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MARINA TVETEAVA CELEBREE A VANVES : LE TRAGIQUE DESTIN D’UNE INSOUMISE

A l’occasion des journées européennes du patrimoine 2018, Vanves met  en avant plusieurs sites sur lesquels reviendra le Blog cette semaine, comme des personnalités qui sont passés à Vanves : Ce fut le cas de Marina Tsetaeva (1892-1941). Occasion de rappeler le court séjour d’une grande poétesse russe dans notre commune entre les deux guerres, de 1934 à 1938 : « Nous demeurions dans une magnifique maison de pierre qui a deux cent ans. C’est presque une ruine. Mais j’espére qu’elle durera encore le temps qu’il faudra, un endroit magnifique, une rue plantée de magnifique marroniers. J’ai une chambre magnifique, deux fenêtres et dans l’une d’entre elles, un énorme marronier à présent jaune comme un éternel soleil. C’est ma plus grande joie » écrivait elle à une amie de Prague depuis ce 65 de la rue Jean Baptiste Potin  qui longeait alors le long mur d’enceinte de la maison de santé d docteur Falret. Elle y a consacré un poéme « La Maison » en 1935 que reproduit un petit livre rappelant ce séjour vanvéen « La Maison de Vanves » avec des poéme sinédits présentés et traduits par Véronique Lossky, entrecoupés de commentaires sur sa vie en exil, les lumières et les ombres des années parisiennes     

« On la disait infréquentable, infidèle en amour comme en amitié, d’une noirceur colérique, d’humeur toujours mélancolique. Elle-même se définissait comme une frondeuse. Elle fut sans doute tout cela, et peut être pire. Mais elle était aussi la Tsvetaeva, un des plus grands écrivains russes de l’entre deux guerres, aux côtés de Pasternak dont elle fut l’intime, Mandelstam et Alkmatova. Comme eux, elle aura connu l’exil contraint, les désillusions et les persécutons d’un régime de fer et de sang »écrivait l’un des spécialistes de cette poétesse du siécle d’argent de la culture russe (début du XIXéme siécle), Thierry Clermont. En arrivant à Paris puis à Vanves, cette fille du fondateur du Musée des Beaux Arts de Moscou (Musée Pouchkine)  avait déjà publié deux recueils de poémes au moment de la Révolution d’Octobre. Elle avait frappé à la porte de la NRF, écrit à Gide et à Anna de Noailles dont elle avait en russe un roman. Elle vivait alors de subsides, de traductions, et grâce à l’aide de quelques amis, avec ses deux enfants. « Durant cette période, elle délaisse la poésie au profit de la prose, s’échinant avec brio, à poétiser son quotidien dans une incessante quête spirituelle » explique Thierry Clermont. Ce séjour parisien et vanvéen fut d’ailleurs une de ses périodes les plus prolifique, écrivant à Vanves « La Chanteuse » et « La Maison » où elle décrit le marronier  

Mais voilà, son mari qui avait rejoint les rangs de l’armée blanche a viré de bord et pris le parti des bolcheviques où il grimpe dans les échelons en animant le réseau parisien du BKVD (futur KGB),  Marina Tsetaeva passa alors du statut d’indésirable à paria pour la communauté russe, surtout après l‘assassinat d’un opposant, s’entêtant à être ni blanche, ni rouge, mais à jouer les insoumises. Elle le rejoindra à Moscou en 1939, reléguée dans la lointaine Tatarie où elle se suicida un jour d’été 1941, à bout de forces.

Selon son compatriote, l’ex-dissident Joseph Brodsky, la voix de Marina résonnait de quelque chose d’inconnu et d’effrayant pour l’oreille russe : l’inadmissibilité du monde. Il est d’ailleurs étonnant de savoir que Soljenitsyne lui a rendu hommage, dans un lieu qu’ont beaucoup fréquenté les vanvéens d’un certain âge lorsqu’ils allaient en colonie de vacances : Saint Gilles Croix de Vie. Il avait inauguré en Septembre 1993 une stéle, prés des dûnes, dédiée à Marina Tsetaeva qui avait séjournée en 1926 là après son arrivée en France : « Je suis heureuse d’être en Vendée, qui a donné jadis un si magnifique élan de liberté » écrivait elle le 9 Mai 1926  

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