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  • HANNA SASPORTAS JEUNE CONSEILLERE MUNICIPALE DE VANVES ETAIT EN ISRAEL PENDANT L’OPERATION « BORDURE PROTECTRICE » : « J’ai refusé de rentrer, car je ne voulais pas laisser le terrorisme me dicter ma conduite »

    Hanna Sasportas, jeune Conseillère municipale, a séjourné en Israël au moment de la crise et de l’opération « Bordure Protectrice ». Elle devait passer 4 mois de stage à l’étranger, dans le cadre de ses études en école de commerce en spécialisation marketing/communication. Ayant des facilités en Israël où elle a de la famille et connaît quelques personnes, elle a pu trouver un stage dans une start up de chasseurs de têtes, en tant que « community manager », située à Tel Aviv.  « J’ai décidé de partir à un moment où c’était très calme, en avril 2014. Je devais rester 8 mois, mais j’ai dû écourter mon stage, pour revenir début septembre » explique-t-elle au Blog Vanves Le Quotidien à qui elle raconte son séjour.

    Vanves Au Quotidien – Au moment de votre arrivée en Israël, tout était calme ?

    Hanna Saspportas : « Je suis arrivée juste avant les événements c'est-à-dire le meurtre de trois adolescents israéliens en Juin 2014, perpétré par des membres du Hamas basés en Cisjpordanie, suivis de l'arrestation en Cisjordanie de 400 sympathisants ou membres du Hamas et de l'assassinat d'un adolescent palestinien (acte isolé perpétré par des extrémistes, depuis condamnés) d’où tout est parti. A partir de ce moment, une pluie de roquettes a atterri sur le territoire israélien plus qu’à l’habitude, dans la mesure où de nombreuses roquettes tombent sur le sud Israélien à Ashkelon, Sderot ou à Ashdod, entre autres. Les habitants de ces trois communes, avaient 15 secondes pour aller s’abriter, malgré le système anti-aérien qui n’arrête pas tout. Quand on a une dizaine de tirs par heure, ce n’est pas possible de tout arrêter. Cette protection revient très cher et l’économie israélienne ne peut pas se permettre de la financer et la supporter indéfiniment. Au fur et à mesure, ces roquettes ont visé de plus en plus l’intérieur du pays, atteignant Tel Aviv par exemple, ce qui commençait à devenir difficilement supportable pour la population. Et je l’ai vécu pour savoir que ce n’était pas une petite alerte de rien du tout, c'est assez traumatisant. J’étais dans la rue lorsque j’ai entendu ma première explosion !

    VAQ – Qu’est-ce qui se passe lorsqu’il y a une alerte ?

    H.S. : «  Quand on entend la sirène, on a à peu près 90 secondes pour s’abriter. Parfois, il n’y a même pas d’alarme, et tout de suite l’explosion, avec le sol qui tremble comme si un métro passait, avec un bruit très sourd.  Très traumatisant lorsqu’on est seule dans la rue à 22H alors que l’on sort juste pour rejoindre des amis et prendre un verre. Et si l’on n’est pas loin, on court à l’abri ou dans la cage de l’escalier pour s’abriter dans la cave, avec des situations assez drôles malgré tout. Car au début, on en parle, on essaie de dédramatiser la situation parce qu’on ne peut rien faire d’autre. Lorsque les tirs de roquettes sont allés encore plus loin, vers le nord, l’inquiétude s’est faite sentir, avec beaucoup de questions. Des amis qui étaient dans l’armée, ont commencé à me dire qu’elle allait justement réagir face  à ces tirs de roquettes. Toutes les troupes se sont amassées autour de Gaza, pas forcément pour intervenir d’une manière terrestre dans un premier temps, mais dire que l’on est prêt à réagir, à se défendre.

