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LA VOTATION A VANVES

Vanves Au Quotidien a rencontré un postier de Vanves, Hervé Bacqué, représentant syndical PTT Sud pour qu’il nous explique quel est le sens de cette votation populaire et citoyenne organisé par le Front de Gauche ces jours-ci. A Vanves, ce sera au Métro/Audiens et devant Super Market (ex-Champion) vendredi en fin d’après midi, devant Intermarché, le bureau de poste de la place de l’Insurrection, samedi matin. Elle a fait l’objet d’une question orale hier soir au Conseil Municipal auquel a répondu Laurent Lacomére, maire adjoint, mais surtout haut-cadre retraité de la Poste, sur lequel nous reviendrons bien sûr.  

 

Interview d’Hervé Bacqué, postier,

représentant syndical Sud PTT

 

« C’est notre réponse au passage en force ! »

 

Vanves Au Quotidien - Pourquoi cette votation ?

Hervé Bacqué : « C’est un vote populaire pour demander d’organiser un référendum d’initiative populaire !  Nous avions déjà demandé au gouvernement de faire un référendum sur l’ouverture du capital de la Poste pour en faire une société anonyme. Ce qui nous a été refusé. Ce projet a été passé en force à la fin du mois de Juillet. Du coup nous avons relancé  l’initiative par cette votation

 

VAQ – Qu’est-ce qui vous inquiéte dans ce projet ?

H.B. : « C’est la transformation en S.A. de la Poste. Le gouvernement nous explique que c’est directive européenne qui l’a amené à prendre cette initiative alors que l’Europe n’a jamais prise de décision en ce qui concerne le statut de la Poste. On a vu, par le passé, qu’avec la main sur le cœur, Nicolas Sarkozy avait annoncé qu’il ne privatiserait ni France Telecom, ni EDF/GDF. Et on a vu où on en est aujourd’hui, avec l’entrée de capitaux privés dans ces entreprises publiques.

 

VAQ – Pourquoi craignez-vous une privatisation ?

H.B. : « On peut le craindre, surtout que l’on apprend par la presse que l’on va être privatisé, plutôt que par d’autres voies. On n’a plus confiance dans ce que l’on nous dit, surtout de la part du gouvernement qui nous explique que la Poste restera 100% public avec la CDC (Caisse de Dépôts et Consignations). Ce ne sont pas 3 milliards qu’il faut mettre sur la table  mais 6 miliards selon les instances dirigeantes de la Poste, ce qui veut dire 3 de la CDC et 3 de fonds privés.

 

VAQ – Quels sont les conséquences de ces transformations dans la vie du postier de base ?

H.B. : « Les PTT ont été transformé en deux EPIC  (Etablissement Public Industriel et Social) depuis 1990, France Telecom d’un côté, la Poste de l’autre, et nous avons vécu depuis cette année une désorganisation avec des gestionnaires qui viennent dans les bureaux pendant 3 ou 4 ans faire des coupes franches dans le personnel qui diminue. Quand j’ai commencé à la Poste de vanves, nous étions 25 facteurs. Nous ne sommes plus que 15. Avec une redistribution des tâches, des tournées qui se sont rallongées, des sacs de courriers de plus en plus lourds. Les facteurs sont devenus des portes-papiers par rapport au rôle social que l’on devrait avoir avec la population.

 

VAQ- Avez-vous des exemples de cette dégradation des conditions de travail ?

H.B. : « Elles sont venues par rapport au problème de remplacement du personnel. Nous ne sommes jamais à 100% des effectifs, car cette réorganisation est construite sur 0 congés maladies, sur 0 obligations syndicales… Effectivement, dés l’absence de quelqu’un, c’est le grain de sable qui fait dérailler la machine. Nous travaillons à flux tendus, avec des gens que l’on emploie en intérim par petit contrat d’une semaine, d’un mois maximum pour remplacer au pied levé, le postier absent, sans formation… alors qu’il transporte des courriers très importants qui doivent arriver à l’heure. Sans parler que ce métier est difficile, pénible, car nous sommes constamment dehors, quel que soit le temps, en étant victime souvent de TMS (Troubles muscolo-squelettiques) entraînant des arrêts maladies.

