A L’occasion des Journées Européennes du Patrimoine, du 15 septembre au 13 octobre 2012, le service des Archives municipales propose une rétrospective des fouilles archéologiques réalisées à Vanves en 2010. L’exposition présente les principaux résultats scientifiques de l’opération menée en 2010. Les objets découverts (céramiques, pièces de monnaie, objets de parure, vestimentaires ou de soin du corps…), dont plusieurs seront exposés à cette occasion, témoignent de l’intérêt de ce « patrimoine caché » mis au jour dans le centre ancien de Vanves. A 17H samedi, est prévue une visite conférence en présence d’Antoine Nadeau archéologue ayant dirigé ces fouilles
Les premières fouilles archéologiques remontent en 1997 sur la propriété de Monsieur Mury à l’angle de la rue de la République et de la place du VAL (Maréchal de Lattre de Tassigny) à l’occasion d’un projet immobilier dont le rez de chaussée est aujourd’hui occupé par l’agence de la Banque Populaire. Les responsables d’une association, Vanves Village Vivant, étaient alors entré dans la cave de l’ancienne boulangerie où ils avient découvert une cave voutée, un beau plafond. « Tout est partit de là. Nous ne l’avons pas su tout de suite, mais le promoteur qui avait déjà déposé un premier permis de construire m’a fait part de ce problème » explique Mme Mury. « Une premiere tranchée a permis de découvrir un vase, style Valauris, des poteries qui remonteraient au IVéme siécle soi disant. Puis 4 puits blindés pour faire des sondages qui ont nécessité de dépaver la cour des bâtiments où habitaient mes beaux parents ». Et là ce fut la surprise totale avec la découverte d’importants vestiges gallo-romains, des thermes, par l’INRAP (Institut National des recherches archéologiques) avec François Revel, un jeune archéologue.
Du coup, la délivrance du permis de bâtir avait été suspendue, avec des fouilles menées à partir de la fin Mai 1999. Ce qui a énormément retardé la construction de cet immeuble, le couple Mury se débattant avec la mairie, les services des impôts pour éviter de payer des taxes foncières (sans succés) sur des terrains paralysés par les fouilles archéologiques, et le promoteur qui a déposé pas moins de 7 permis de construire dont 4 entre 1994 et 1996 refusés à chaque fois pour non compatibilité avec le POS. Mais rien de suffisamment exceptionnel n’a finalement été mis à jour pour justifier une protection absolue du site comme l’avaient craint les propriétaires et le promoteurs
Mais ce n’était pas fini, car à l’occasion de la construction de deux immeubles derrière l’église Saint Remy, Le Hameau de Saint Remy, dans le centre ancien de Vanves, des sondages puis des fouilles réalisées d’Avril à Juillet 2004, ont mis, de nouveau, à jour des vestiges archéologiques, dans un petit jardin bucolique derrière la grande maison qui a servi de presbytére à une certaine époque. Là, il s’agissait là des restes d’une bâtisse du IIéme ou IIIéme siècle selon les chercheurs de l’INRAP, avec leurs fondations, dont 1,20 m de murs apparent sur lesquels des fresques très abîmées apparaissaient. Ce qui est très rare car généralement n’apparaissent que les fondations ou leurs empreintes, quelques pièces de monnaies et de céramiques, des fours de potiers du haut moyen âge. Selon les archéologues qui ont mis en évidence les principales pièces dont une petite cave et des couloirs, la maison n’avait qu’un rez de chaussée. « Les sols étaient sans doute recouvert de dalles. Sur les murs, nous avons observé des fresques, probablement des imitations » indiquait l’un d’entre eux, Stéphane Harlé. Avec évidemment cette fresque qui laisse deviner le visage d’une femme, une peinture gallo-romaine représentant cette divinité grecque, qui regardait un miroir où ne se réflétait pas sa propre image mais l’ensemble de l’univers aquatique qui l’entoure. Ils ont crû qu’il s’agissait d’une représentation de Vénus, alors qu’il s’agisait d’une Néréide, Panopée déesse marine d’une grande beauté vivant au fond de la mer qui remontait à la surface pour aider les marins, dont une salle culturelle de Vanves porte maintenant le nom.
Les archéologues à l’époque s’étaient interrogés sur la présence de cette batisse, de la richesse de ce site, située à quelques kilométres de l’antique lutéce. Ils ont bien sûr fait le rapprochement avec les thermes découvertes en 1997. « S’il y avait des bains publics, cela signifiait que Vanves était un lieu très fréquenté à l’époque Mais par qui ? Peut être de riches lutéciens venus se reposer hors de la ville et jouir de la vue sur la Seine. Et poyrquoi pas par des pélerins attirés par un lieu de culte ? Car pourquoi construire des thermes alors que ceux de Lutéce sont à côté ? Hypothése : un aflux de pélerins autour d’un sanctuaire aurait rendu des bains publics nécessaires. Sauf que, pour l’instant, aucun temple n’a encore été découvert » s’interrogaient les archéologiques qui s’étonnaient que « ce site n’ait été jamais pillé après avoir été abandonné ». Pour eux, « cette découverte était d’autant plus précieuse que, durant les siécles postérieures, il y a eu un apport de terrasses qi a scellé le bâtiment. Or les bâtiments antiques étaient souvent démontés au Moyen Age pour fournir des matériaux à de nouvelles constructions. Placée dans un cercueil de terre, la maison a ainsi été protégée ».
Ainsi, comme le craignaient ou s’en satisfaisaient certains habitants du centre ancien, « dés que l’on creuse dans ce quartier, on n’est pas au bout de nos surprises ! ». Ce qui a été le cas du côté de l’ancien blanchisserie de la rue de l’église, où a été édifié un immeuble d’habitation, pas très loin des thermes découvertes voilà 15 ans. Là, furent découvert en 2006 un ensemble de 4 fours de potiers du VII au IXéme siécle qui confirmait l’importance d’un centre de production de poteries de Vanves jusqu’au début du Moyen Age. « Cette activité de poterie constatée rue de l’Eglise mais aussi aux Thermes gallo-romaine montre qu’elle a commencé à l’époque romaine et s’est poursuivie à l’époque Mérovingienne ». Ainsi qu’un large portique réservant un vaste terre-plein à l’avant des thermes : « une telle installation laisse penser à la présence d’une palestre (un gymnase) et va dans le sens d’un milieu culturel public, les thermes étant liés aux pélerinages, ce qui n’implique pas forcément l’existence d’un « vicus » un village autour » expliquait Xavier Peixoto qui avait dirigé les premières fouilles.
Enfin, en 2010, à l’occasion de la construction de l’immeuble situé à l’emplacement du commissariat dela série Julie Lescaut, était mené de nouvelles fouilles qui mirent à jour de nouveaux vestiges : Ceux d’un bâtiment avec trois murs délimitant deux salles, enduits peints, datant des premiers siécles de notre ére, qui a été étendu vers le sud, de la vaisselle en céramique, des puits, un four indiquant que l’occupation s’est poursuivie aux époques mérovingiennes et carolingiennes, des ossements… « Cette fouille archéologique préventive au 20 rue de la République a permis de révéler sept grandes périodes d'occupation du début de notre ère jusqu’à l’époque contemporaine, et confirmé, après les fouilles de 1999, 2004 et 2005, l’importance du site archéologique de Vanves, notamment en ce qui concerne l’époque gallo-romaine et le haut Moyen Age » indique t-on au service des Archives de la ville.