    LES « TUNNELS »

    VAQ – Notamment avec tout l’épisode de la destruction des tunnels

    H.S. : « Le but de cette opération était d’arrêter les roquettes. Mais on sait, depuis des années, qu’il y avait des tunnels en construction, et on a appris qu’une opération de large envergure était prévue : les utiliser pour rentrer sur le territoire israélien et perpétrer des assassinats dans les villes limitrophes, le jour de Roch Hachana, le nouvel an juif, à la fin du mois de septembre. D’où l’objectif de détruire tous ces tunnels pour ne pas renouveler le traumatisme de la guerre du Kippour.

    VAQ – On n’en a rien su au travers des médias internationaux ?

    H.S. : « C’est bien le problème. Même si cela a été dit, expliqué par les portes-paroles de l’armée, car parmi les personnes arrêtées, beaucoup confirmaient ce projet d’attaque sur des civils. Pendant l’opération terrestre, il y a eu une désinformation, sur les chiffres des victimes civiles, dont la plupart étaient transmis par le ministère de la santé du Hamas. On connaît bien leur manière de faire, et c’est très frustrant de voir qu’une organisation classée terroriste par l’ONU et l’UE, est plutôt crue, et que personne ne dit de quelle source proviennent les chiffres. J’ai pu rencontrer à l’hôpital des victimes parmi nos jeunes soldats qui racontaient que les palestiniens leur envoyaient les enfants équipés de ceintures d’explosifs. Ce qui n’est pas revenu aux oreilles médiatiques françaises et européennes. On a tellement voulu accuser l’armée israélienne d’exactions sans évoquer les méthodes du Hamas qui sont des plus condamnables. 

    LE QUOTIDIEN A TEL AVIV

    VAQ – Comment vivent au quotidien les israéliens lors d’une telle crise ?

    H.S. : « Pas très bien. Et cela a été mon cas. Mes parents voulaient que je rentre, ainsi que mon fiancé,  car ils  comprenaient que je ne le vivais pas très bien. J’ai refusé car je ne voulais pas laisser le terrorisme me dicter ma conduite. Mais les Israéliens sont habitués à la guerre. Sauf que là, ce conflit a été perçu d’une manière différente, parce que l’on a senti que nous étions à un tournant. Dans leur tête, il fallait aller au bout des choses, mais c’était difficile, avec les pertes de ces jeunes soldats, avec ces roquettes qui leur tombaient sur la tête, ne pouvant plus, du coup vivre normalement. 

    VAQ – Quelles étaient les signes qui montraient que le vie n’était pas normale ?

    H.S. : « Tel Aviv est une ville qui ne dort pas, car 24H sur 24, les supermarchés et les bars sont ouverts. Mais il n’y avait plus personne le soir dehors. Les habitants préféraient rester chez eux pour regarder les informations, et être à l'abri au cas où il y aurait une alerte. Et pourtant c’est la saison où généralement, on n’a pas de place à la plage qui, cette fois, était déserte. Au bout d’un certain temps, les Israéliens se sont arrêtés de vivre, avec beaucoup de menaces d’infiltrations à Tel Aviv, amenant les autorités à fermer le bord de mer un soir. Bord de mer qui est le centre de la vie nocturne. Ce qui créait une ambiance bizarre parce qu’en même temps, ils voulaient montrer qu’ils n’avaient pas peur, qu’ils ne voulaient pas se laisser envahir par ce sentiment que tout le monde ressentait de toute façon. C’était vraiment une guerre psychologique.

    Et je l’ai mal vécue personnellement, car je n’ai pas beaucoup dormi, parce que j’avais de la famille et des amis à l’armée, que je connaissais des gens dans le sud qui subissaient des roquettes pratiquement toutes les minutes  Avec le temps, on s’habitue, mais on regarde toujours en l’air, au moindre petit bruit, on a peur. Maintenant dès que j’entends pétarader une moto, je sursaute et je regarde dans le ciel, de même je me retourne lorsque j’entends une ambulance. Là-bas beaucoup ne mangent plus, somatisent en quelque sorte cette ambiance qui créée en chacun de nous un vrai traumatisme. Je me souviens d’un samedi soir de juillet où les palestiniens du Hamas avaient annoncé par communiqués qu’ils enverraient des roquettes jusqu’à ce que Tel Aviv soit en ruines. C’est la soirée où j’ai eu le plus peur, car ils en ont envoyées beaucoup.    

