Interview de Claire Papy qui est l’une des deux élus Verts du Conseil Municipal avec Pierre Toulouse. Elle est plus engagée dans les mouvements associatifs que chez les Verts dont elle partage les convictions. Une élue de l’opposition qui ne manque pas de courage, même si cela lui coûte quelquefois de monter au créneau contre des ténors de la politique comme c’est le cas au Conseil d’agglomération Arc de Seine face à André Santini. Mais elle fait face luttant contre une certaine timidité naturelle. Mais ses convictions la rendent attachantes même pour ceux qui ne sont pas d’accord avec elle, car derrière cette timidité, c’est une battante qui ne lâche pas
CLAIRE PAPY : « Que d’occasions manquées ! »
Vanves Au Quotidien - Que répondez-vous à ce jeune responsable communiste qui vous reprochait de vous préoccuper plus des ruches que de la précarité à Vanves ?
Claire Papy : « Mais c’est un problème auquel sont très attachés les verts ! Nous avons posé une question orale sur l’application de la loi DALO sur la commune, au nom des 8 conseillers municipaux de l’opposition. Par ailleurs chacun d’entre nous est engagé dans des actions bénévoles et associatives. Pour ce qui me concerne, je donne des cours d’alphabétisation à l’ASTI, à un public très défavorisé, très marginalisé, je suis adhérente à SNL (Solidarité Nouvelle pour les Logements), suit les actions de la Fondation Abbé Pierre pour le logement.
Nous devions avoir une réunion de la commission services sociaux-éducatif ses derniers jours qui a été annulé parce qu’il n’y avait pas de délibérations dans ce domaine au prochain conseil municipal. J’ai aussitôt écrit au maire et à sa 1ére maire adjointe qui préside cette commission pour m’étonner qu’en période de crise, on n’en profite pas pour réunir cette commission notamment pour étudier l’analyse annuelle des besoins sociaux qui est une obligation depuis un décret de 1995. Et il me semblait qu’en période de crise, il y avait des gens qui étaient dans l’impossibilité de payer leurs factures d’eau, d’électricité, de chauffage etc…au chômage etc…Ce qui prouve bien que cette question de la précarité nous préoccupe. Bernard Gauducheau a reconnu lorsque je l’ai rencontré samedi dernier que ma demande était justifiée et qu’il me ferait répondre par ses services.
VAQ - Quel premier bilan dressez-vous de l’action de la municipalité ?
C.P. : « Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, nous sommes très déçu que l’on ait laissé passer l’occasion d’innover en matière de performances énergétiques et de respect de l’éco-systéme avec l’opération Cabourg, car nous avons très peu de terrains à aménager à Vanves. Nous avions d’ailleurs incité le maire à profiter de ce que la Région ait prévu des crédits pour l’aménagement des nouveaux quartiers urbains. Mais il fallait remplir certaines conditions, et il n’a pas voulu repartir à zéro, comme il l’avait fait dans le temps, pour le marché.
La Communauté d’agglomération (CA) Arc de Seine fait beaucoup de choses intéressantes en la matière mais avec beaucoup de retard : Elle a mise seulement en place l’année dernière un Agenda 21, alors qu’une telle initiative remonte au Sommet de la Terre de 1992. La fusion avec la CA de Val de Seine, qui n’en a pas, devrait retarder les choses. Et Vanves est vraiment à la traîne par rapport à d’autres communes d’Arc de Seine. Elle prend quelques mesures, mais très lentement. Nous avons une OPAH à Saint Remy, mais nous reproduisons là des systèmes d’aides qui relèvent d’une législation ancienne, la mairie n’ayant pas pris les devants avec le Pact Arim qui l’organise, ni vraiment innover en prévoyant des subventions pour aider à des améliorations de performances énergétiques des bâtiments où vivent des gens à revenus modestes, même si des efforts vraiment très timides commencent à se faire dans ce domaine par la ville.
Il en est de même sur la circulation automobile, car le maire n’a rien fait depuis 2001 pour la limiter, pour créér des pistes de cyclables en dehors de la bande de 1,40 m de large de l’avenue de la Paix. Nous avons raté l’occasion d’en faire une rue Solférino, rue Jean Bleuzen…à l’occasion des travaux de réfection. Vélib’ est tombé du ciel juste à propos, mais ce n’est pas une initiative de la mairie.
VAQ – Arrivez-vous à vous faire entendre lorsque vous proposez l’intégration d’éléments HQE dans les constructions de la ville, de commerce équitable dans les marchés publics, de bio dans les cantines des écoles…
C.P. : « Peut être ! Mais la majorité municipale est monolithique. Il n’est pas question qu’une voix se désolidarise.
VAQ - Ne vous sentez-vous pas trop isolé ?