Des réorganisations successives du service postal ont été faites de surcroît, de manière à ce que l’on  ne puisse pas pérenniser le facteur sur une tournée. Il n’y a pas d’appartenance à une tournée, ce que nous demandions, puisque la confiance s’établit entre les facteurs et les usagers par la pérennisation des emplois, les contacts suivis. Selon la nouvelle organisation du 21 Septembre, les gens vont s’apercevoir qu’ils ont deux facteurs au lieu d’avoir toujours  le même. Il est vrai que le passage à 35H n’a pas facilité les choses, même si nous avons eu quelques jours de RTT en plus, car on est toujours en flux tendus, à découvert c'est-à-dire sans facteur dans certaines tournées, à moins de recourir à des intérims, des emplois précaires. On a l’impression que notre travail est dévalué puisque l’on peut mettre n’importe qui sur n’importe quelle tournée.

 

VAQ- Ne remet on pas en question le lien social ?

H.B. : « Depuis 25 ans à la poste, et 15 ans sur le même secteur, on crée inévitablement des liens avec les usagers, des liens de confiance avec des gens très divers et variés selon les quartiers qu’ils habitent. Et ils sont très attachés à leurs facteurs, surtout les gardiens d’immeubles. A la campagne, c’est souvent la seule personne que verront les paysans ou les retraités qui vivent dans des maisons reculés. Nous avons eu connaissance voilà deux ans dans la Creuse l’histoire d’un facteur que l’on accusait de rendre service à un couple âgé car il apportait des médicaments ou du pain. Heureusement des élus de tout bord se sont élevés contre des sanctions

 

VAQ – Il parait que l’on nous prépare des nouveaux bureaux de poste genre agence France Telecom ?

H.B. : « Depuis quelques temps, la Poste est divisée en 3 grandes pôles : courriers, colis et grand public avec  des directions différentes et des résultats. Ils ont imaginé un bureau de poste où l’agent doit vous vendre quelque chose, en étant objectivé sur la vente de ses produits, et dont les primes dépendront de ces résultats individuels. Et s’il n’est pas assez performant, il pourra être  déplacé.

Sans compter les usagers qui ne s’y retrouveront plus, guidé par l’agent d’accueil vers le guichet électronique pour affranchir et envoyer ses lettres ou vers le guichet de la banque postale pour le retrait d’espéces, ou vers un troisiéme pour des conseils. Vous imaginez nos ainés attendant dans la queue devant un guichet et se voyant répondre après un quart d’heure d’attente : « Pour les timbres, ce n’est pas ici ! »

 

VAQ- Ne risquez-vous pas de vivre bientôt à la poste ce qu’endurent les employés de France Telecom avec les conséquences que l’on connait ?

H.B. : « On y va avec la nouvelle réorganisation, puisque nous allons travailler en groupe avec une objectivation financière, ce qui sera pénalisé sûrement par les arrêts maladies, les absences syndicales. Dés que le groupe n’obtiendra pas son quota, il sera pénalisé financièrement. Ce qui va créer des divergences et une très mauvaise ambiance.

 

VAQ- Est-ce que vous n’avez pas fait l’erreur de faire de ce combat une question très politisée (contre la droite et le gouvernement), car tout le monde est attachée à la Poste ?

H.B. : « Le président de la République est passé en force par rapport au référendum que l’on demandait. S’il n’y a pas un mouvement populaire d’envergure, cela ne servira pas à grand-chose. D’en parler à la population est une bonne chose, et on a vu que près de 70% des français sont opposés à la privatisation de la Poste. C’était nécessaire d’alerter la population au vu de ce qui s’est déjà passé à France Telecom, à EDF-GDF

 

VAQ – Et d’être récupéré par le PS ?

H.B. : « Le PS n’est pas totalement en désaccord avec la transformation de la Poste en société anonyme. Les socialistes ont prouvé par le passé qu’ils avaient voté des textes pour la dérégulation des services postaux. Depuis la grande manœuvre de Mitterrand dans les années 85/86, sur la dérégulation des services postaux en France et en Europe, suivi par tous les gouvernements socialistes avec des ministres communistes. Rejoindre aujourd’hui le Front de Gauche pour soutenir et organiser cette votation populaire et citoyenne peut poser des questions.  Mais nous avons besoin de toutes les forces vives à gauche.

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