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fluidité du parcours scolaire

  • INTERVIEW DU PROVISEUR DE MICHELET : BILAN DE 9 ANS A LA TÊTE DU LYCEE DE VANVES D’UNE AUTORITE BIENVEILLANTE

    Vanves Au Quotidien a rencontré Patrick Sorin proviseur du lycée Michelet depuis 9 ans qui quitte ce poste pour le lycée Jeanson de Sailly dans le cadre des régles de mobilité qui touchent aussi les proviseurs. L’ensemble de la communauté scolaire de Michelet devrait lui rendre hommage, mardi prochain,  lors de la cérémonie traditionnelle qui se déroule à la fin de l’année scolaire, pour saluer ceux qui quittent ce lycée pour d’autres fonctions ou la retraite. Il aura l’occasion de revenir sur ces 9 ans comme il l’a fait pour le blog de Vanves Au Quotidien, devant de nombreuses personnalités et la communauté de Michelet.  

    Vanves au Quotidien - Est-il vrai qu’être proviseur à Michelet était un bâton de maréchal (pour fin de carrière) pour la corporation…dans l’imaginaire populaire  ?

    Patrick Sorin : « Considérant que Michelet est vraiment un très bel établissement, prestigieux du département des Hauts de Seine et de l’Académie de Versailles, effectivement, on se dit quand on y arrive, qu’on va y rester longtemps. Bon nombre de proviseurs sont arrivés en fin de carrière dans cet établissement, ayant connu d’autres postes, car on ne peut pas prétendre arriver à Michelet avant d’avoir acquis une certaine expérience. Et ils étaient à un âge où ils terminaient à Michelet leur carrière. Pour ce qui me concerne, j’ai commencé ma carrière de chef d’établissement très jeune, et je suis devenu chef directement sans passer par le poste d’adjoint. J’ai donc été proviseur de grands lucées assez rapidement, et je suis arrivée à Michelet un peu plus tôt que les autres.

    Depuis une dizaine d’années, il y a une obligation de mobilité chez les chefs d’établissements (comme pour les préfets, les militaires…) fixée à 9 ans. Je suis sous le coup de cette obligation de mobilité puisque je suis arrivé à Michelet en 2005. Dans ces conditions, je me retrouve à devoir terminer ma carrière dans un autre lycée. Et quand on quitte Michelet, on n’est pas prêt d’aller vraiment n’importe où. Les établissements sont classés en catégorie de 1 la plus petite à 5 la plus grande,  et Michelet est en catégorie « 5 ». C’est une cité scolaire avec des classes préparatoires

    VAQ – Le choix n’était pas grand, Henri IV, Louis Le Grand, Jeanson de sailly…

    P.S. : « Etant parisien de naissance, ma femme qui est médecin avec un cabinet à Paris, je suis assigné à résidence. J’ai cherché ce qu’il y avait comme poste susceptible d’être vacant à la Rentrée 2014 dans Paris : Jeanson de Sailly avec un collégue qui part à la retraite. C’est le seul lycée qui me séduisait et qui va célébrer ses 120 ans d’existence.

    VAQ – Avec des expériences diverses et variés depuis Levallois

    P.S. : «  Avant Levallois qui était mon poste précédent à Michelet, j’ai été pendant 7 ans à Garges Les Gonesse (95) entre Saint Denis et Sarcelles, dans une banlieue très difficile. Et j’avais débuté ma carrière de proviseur dans la banlieuie de Rouen. J’ai eu un parcours très diversifié

    VAQ - Dans un tel lycée, quel est la tâche du proviseur ?

    P.S. : « Il faut être capable de se fixer des lignes de conduite, c'est-à-dire pour un proviseur, au sens noble du terme, une ligne politique éducative, ce qui suppose que vous ayez fait vôtre les objectifs du ministre de l’éducation nationale, puisque je suis un serviteur de l’Etat, qui fixe les grandes règles et loi qui régissent le système éducatif. Ensuite, vous faîtes un état des lieux lorsque vous arrivez à un poste, une évaluation, un diagnostic de la situation telle que vous la trouvez.

    VAQ – Qu’est-ce qu’il en était pour Michelet ?

    P.S. : « Ce qui me semblait important au moment où je suis arrivé, était d’abord de travailler à la fluidité du parcours. C’est un terme un peu technocratique qui consiste à lutter contre l’excès de redoublement.

    VAQ – Ce que l’on appelle l’échec scolaire ?

