse exorbitante du charbon et à l’exploitation qui en a lieu ». Du coup l’un d’entre eux proposait que « tout en laissant aux personnes nécessiteuses leur faculté de prendre 100 kg par mois, il soit accordé un sac de 50 kg à tous les autres habitants qui en feraient la demande en attendant qu’ils puissent s’approvisionner normalement ». Ce qui fut retenu et reconduit de mois en mois lorsque c’était possible.

    Pendant ce temps là, des démarches étaient  engagés à Rouen pour obtenir d’un importateur anglais une péniche tout venant : « Aucune ouverture de crédit autres que communaux ordinaires n’a été engagé. Les bénéfices réalisés par des opérations, ont permis de distribuer du charbon aux indigents et diminuer la dépense de chauffage des bâtiments communaux » indiquait Aristide Duru qui avait en outre obtenu quelques wagons de combustibles du groupement Charbonnier  mis à la disposition de la population par l’intermédiaire des charbonniers de Vanves au prix de 6 frs le sac (de 50 kg). Ainsi le tonnage acheté et mis à disposition des vanvéens entre Mai 1916 et Mai 1917, en dehors du stock ordinaire  et du charbon provenant du groupement Charbonnage de la Seine était de 1980 tonnes « pour lesquels aucune avance de fonds n’a été faite ». Frédéric Pic avait tenu à indiquer au conseil municipal du 17 Mars 1917 « qu’une partie de charbon avait pu être acquise grâce aux démarches et aux relations personnelles du maire »

    COMMISSION D’ACHAT

    Une commission d’achat et d’approvisionnement de combustible (charbon et bois) était constituée pour l’hiver 1917-18 afin de rechercher des vendeurs, s’occuper des crédits à ouvrir pour faire des achats, et du mode de vente à la population « afin que la responsabilité de la municipalité ne soit pas seule engagée dans ces opérations ». Car bien évidemment la ville cherchait à s’en procurer par ses propres moyens en dehors du stock officiel approvisionné grâce à l’Etat via l’administration préfectorale (600 tonnes par mois), en devant prendre en charge le déchargement et le transports, le charbon arrivant par voies fluviale ou ferrée. Mais la pénurie se faisait sentir à un tel point qu’il décidait dans un premier temps (Août 1917), de vendre à la population le charbon  « tout venant en dehors » du stock officiel, que la municipalité avait réussi à se procurer, dans la limite de 200 kg par foyer et à la condition de s’adresser au bureau du charbon, vendu à 7 frs le sac de 50 kg. Puis dans un second temps (Septembre 1917), il instituait des cartes de charbon pour pouvoir en acheter aux chantiers communaux installés rues Raspail, d’Issy et place de la République, et le transporter par leurs propres moyens. Il  fixait le prix de la tonne à 90 frs pour les particuliers et à 130 frs aux petits industriels et commerçants  qui pouvaient faire une demande écite au maire lorsqu’ils n’avaient pas pu s’en procurer par leurs propres moyens.    

    « Si les industriels, les blanchisseurs, les allocataires, les assistés et les autres n’ont jamais manqué de combustible, alors que dans les  villes voisines, les blanchisseries fermaient leurs ateliers, faute de charbon, leurs confrères vanvéens possédaient toujours des foyers ardants, nous le devons à M.Duru, à notre laborieuse municipalité » témoignait Camille Audigier, écrivain vanvéen, à la fin de la guerre

    A Suivre : L'affaire ECFM