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  • HANNA KLOPSTOCK, LA MILITANTE COMMUNISTE DE VANVES RESCAPEE DE LA NUIT DE CRISTAL

    Toute la gauche vanvéenne, et surtout les camarades communistes, se sont retrouvés lundi soir dans le préau de l’école Larmeroux pour rendre hommage à Hanna Klopstock, décédée le 10 Avril dernier d’un accident vasculaire cérébral. L’ensemble du groupe PS/PC au Conseil Municipal avec Claudine Charfe, le conseiller général PS Guy Janvier, les responsables PC, de la CGT Retraites, des anciens combattants…étaient présent avec jacques Landois qui représentait le maire, pour entourer sa fille, Giséle Cailloux et toute sa famille dans un moment de reccueillement et d’évocation de sa vie. Hanna Klopstock était une figure du PC vanvéen, une militante communiste comme on n’en fait plus, de tous les combats,  présente à toutes les réunions, les tractages… jusqu’à prés de 90 ans. Mais surtout une femme juive allemande qui a été confrontée très jeune au nazisme, qui a connnu la Nuit de Cristal, durant laquelle son père a été arrêté et envoyé dans un camp de concentration où il est mort. Mais il avait eu le temps d’envoyer un message pour lui dire de fuir avec sa mére.

     

    Hanna Klopstock a raconté à une journaliste du Figaro cette Nuit de cristal, du 9 au 10 novembre 1938, durant laquelle les nazis ont organisé, en Allemagne et en Autriche, des pogroms. Plus de 250  synagogues ont été détruites, 7500 commerces et entreprises saccagés et pillés, 100 juifs assassinés, prés de 30 000 arrêtés, 11 000 internés à Dachau, 10 000 à Buchenwald. Hanna Klopstock, alors âgée de 14 ans, vivait  près de Berlin : «On savait bien que la Nuit de cristal se préparait. Les gens parlaient dans le bus. Et Goebbels hurlait sa haine antijuive sur toutes les ondes. À l'époque, les nazis tentaient d'accréditer l'idée d'un mouvement spontané. Mais je peux vous dire qu'aucun Juif n'a cru à cette version, et surtout pas moi » décrète Hanna Klopstock qui a raconté de très nombreuses fois son histoire. « Un père ingénieur, une mère au foyer, un frère de 16 ans. En novembre 1938, la jeune fille est une adolescente juive presque comme les autres. Les temps sont durs. Les insultes légion, et les lieux publics, à commencer par les écoles, sont devenus infréquentables pour les Juifs » raconte la journaliste. «La loi ne nous interdisait pas encore d'y aller, mais nous y étions déjà des parias» poursuit Hanna Kapstock, qui se souvient du lendemain où c’était  la désolation :  «J'ai pris mon train pour aller en cours. Dans le wagon, un homme que je voyais tous les matins a pris l'air désagréablement surpris en m'apercevant. Une fois descendue, j'ai vu la synagogue en flammes, les carreaux de l'école brisés. J'ai rebroussé chemin».  

     

    Et la journaliste continue de raconter : « Dans le chaos, Hanna rate son train. Entre-temps, son père est arrêté. Il mourra un mois plus tard. Dans son souvenir, le silence est assourdissant. Comme si chacun avait compris que les choses avaient pris une autre tournure, qu'une Shoah qui ne disait pas encore son nom était en marche. Quelques Juifs se tiennent debout devant leur pas-de-porte ravagé, beaucoup se terrent. Il y a des dizaines de suicides. Le verre des vitrines brisées crisse sous les pas. Un petit garçon insulte Hanna et la traite, comme tous les jours ou presque, de «sale Juive». « Mais pour une fois, sa mère l'a brusquement fait taire», remarque Hanna Klopstock. Soixante-dix ans après, elle se demande encore pourquoi elle est ainsi intervenue. Qui sait ? Peut-être était-ce là la preuve que tous les Allemands n'étaient pas à l'unisson avec Hitler. Commencent alors pour Hanna des années d'errance et de vie cachée. Le bail de la famille Klopstock n'est pas renouvelé, les deux enfants et leur mère sont obligés de sous-louer deux pièces à une famille juive. Il leur est impossible de fuir. Les frontières se ferment peu à peu. Les pays étrangers aussi : «Il y avait bien les États-Unis, mais ils demandaient une caution très élevée», se souvient Hanna. Et puis les cautions ne résistent pas aux aléas politiques. Sa tante finit par réunir la somme nécessaire. Mais, dans l'intervalle, le conflit s'installe entre l'Allemagne et l'Amérique, et elle ne peut plus partir. Celle-ci mourra en camp de concentration ».

     

    « C'est la France et la famille d'Édouard de Rothschild qui sauveront Hanna….Depuis Paris, un comité de sauvegarde se met sur pied, avec l'espoir de faire venir 3 000 enfants juifs allemands. Hanna est l'un d'entre eux. Elle débarque donc, prise sous l'aile de Rothschild. Un an après son arrivée, il lui faut à nouveau se cacher. À La Guette, dans une maison d'enfants, puis à La Bourboule, et à Dieulefit, dans la Drôme. Elle trouve refuge parmi ceux qu'on appellera les Justes, Français de la résistance discrète. «Un temps, j'ai été serveuse dans un restaurant, avec des faux papiers au nom d'Annette Ronier. J'étais censée être bretonne. Mais qui croyait à cela, avec mon accent germanique ?», dit-elle, avec une pointe de tendresse pour tous ceux qui ont su se taire. Le silence bien compris lui permet d'avancer. La prière aussi. «J'étais croyante à l'époque. Je dis à l'époque, car cela m'a passé. Car si Dieu existe, où était-il alors ?», note-t-elle placidement.À la Libération, elle remonte vers Paris, avec un statut d'apatride. Elle fréquente l'hôtel Lutetia, boulevard Raspail, lieu de convergence des familles de déportés. Elle n'a plus de photos de son frère ou de sa mère, mais on la prévient : une fois rentrés des camps, «ils» ne se ressemblent plus. «De toute façon, personne n'est revenu de là-bas», indique-t-elle. La vie va tout de même continuer : Hanna Klopstock a une fille, apprend, puis exerce le métier de cuisinière. Et aujourd'hui, elle se tient droite comme un «i» et raconte «pour les jeunes générations», ses petits-enfants, ses arrière-petits-enfants, cette trajectoire qui a traversé le XXe siècle, témoignage de la folie nazie » conclue la journaliste qui rapporte une dernière réaction d’Hanna face aux agressions récentes de membres dela communaité juive :  «La France n'est pas un pays antisémite, c'est tout ce que je peux dire».