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le mai 68 des lycéens

  • MAI 1968 A VANVES (Suite et Fin) : UN LYCEE MICHELET OUVERT MAIS AGITE

    Evidemment la grande fièvre de Mai 1968 a secoué le Lycée Michelet : « Au début du mois de Mars 1968, la situation est en place. Les affichent politiques fleurissent sur les tableaux et sur les murs des salles de classe. Il existe parmi les lycéens une minorité agissante. Il y a des distributions de tracts et une agitation certaine qui nuit au travail et à la discipline générale. En Avril, rien n’est calmé, bien au contraire, il y a beaucoup de sanctions en Conseil de Discipline. Les cas d’indisciplines sont de plus en plus nombreux, cela se transforme en agressions verbales, en insolences envers les adultes à la moindre observation, quand il n’y a pas provocation. L’époque fut difficile. Monsieur Rieu, inspecteur d’académie venait présider en personne les conseils d’administration où se déroulaient des discussions sans fin, jusqu’à des trois heures du matin parfois, pour savoir par exemple, si l’assuidité aux cours était obligatoire ! » raconte Xavier Renard son livre « Le Château et Lycée de Vanves 1698 – 1798 – 1998 » (Edt Sides).

    Un vanvéen alors en 6éme se souvient de ses jeunes qui ont fait irruption dans sa classe devant un professeur décomposé qui les traitait d’anarchiste, obligé de quitter son cours. « Ils organisaient des contre-cours sur le théâtre, des concerts dans le parc, parlaient du Vietnam, de l’Afrique, de Jésus Christ… Ainsi pendant des jours, nous avons appris des tas de choses dans des tas de domaine, découvrant de nouvelles musiques, de nouveaux chanteurs comme Dutronc, Léo Férré » se souvient il. « On ne voyait plus les adultes. On est allé manifester à Buffon, à François Villon. Les CRS ont encerclé Michelet… »  raconte t-il 

    Selon les archives du lycée, cet établissement est resté ouvert durant toute la période de Mars à fin Mai 1968, 114 professeurs sur 169 ayant assuré leur service, soit 70% de l’effectif enseignant. « A l’époque, les travaux des installations sportives extérieures avaient commencé (Sur la photo, les équipements sportifs du lycée qui vont être rénovés 50 ans aprés). Et les professeurs de gymnastiques avaient une inquiétude : Des fûts de fioul utilisés pour brûler les arbres abattus étaient entreposés prés de la zone des travaux, et nous craignions bien sûr qu’ils ne fussent utilisés pour quelques exactions. Heureusement, cela n’a pas été le cas » se souvient l’un de ces professeurs d’éducation physique de l’époque. « Nous n’avons pas eu de détériorations de matériels, ce qui n’a pas été le cas dans d’autres établissements. Des élèves ont monté la garde avec des professeurs durant la phase la plus dure des événements de Mai 1968. Mais le lycée était vraiment coupé en deux : une moitié travaillait et l’autre pas » ajoutait il.

    Le père Froissard qui était alors aumônier du lycée Michelet se souvient que le Censeur de l’époque « envoyait ballader les professeurs contestataires » et que l’agitation touchait surtout le second cycle. « J’étais pris entre les parents (qui étaient contre), les professeurs (qui étaient divisés) et les jeunes qui venaient chez moi tirer des tracts » raconte t-il en se souvenant d’avoir passé une ou deux nuit dans le lycée avec des élèves, vers la Pentecôte  1968 : « Nous craignions que des éléments d’extrême droite viennent casser le lycée. J’ai préféré rester dans le lycée avec eux, et j’ai passé la nuit en prière dans la chapelle du lycée » témoigne t-il en se souvenant d’avoir retrouvé dans son confessionnal des pavés du boulevard Saint Michel

    Mais voilà, après « cette folie drôle, il y a eu une répression terrible » selon ce vanvéen qui était alors en 6éme et qui se souvient de cette grande réunion « où le proviseur nous a dit que les cours reprenaient ». Cette contestation lycéenne ne s’est pas arrêtée pour autant, et s’est prolongé jusqu’à la fin des années 1970. Elle a même connue un pic en 1973 que René Rémond appelait le « Mai 68 des lycéens ».   Il a démarré à partir de la Rentrée 1968 et a oscillé pendant plusieurs années entre une tentative de reprise de main et l’explosion des lycées. Mais cela est une autre histoire de l’après Mai 68 et de ses conséquences que raconte Jocelyne Grandiau dans son livre sur «le Lycée Michelet de Vanves – plus de 300 ans d‘histoire, 150 ans d’indépendance»  sur laquelle le blog aura l’occasion de revenir