« En rentrant dans une des maisons de la rue du Clos Monthlon – la dernière qui sera détruite, tout au bord des voies ferrées et du chantier avant le début des travaux de génie civil ses prochains jours - une équipe d’artistes dénommée SUPERPLEX a découvert sur un des murs, un dessin d’une petite fille de 6 ans, représentant un lapin, et ils ont cherché à retrouver cette famille dont la fille s’appelait Alice. Ainsi d’un coup, l’histoire a commencé à s’écrire autour d’Alice, pour passer d’une réalité à une autre, d’un moment à l’autre, d’une histoire à une autre… » explique Jérome Sans co-organisateur de cette fête du KM1 en tant que co-directeur de la direction artistique et culturelle de la SGP (Société du Grand Paris) avec José Manuel Goncalvés qui ont tous les deux organisé une ou deux fois chacun, les Nuits Blanches de Paris.
Ainsi ce trio d’artistes Danois dénommé «SURPERPLEXE » est connu pour ses interventions dans les villes pour recréer des liens là où n’y en avait pas, afin que la population puisse se réapproprier cet endroit. D’autant plus que ce premier site a été finalement victime de cette voie ferrée qui lui rend bien des services par ailleurs, parce qu’il a divisé un territoire en deux – on en sait quelque chose à Vanves depuis 1883 - qui n’était relié que par un tunnel condamné depuis plus d’un an. Leur travail sur « le temps des chantiers » sera de lier et de relier l’ensemble de ce territoire à travers un imaginaire commun. Et leur histoire sera articulée autour d’un fait à la fois simple et historique. « Ils se sont rendus compte que la construction du métro parisien correspond quasiment à l’écriture du livre « d’Alice au pays des Merveilles » : entrer dans un trou, passer d’une histoire à une autre, de l’autre coté du miroir » explique en ajoutant : « En venant sur le terrain, ils ont commencé à récolter des éléments de céramiques, des meubles comme un guéridon, une rampe d’escaliers, collectant ainsi des traces de vie pour en faire un théâtre, le futur lien sur lequel pourrait s’inscrire cette gare » explique t-il .
Ses artistes vont accompagner les temps forts du chantier, avec par exemple, un nouveau tunnel, et bientôt une passerelle. Ils se sont rendu compte qu’en entrant dans la maison d’Alice, ils ont retrouvés quasiment un sol avec des carrelages qui ressemblent à celui qu’Alice découvre quand elle tombe dans le trou. Ce motif va venir orner l’ensemble de ce tunnel, et notamment son sol, qui reliera ces deux villes de chaque côté de la gare, puis la passerelle qui reliera les deux villes avec le quai central de la gare SNCF. De même le lapin qu’Alice avait dessiné sur le mur avant de quitter sa maison se glissera aux quatre coins des villes comme un guide traçant le chemin jusqu’à la gare. On retrouvera ce motif de manière récurrente comme un système d’orientation dans l’espace environnant de la gare. D’ailleurs SUPERLEX qui a retrouvé avec cette jeune fille qui sera adolescente à la fin du chantier, gardera contact avec elle : « Nous lui demanderons alors où elle souhaiterait voyager et quel souvenir incroyable, elle voudrait ramener de la destination choisie. Ce souvenir sera installé dans cette nouvelle gare…Espérons qu’elle ne désigne pas les Grandes Pyramides d’Egypte » souhaite ce trio d’artiste
Mais ce n’est pas tout, car leur travail s’est développé autour de cette histoire en reprenant le mobilier urbain et en le mettant à différentes échelles, plus petites, plus grandes, en posant une chaise qui va regarder, pendant le temps du chantier, sa construction. Cette chaise qui aura 10 m de haut, sera un peu ce passage vers le futur. Et elle deviendra un pavillon à l’automne dans lequel les habitants pourront venir dialoguer avec les artistes, les ingénieurs, avec un belvedére pour regarder d’en haut la gare et ses alentours. « Les riverains auront un point de vue que l’on a rarement sur un chantier ». La transformation de ce chantier sera visible à travers de grandes serrures comme dans Alice au pays des Merveilles, à différentes échelles, pour voir ce qui se passe dedans, à travers aussi un œil kaliédoscopique, un œil loupe qui va agrandir les éléments, ou les rétrécir. Tout un jeu d’appareil visuel sera développé dans ces différentes serrures dans les palissades qui vont ceinturer le chantier, comme un jeu de lecture. A suivre…..