A l'occasion, par le Conseil Régional, de l’adoption d’un plan d’adaptation au réchauffement climatique la semaine dernière, les élus franciliens comme Bernard Gauducheau ont eu connaissance du premier diagnostic des vulnérabilités franciliennes réalisé par l’Institut Paris Région, étagé par le GREC
«Ils entérinent définitivement quelque chose que nous savions déjà mais que désormais nul ne pourra contester : le changement climatique a déjà profondément touché notre territoire. Le réchauffement est là et va se poursuivre : La température moyenne a augmenté d’environ 2°C depuis 1950. Dans le futur, le réchauffement pourrait atteindre 1°C supplémentaire par rapport à aujourd’hui. Elle est le plus élevée dans la zone dense de l’IDF, pouvant être 10°C supérieures à celles des zones rurales. Les vagues de chaleur - et donc les risques de sécheresses associés - vont devenir de plus en plus nombreuses alors que les vagues de froid continuent à diminuer (-30 % depuis 1950). Les précipitations extrêmes seront toujours plus fréquentes (+20 % depuis 1950 ; +20 % d’ici 2100), ce qui augmentera nécessairement les risques de crues et d’inondations. «La Région parisienne doit se préparer à des températures très fortes comme cette année ou en 2019 où il y avait eu des pointes jusqu’à 43°. Il faut s’attendre à des températures pouvant aller jusqu’à 50° come au canada qui a la même latitude de la France» indique Robert Vautard climatologie et coordinateur de l’une des d’un des chapitres du 6e rapport du GIEC
L’Institut Paris Région a réalisé un panorama complet des principales vulnérabilités de l’IDF qui montre plusieurs choses :
-les premières victimes seront, d’abord et avant tout, les Franciliens qui sont particulièrement exposés aux canicules et aux températures élevées en raison de la densité des constructions, en particulier dans la zone dense. Lors de la canicule de 2003, Paris et la petite Couronne avaient connu une surmortalité de plus de 200 % par rapport à la moyenne française, avec un record (+219 %) pour le Val-de-Marne. Ces vagues de chaleur favorisent la montée d’un autre risque, celui des maladies infectieuses et des allergies qui sont en constante augmentation. Enfin, le changement climatique accentue l’intensité des phénomènes naturels en créant de lourds dommages pour des milliers de Franciliens, illustré en ÎDF ces dernières années par les inondations records (sur la photo quai d'Issy en 2016), favorisées par l’artificialisation des sols.
- La biodiversité n’est pas épargnée : Un certain nombre des forêts franciliennes, particulièrement fragiles du fait de la faible diversité des essences, dépérissent à la suite des vagues de sécheresse successives et des maladies et parasites qui les suivent. Les essences franciliennes sont peu adaptées au manque d’eau à venir (chêne sessile et pédonculé, ou le hêtre notamment en forêt de Fontainebleau). Les milieux aquatiques et humides, qui jouent un formidable rôle de réserves naturelles, de régulateur des crues et de stockage d’eau, sont profondément bouleversés par la hausse des températures et facilitent ainsi l’apparition de crues et d’inondations dévastatrices. En plus de l’assèchement des sols, les ressources en eau vont se raréfier d’ici 2100 (-12 % de précipitations, -30 % de recharges des nappes phréatiques) alors que la demande en eau ne va cesser d’augmenter avec les sécheresses (besoins humains, agriculture…).
-L’ensemble des activités économiques et des services publics seront profondément modifiés : Par exemple, les transports dont les voies ferroviaires sont très sensibles aux vagues de chaleur et aux crues. Les services de la SNCF sont mobilisés chaque été pour les actions de prévention (surveillance renforcée des matériels et infrastructures, maintenance spécifique, réduction des vitesses, contrôle de la climatisation) sachant que des glissements de terrain, inondations de voies ferrées et de systèmes de signalisation, inondations de souterrains donnant accès aux voies ont été observés lors de l’inondation significative atypique de mai-juin 2016 en ile de France, mêlant débordement et ruissellement..
-L’agriculture est peut-être l’un des secteurs les plus vulnérables et les plus profondément touchés par le changement climatique : Les rendements des récoltes ou la production des élevages sont toujours plus incertains, quand ils ne sont tout simplement pas en chute, du fait des sécheresses intenses ou de phénomènes climatiques destructeurs et imprévus, comme cela fut le cas en 2022 avec des jours chauds arrivant tôt dans l’année suivis de gels tardifs. Les arrêtés sécheresses sont de plus en plus récurrents (répétition de ces événements : 2003, 2009, 2018, 2019, 2020 et 2022) et les sécheresses devraient s’intensifier. La sécheresse de l’été 2020 a révélé le très fort impact possible en Île-de-France en ébranlant beaucoup d’agriculteurs déjà fragilisés, tant les exploitations de grandes cultures en blé, orge, cultures protéagineuses et colza (hétérogénéité de levée des semis, chutes de rendements, pertes de récoltes, abandon ou régression de certaines cultures) que les éleveurs (prairies brûlées, manque de fourrage). A contrario, l’événement froid d’avril 2021 aura été particulièrement marquant (pertes de récolte pour les arbres fruitiers en fleurs, les plantes de pépinières, la betterave sucrière. Les futures pénuries d’eau associées à un besoin croissant d’irrigation, le risque de voir ces phénomènes climatiques inattendus se répéter, inquiètent légitimement nos agriculteurs.