C.P. : « Pas trop ! Pierre Toulouse dans la commission d’appels d’offres a tout de même un rôle positif, grâce à son expertise technique de par sa profession. Nous avons obtenu qu’il y ait deux élus d’opposition au comité de pilotage du PLU.
VAQ - Quels sont les dossiers que vous suivez très particulièrement à Vanves, par exemple la révision du PLU ?
C.P. : « Nous ne sommes pas contre une certaine densification par de petits immeubles collectifs dans les quartiers pavillons. C’est ce qui se fait doucement dans certains quartiers où les pavillons sont sur-élevés d’un étage. Le diagnostic du PLU montre que 17% des habitants en pavillons individuels possèdent 75% du territoire de la commune avec leurs jardins. Il y a peut être une autre façon de construire de petits immeubles type éco-quartier qui se multiplient beaucoup maintenant, avec une qualité de vie entre les habitants. C’est bien ce qu’ont pressenti les habitants qui se sont mobilisés contre la très grande résidence hôtelière rue Aristide Briand, de forme « L » avec 5 ou 6 étages. Bien évidemment, ils voulaient protéger leurs jardins et leur environnement, mais ils refusaient surtout une résidence hôtelière qui n’amène aucune vie dans le quartier, simplement un trafic automobile…
Nous nous préoccupons beaucoup des déchets, parce que c’est bien évidemment une source de pollution. Nous pensons que nous pourrions faire des efforts en matière de déchets toxiques qui ne sont pas traités à Vanves, avec une opération « mercure » prévu par la Ruche bientôt . Nous avons été amené à parler plusieurs fois de cette question en conseil municipal notamment pour réclamer une meilleure régularité de la déchetterie mobile. Ainsi que des déplacements : je déplore qu’il n’y ait pas de transports en commun pour circuler dans Arc de Seine et pour aller par exemple à la Maison de la Nature et l’agence d’énergie d’Arc de Seine à Meudon, sans faire beaucoup de correspondances. Il n’y a pas du tout de relations internes à la communauté d’agglomération, ni de liaisons entre les différentes pistes cyclables et même avec la coulée verte. On n’a pas trouvé mieux d’afficher un « interdit de circuler à vélo » dans le passage souterrain du métro.
Sans parler de l’affaire du pédibus qui était une bonne initiative. Les parents d’élèves n’en ont pas voulu et ont demandé une navette, après une longue réflexion. Cela s’explique parce que là où Pédibus a réussi, c’est dans des communes où un PDU (Plan de Déplacement Urbain) a été fait au plan communal. Ce genre d’initiative se prépare et ne se fait pas comme cela à l’occasion d’une rentrée, même s’il s’agit d’une école provisoire.
VAQ - Que pensez-vous de ces initiatives comme L’AMAP-Le Panier Vanvéen (association pour le maintien de l’agriculture paysanne)
C.P. : « Cela rejoint nos préoccupations sur la préservation et l’encouragement à l’agriculture de proximité, sachant que l’agriculteur qui vient à Vanves, est installé à Arpajon, qu’on préserve son emploi, qu’on lutte ainsi contre les emplois précaires de travailleurs, mais aussi les pesticides, et la spéculation urbaine en préservant les terres agricoles. C’est pour cela que nous sommes contre le Grand Paris qui va développer la pression foncière autour des petits gares du Super Grand Huit (de C.Blanc).
VAQ – De l’éco-chantier d’espaces sur le talus SNCF ?
C.P. : « C’est une invention extraordinaire de faire se rencontrer des personnes exclus en situation précaire avec des territoires à l’abandon et dégradés de nos agglomérations. Espace a commencé par les berges la Seine, le talus de la Petite Ceinture… et a redonné le goût du travail et de la formation à ces gens là qui pourront travailler dans les services des espaces verts des collectivités territoriales
VAQ – Et de la mode des ruches ?
C.P. : « Les abeilles sont les sentinelles de l’éco systéme. Si elles meurent, c’est que l’homme n’en a plus pour très longtemps ! En ville, elles supportent la pollution, et le miel récolté – 41 kg au lycée Michelet – est bon
VAQ - A quelques semaines du sommet de Copenhague, allez-vous prendre des initiatives au niveau de la ville ?
C.P. : « Nous avons déjà commencé avec toutes ces initiatives dont nous venons de parler, sans parler dans nos attitudes de tous les jours en circulant à vélo, à pied au lieu de demander une navette pour aller à l’école, dans les décisions municipales (diagnostic énergétique des bâtiments publics…) sur lequel on tarde, et nous pourrions faire mieux : Respecter pas seulement les normes HQE mais essayer d’arriver à des maisons passives lorsque les permis de construire sont délivrés, changer l’éclairage public…