    P.S. : « Il y avait comme seule réponse, le maintien dans la classe avec des taux de redoublement qui était très très élevé, et cela devait être corrigé.  Les proviseurs ont des lettres de missions, et ma première mission a été de faire passer davantage d’élèves dans la classe supérieure à tous les niveaux du système, de la 6éme à la terminale, mais surtout sur deux niveaux majeurs : la fin 3éme et la fin de 2éme. Et qu’est-ce que je constate 9 ans après : En fin de seconde, 36% de redoublement en 2005, 7% en 2014. Et les résultats au Bac : Meilleur qu’il y a dix ans

    VAQ – Justement le taux de réussite au Bac ne fait il pas pression ?

    P.S. : « C’est un indicateur grand public. Mais les initiés connaissent la recette pour faire 100% au bac : Vous faîtes comme des « boites » privées parisiennes qui, en fin de seconde, se débarrassent des éléves qui ne sont pas sûr d’avoir le bac. Comme vous ne prenez en « 1ére »  que des bacheliers potentiels, vous faîtes 100°%.  La mission de service public, ce n’est pas cela ! Vous envoyez un maximum d’élèves en 1ére, y compris les élèves fragiles, et vous faîtes en sorte de les accompagner pédagogiquement pendant 2 ans en 1ére et en Terminale, pour qu’ils décrochent le bac et pour qu’ils puissent entrer ensuite dans l’enseignement supérieur. Et quand je parlais d’une ligne politique éducative fixée ces dernières années, c’était bien celle-là. J’en suis très fière. Avec le même nombre d’élèves, j’ai 70 bacheliers de plus, l’équivalent de deux classes. Je vous rappelle que la France est en retard sur le taux de diplômés de l’enseignement supérieur par rapport à l’ensemble des pays de l’OCDE. On devrait être à 50% d’une classe d’âge. Et on n’arrive pas à dépasser 42 à 43%. Il faut donc que, dans tous les lycées de France, l’on fasse le maximum pour avoir plus de bacheliers généraux. On n’a pas assez de bacheliers en France, contrairement à une idée reçue qui laisse penser que tout le monde a le bac. Savez-vous qu’il y a à peine 40% de petits français qui ont un bac général en 2013. On n’est pas aux 80% du ministre Chevénement

    VAQ – L’image d’un lycée Michelet élitiste est finalement fausse ?

    P.S. : « Je prouve le contraire, chiffre à l’appui. On a fortement démocratisé. Et c’est l’accès au plus grand nombre et sur des parcours très long.

    VAQ – En quoi consiste cet accompagnement en plus des cours traditionnels ?

    P.S. : «  Nous avons eu en 2010 une réforme du lycée intelligente, initiée par Luc Chatel, parce qu’elle a mis sur le devant de la scène, cette notion d’accompagnement. Pendant très longtemps, l’enseignement était centré sur les savoirs. Il est maintenant centré sur les élèves. Notre problématique maintenant, permanente, est de satisfaire les besoins réels des élèves tel qu’ils se présentent. Il ne faut pas chercher  des éléves tels que l’on voudrait qu’ils soient, mais il faut les prendre tels qu’ils sont, les conduire à l’objectif poursuivi. L’accompagnement est une attention personnalisée portée à chaque élève : Etre capable d’identifier ses besoins, de lui faire des propositions de re-médiation, de soutien, d’approfondissement, avec une pratique pédagogique un pêu différente pour l’un, d’un peu plus de temps pour un autre. C’est la logique même pédagogique qui a changé. On est très soucieux de l’individu. J’entends de moins en moins, dire « Je n’ai pas fini mon programme ! ». A quoi cela sert de finir un programme si simplement 5 éléves sur 35 ont suivis jusqu’au bout. Michelet est devenu me semble t-il un établissement bienveillant ! Il y a un terme que j’apprécie qui est pour moi la compétence suprême : l’autorité bienveillante.           

    VAQ – Cela ne change t-il l’image du proviseur qui, aux yeux de certains éléves, parait très éloignée ?

    P.S. : « Venez-me voir à 8H, je suis à l’ouverture du lycée. Mais le proviseur reste le proviseur. Je crois beaucoup aussi au fonctionnement et à la solennité des choses. Je ne suis pas dans la tour d’ivoire

    VAQ - Quelle sera la marque laissée par Patrick Sorin au sein de cet établissement ?

    P.S. : « Ce n’est pas à moi de le dire. Il faut laisser le temps faire son œuvre. Je ne m’autorise pas à imaginer quoi que soit là-dessus. Je sais ce que j’ai fait. Après ce qui restera, c’est le temps

    A SUIVRE