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garde suisse

  • RENCONTRE AVEC PHLIPPE ALLIAUME REDACTEUR EN CHEF DE SUISSE MAGAZINE INSTALLE A VANVES (suite et fin) : Les suisses en France, plus à gauche, plus ouverts, plus pragmatiques

    La tentation était grande d’aller pousser la porte de la rédaction de « Suisse Magazine » au 9 rue Sadi Carnot  pour rencontrer Philippe Alliaume, son rédacteur en chef, au lendemain de cette votation Suisse qui nous a expliqué hier, pourquoi le peuple helvétique s’est  prononcé à 50,34% pour une régulation de l’immigration. Il était intéressant de lui demander comment la communauté suisse vivant en France avait réagit à cette votation, de nous parler de Vanves et des Suisses, et de son magazine

    Vanves Au Quotidien – Qui sont ses suisses qui vivent en France ?

    Philippe Alliaume : « La Suisse a commencé au siécle précédent par s’expatrier. On ne mangeait pas en Suisse. C’est un pays de montagne avec plein de petits métiers, avec des gens qui mettent tout en commun, parce qu’en montagne si on ne met tout en commun, on ne survit pas. Ce n’est pas « chacun sa petite clôture ».  La génération entre les deux guerres ou d’avant 1914-18 venait en France pour manger.  Aujourd’hui, la Suisse est devenu un pays de services et d’industries.

    La communauté Suisse représente prés de 200 000 personnes en France. Ce ne sont plus des expatriés directs, de 2éme ou 3éme génération, à 80% de bi-nationaux, nés ici ou de parents nés ici. Une partie est en lien direct et étroit avec la Suisse parce qu’ils y ont de la famille, mais ce n’est pas la majorité. Une grande partie se souvient qu’ils sont Suisse, ce qui pose un souci de transmission de valeurs, parce que quand vous ne savez pas, vous avez du mal à expliquer à vos enfants.

    Une loi a été votée en 1984 qui a permis aux enfants de méres suisses nées à l’étranger de récupérer la nationalité Suisse. La sociologie de cette population a beaucoup changée : Voilà 25/30 ans, les suisses étrangers étaient assez proche de l’UDC, à cause de leurs âges, et parce que les suisses qui sont à l’étranger, ont tendance à idéaliser le pays qu’ils ont quitté, à s’attacher aux valeurs. Aujourd’hui, à travers les résultats électoraux, on s’aperçoit que la communauté suisse à l’étranger, en France, est plutôt à gauche maintenant, plus ouverte sur l’aspect international bien sûr. Ils ont aussi un côté extrêmement pragmatique : ils ont émigré, et beaucoup de paysans suisses continuent d’émigrer au Canada encore, et celui qui émigre ne revendique absolument pas l’assimilation. Ils se conforment aux lois du pays, en étant extrémement respectueux des régles du pays qui les accueille … Et ils attendent que les étrangers fassent de même.

    VAQ – Comment ont-ils votés et réagis ?

    P.A. : « A l’occasion de ce scrutin, seulement 25% de ceux qui pouvaient voter se sont inscrits pour voter par correspondance : 2/3 d’entre eux ont voté contre cette initiative, 1/3 ont voté pour. Certains Suisses de France s’inquiètent des éventuelles mesures de rétorsion qui pourraient toucher ceux qui ne sont pas doubles nationaux. Mais ils sont sans doute largement moins concernés que par les récentes dispositions sur les successions ou les banques.  Et une fois de plus, les Suisses de France que leur pays aime à appeler les Ambassadeurs de la Cinquième Suisse, expression laudative visant à masquer le peu d’intérêt qu’elle leur accorde, vont encore avoir pas mal de travail à ré-expliquer la réalité de ce vote, au-delà des trop faciles analogies avec les votes FN de certaines villes du Sud de la France.

    VAQ -  Y a-t-il encore des suisses à Vanves ?

    P.A. : « Il reste à Vanves un certain nombre de familles d’origine Suisse, lointains descendants  du temps où Vanves abritait l’une des casernes de gardes suisses du Roi. Et aussi un sympathique fonctionnaire d’un ministère régalien, double national. Nous y avons nos bureaux depuis quelques années (2009), et c’est là que le magazine – dont vos lecteurs peuvent se procurer gratuitement un exemplaire en passant au 9 Rue Sadi Carnot le matin – est édité. Ce magazine a été fondée en  1954, gérée par des associations jusqu’en 1990. Il a été repris en main par une société, passant d’initiative semi-publique à privée. Il est en survie, capable de vivre car les 10 membres de sa rédaction sont tous bénévoles, avec un demi-salarié,  des locaux mis gracieusement à disposition. Il est diffusé aux suisses de France et l’ex-empire français

    V.A.Q. – Et si Vanves était suisse ?
    P.A. : «  Si Vanves était une ville suisse, elle serait pilotée par un mini-parlement communal, issu d’une élection directe  par les citoyens et par un exécutif communal, élu de même dans  un scrutin où les listes ne sont pas bloquées, qui connaît panachage et possibilité de biffer tel ou tel nom dont l’électeur estime qu’il a démérité. A l’inverse des listes bloquées qui se généralisent en France, cela interdit ou du moins complique tout parachutage et toute situation acquise.  Et bien sur une commune Suisse connaît aussi du référendum communal et de l’initiative populaire communale. Le citoyen qui veut faire changer les choses peut s’exprimer et être entendu autrement qu’une fois tous les cinq ans. Les locaux des  permanences électorales ne sont pas  ... des baux précaires. C’est un autre mode de fonctionnement démocratique, qui a ses inconvénients et aussi ses avantages, et qui repose sur des cultures différentes, ce qui ne le rend par forcément transposable. Ainsi, il n’y a aucune différence entre les collectivités locales françaises et suisses, sauf que beaucoup de petites communes ont fusionnées.