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VANVES A PERDU L’UN DES SIENS : Le pére François du Plessis

Une personnalité de Vanves est décédée le 6 Mars dernier à l’âge de 93 ans,  dont le nom ne dit rien à la plupart des vanvéens, car peu l’ont connu parmi la nouvelle génération,  sauf parmi les plus anciens de Vanves, et dans les communaués chrétiennes et religieuses : le pére François du Plessis qui a vécut longtemps du côté de la rue Yol dans la première partie de sa retraite, et marqué des générations de vanvéens et d’isséens. Une cérémonie eucharistique d’à Dieu se déroulera samedi prochain à 10H à Notre-Dame des Pauvres  à Issy les Moulineaux où il fut le premier responsable de cette communauté chrétienne de 1955 à 1973

 

Ordonné prêtre en 1943, François du Plessis était un homme d'écoute et d'ouverture. « Disponible pour chaque appel, il se montrait étonnamment capable d'y répondre, ignorant langue de bois et tout conformisme. Sa vie a ressemblé à un roman de cape et d'épée : aumônier d'un Chantier de la Jeunesse de Vichy ou d'un maquis de la Résistance, professeur de séminaire, vicaire dans des quartiers populaires, à la fois ouvrier-ajusteur et premier « curé » de son église de quartier « Notre Dame des Pauvres »… il a également été visiteur de prison pendant vingt ans. Ses luttes pour un monde plus fraternel ont toujours été soutenues par une foi vive et, quand il parlait de spiritualité ou de religion, on percevait derrière son propos l'authenticité et le vécu. C'est pour cela qu'on l'écoutait ou qu'on le lisait toujours avec intérêt » témoignent ceux qui l’ont connu. Un prêtre haut en couleur qui ne laissait pas indifférent, accusé dans les années 68 d’entretenir la flamme révolutionnaire des jeunes lycéens de Michelet par les élus de Vanves et les autorités du lycée, avec l’aumonier d’alors, le pére Froissard. Il avait raconté sa vie dans un livre d’entretien avec son ami Jean-Robert Quéro qu’il avait présenté chez les  Sœurs Bénédictnes de Vanves en Juin 2007 où il avait retrouvé les anciens de Notre Dame desPauvres, de l’Arbousier, d’Arés et de tous ceux dont la vie avait croisé son chemin. Il avait pris le temps de s'interroger dans ce livre, sur tout ce qui a marqué et compté dans sa vie. Dans la première partie, « Parcours de ma vie », il évoque les temps forts d'une existence menée tambour battant, sans un seul jour de repos. Des anecdotes savoureuses, des péripéties cocasses, des luttes toujours difficiles, des épreuves mais aussi des joies pour ce prêtre hors norme. Dans la deuxième partie, « Chemin de vie », l'action fait place à la réflexion qui l'a toujours sous-tendue. Naturellement il évoque les sacrements et leur symbolique, la foi, point central de sa vie, avant de faire part de son point de vue sur les perspectives de l'Église catholique. Et beaucoup appréciait ses commentaires quotidiens d’évangiles du jour qu’il envoyait via Internet, ou ses témoignages qu’il rapportait comme celui-là, tout à fait d’actualité à la veille de la semaine Sainte qui ménera à Pâques alors que l’église a un nouveau Pape venu du sud.  

 

Baptême d’un ami.

 

« Au jour de Pâques, dans toutes les Eglises chrétiennes, on célèbre des baptêmes. Le texte ci-dessous ma paraît particulièrement important à relire et méditer. En 1945, avant d’être, sur l’ordre d’Hitler, pendu comme résistant, Dietrich Bonhöffer, pasteur protestant, écrivait à un ami qui allait être baptisé la lettre ci-dessous qui rejoint la même constatation ; ce ne sont plus de paroles d’église dont le monde a besoin, ni de réorganisation de ces mêmes églises, mais de la prière et des actes des chrétiens » écrivait dans l’introdiction le pére François du Plessis.

 

« Ami, Aujourd’hui tu reçois le baptême chrétien.

On prononcera sur toi les grandes paroles anciennes de la Révélation chrétienne et l’on accomplira en toi le commandement du Christ sans que tu n’y comprennes rien. Nous-mêmes aussi nous devons recommencer à comprendre.

Les notions de réconciliation et de rédemption, de reconnaissance et d’Esprit saint, d’amour de l’ennemi, de croix et de résurrection, de vie en Christ et d’imitation de Jésus-Christ sont devenues si difficiles et si lointaines que c’est à peine si nous osons encore en parler. Nous soupçonnons un souffle nouveau et bouleversant dans les paroles et les actions traditionnelles, sans pouvoir encore le saisir et l’exprimer. C’est notre propre faute.

Notre Eglise, qui n’a lutté, pendant ces années, que pour se maintenir en vie, comme si elle était son propre but, est incapable d’être la porteuse de la Parole réconciliatrice et rédemptrice pour les hommes et le monde. C’est pourquoi les paroles anciennes doivent s’effacer ; la vie chrétienne ne peut avoir aujourd’hui que deux aspects : la prière et l’action pour les hommes, selon la justice.

Toute pensée, toute parole et toute et toute organisation, dans le domaine du christianisme, doivent renaître à partir de cette prière et de cette action.

Quand tu seras adulte, le visage de l’Eglise aura changé. Sa refonte n’est pas terminée, et chaque essai de la doter prématurément d’une puissance organisatrice accrue ne peut que retarder sa conversion et sa purification.

Ce n’est pas à nous de prédire le jour -mais ce jour viendra -où des hommes seront appelés de nouveau à prononcer la Parole de Dieu de telle façon que le monde en sera transformé et renouvelé. Ce sera un langage nouveau, peut-être tout à fait a-religieux, mais libérateur et rédempteur, comme celui du Christ ; les hommes en seront épouvantés et néanmoins, vaincus par son pouvoir ; ce sera le langage d’une justice et d’une vérité nouvelles, qui annoncera la réconciliation de Dieu avec les hommes et l’approche de son royaume. « Ce sera pour moi un sujet de joie, de louange et de gloire auprès de toutes les nations de la terre, qui apprendront tout le bien que je vais leur faire et qui seront étonnées et stupéfaites de tout le bonheur et de toute la prospérité que je vais leur accorder » (Jér. 33, 9). Jusqu’à ce jour, la vie des chrétiens sera silencieuse et cachée ; mais il y aura des hommes qui prieront, agiront avec justice et attendront le temps de Dieu. Puisses-tu être de ceux-là et puisse-t-on dire de toi : « La voie des justes est comme la lumière brillante, dont l’éclat augmente jusqu’à ce que le

jour soit dans sa splendeur » (Prov. 4, 18).

 

Dietrich Bonhöffer † 1945

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