    PERCEPTION ISRAELIENNE

    VAQ - N’avez-vous pas l’impression que cela n’en finira jamais ?

    H.S. : « Tant que le pouvoir international ne réalisera pas que les Palestiniens sont victimes d’un régime totalitaire. A partir du moment où on accuse Israël de vouloir exterminer les palestiniens du Hamas, c’est sûr que l’on ne peut pas en finir. Beaucoup en sont venus aujourd’hui à justifier les roquettes sur Israël. Que l’on soit contre la politique d’Israël ou que l’on soit pour, cela ne change pas les choses. On ne vise pas des populations civiles. Tant que l’on n’aura pas pris conscience que c’est le Hamas qui est la cause de tout cela, on n’en sortira pas.

    VAQ  - Même des Israéliens ont manifesté dans la rue contre les interventions de l’armée israélienne ?

    H.S. : « C’étaient surtout des parents de soldats morts dans les précédents conflits et qui demandaient d’arrêter la guerre parce qu’on en a assez. Des parents qui ont perdus leurs fils. De nombreux sondages ont montré que les Israéliens étaient convaincus, dans leur grande majorité, qu’il fallait se débarrasser du Hamas et remettre les clefs de la bande de Gaza à Mahmoud Abbas.

    VAQ – La droite et l’extrême droite qui  dirigent Israël ne sont-elles pas en  cause ?

    H.S. : « La politique en Israël n’a rien à voir avec la politique française. L’extrême droite française n’a rien à voir avec l’extrême droite israélienne. Sur les décisions d’une telle opération comme « Bordure protectrice » c’est le Cabinet de sécurité du gouvernement, composé de centristes, de centre droit, de la droite et de partis un peu plus à droite qui les prend. Et j’ai vu un premier ministre, Benyamin Netanyahou, attentif à ce qui se passait, se déplaçant sur le front. Cette opération était nécessaire pour calmer les tirs de roquettes.

    PERCEPTION FRANCAISE

    VAQ- Comment réagissez-vous  face à la perception qu’ont les français de ce conflit et qui a fait débat jusqu’à ces derniers jours ?

    H.S. : « La plupart des gens sont mal informés. On a une perception de ce qui se passe en Israël qui n’est pas réelle, et aussi en Palestine d’ailleurs. Ce n’est pas seulement Israël qui fait blocus, mais aussi l’Egypte, car il y a eu énormément d’attentats visant les soldats égyptiens, notamment dans le Sinaï à cause du Hamas. Des tonnes de denrées humanitaires sont envoyées à Gaza par Israël toutes les semaines sur lesquelles le Hamas fait main basse. Il y a beaucoup d’idées fausses, confuses, de préjugés. On a l’impression qu’il y a un mur de séparation entre les juifs et les palestiniens, ce qui est vrai dans certains endroits, mais faux dans d’autres. Des Palestiniens viennent quotidiennement travailler en Israel et d’autres y vivent bien.

    VAQ – En voulez-vous à ceux qui prennent fait et cause pour la cause palestinienne en France

    H.S. : « Non, pas du tout, parce que je les comprends d’une certaine façon. Mais j’en veux à ceux qui condamnent Israël sans savoir vraiment ce qui s’y passe et sans avoir vu quelle est la réalité des choses. Ils ne comprennent pas la complexité de la situation, car si sur Gaza c’est une chose, sur la Cisjordanie ou la Judée Samarie, c’est encore autre chose. Mais sur Gaza, lorsque les Israéliens sont partis, ils ont laissé beaucoup d’équipements et d’aménagements urbains en bon ordre. Mais aujourd’hui, tout a été détérioré et pas seulement par les différents conflits. Je ne comprends pas comment les Palestiniens peuvent accepter d’être gouvernés par le Hamas. Il faut les libérer du Hamas.