Lucile Schmid, conseillère Régionale
Lendemains de Rochelle
1ére rencontre politique de cette Rentrée avec Lucile Schmid, conseillère régionale PS qui a assisté à l’Université d’été du PS à la Rochelle. Occasion de l’interroger sur les derniers débats qui se déroulent au sein du PS
Vanves au Quotidien - Vous étiez à la Rochelle la semaine dernière pour l’université d’été du parti socialiste. Qu’est-ce que vous en avez retenu ?
Lucile Schmid : « L’impression générale : que les socialistes étaient conscients qu’il faut enfin représenter une opposition crédible et pensaient aux Français, qu’ils assumaient l’objectif de reconquête. J’étais aussi là bas pour animer un atelier de travail autour du projet des socialistes pour l’élection présidentielle de 2012. 2012 ça peut sembler lointain et abstrait mais si on veut que ce projet soit porté par tous ceux qui partagent les idées socialistes, il faut aller vite pour rassembler les idées et créer une dynamique. Nous étions très nombreux à discuter. Aucune langue de bois mais le désir que les choses marchent et que les mots retrouvent un poids en politique. Ca veut dire que tout grand principe doit s’accompagner d’une proposition pour sa réalisation concrète. Un exemple : l’égalité des chances. Tout le monde en parle. Expliquons comment faire.
VAQ - Comment Martine Aubry a-t-elle affronté cet exercice ? Après tout c’était son premier La Rochelle comme 1ere secrétaire ?
L.S. : « Martine Aubry a réussi à montrer que la décision de pratiquer des primaires pour désigner le candidat socialiste à la présidentielle ne pouvait s’organiser que dans la continuité d’un projet collectif fort et avec des principes pour rénover le parti socialiste. C’est central. Les primaires c’est bien parce que cela ouvre le parti socialiste à la société. Mais ça ne vaut que si les idées socialistes sont au cœur de la démarche.
VAQ - Elle a placé le non cumul au centre de sa démarche de rénovation mais expliqué que cela ne pourrait s’appliquer sans une période de transition. Qu’en pensez vous ?
L.S. : « Le non cumul on en parle depuis des années. On a beaucoup de mal à le faire parce qu’il y a une professionnalisation de la vie politique. Quand on fait carrière en politique, comme député, maire de grande ville, président de région, on fait de la politique à vie, on cumule les mandats dans l’espace et le temps. Ces élus ne se reconvertissent jamais. Ils sont dans un autre monde que celui de la vraie vie. Ca ne veut pas dire qu’ils soient inefficaces, certains diront même que c’est la condition de leur efficacité, cumuler pour en savoir et agir plus. Le résultat c’est quand même le verrouillage et le fait que beaucoup de citoyens pensent que la politique ne les concerne pas.
J’ai une autre conception. Je crois qu’il faut toujours avoir en tête que l’important c’est l’articulation entre responsabilité politique et vraie vie. Ca veut dire qu’il faut organiser le non cumul pour ouvrir la politique à d’autres. Ca veut dire aussi qu’un élu doit pouvoir se projeter dans l’après élection, dans un métier, donner du prix à sa vie personnelle.
Sans doute faut-il une période de transition pour pouvoir faire apparaître d’autres personnes, laisser le temps aux élus de se reconvertir et même de se projeter dans autre chose. Mais cette période de transition doit être précise, limitée. Et il faut enfin prévoir un statut pour les élus qui organise les possibilités de reconversion.
Et puis disons le au-delà des principes ce qui compte c’est surtout qui sont les élus, quelles idées ils portent, comment ils les portent. Leur exemplarité, leur proximité, leur envie de tout donner c’est essentiel. Mettons en œuvre des principes mais surtout attachons nous aux personnes et aux idées.
VAQ - Comment voyez-vous les régionales en Ile de France ?
L.S. : « Je crois qu’il faut d’abord dire que la crise n’est pas finie. Est-ce même une crise ? Plutôt une mutation où nous sommes à la croisée des chemins. Soit on replace l’homme et le progrès au centre. Soit on organise le dépérissement de notre planète et le déclassement de notre jeunesse. Les élections régionales sont l’occasion de faire un choix pour nos territoires mais aussi au-delà un choix de valeurs.
Le succès d’Europe écologie aux européennes a été national mais encore beaucoup plus fort en Ile de France. Pour moi qui ait travaillé dans le cadre du projet socialiste sur la définition de ce que doit être un autre modèle de développement, ce résultat d’Europe écologie doit être pris en considération pour construire un projet francilien socialiste aux régionales : porter des propositions qui fassent le lien entre la lutte contre les inégalités sociales et la vision d’un territoire de développement durable. Dans le bilan de notre région beaucoup d’éléments vont déjà dans cette direction. Mais il faut passer à la vitesse supérieure et l’assumer comme une orientation politique qui permette de contraindre un gouvernement qui, malgré tout ce qu’il veut faire croire, renforce les inégalités, récuse l’humanisme et navigue à vue.
Enfin nous serons jugés par les électeurs en fonction de notre capacité de renouvellement. Portons nos idées, portons les de façon exemplaire, ne parlons pas des alliances avant le fond. Les socialistes doivent faire la preuve par l’exemple, le projet et les personnes.
RETOUR SUR UNE VISITE MINISTERIELLE
Patrick Sorin et la réforme des lycées
« Il faut le faire dans une certaine sérénité
et essayer de trouver un consensus »
Patrick Sorin, proviseur du Lycée Michelet a réfuté le terme de « lycée d’excellence » qui ne lui me vient pas à l’idée face à des journalistes qui le questionnnaient à la fin de la visite de Luc Chatel, Mercredi dernier. « Nous essayons sérieusement, collectivement, d’assumer au mieux notre mission de service public. Nous avons une population qui est globalement plutôt assez favorisé, mais sur fonds de mixité sociale, avec des élèves d’origine modeste. Nous essayons d’en avoir de plus en plus au niveau des classes préparatoires. Notre objectif est de conduire tout le monde à la réussite » expliquait t-il en ajoutant : «Nous avons les difficultés liées à la gestion d’un lycée important : 2000 élèves, une organisation conforme aux besoins, toujours le souci du soutien aux élèves les plus fragiles, notamment dés l’entrée en 6éme. C’est une préoccupation constante. Je pense que nous avons aussi à nous préoccuper de l’orientation qui n’est pas toujours aussi positive, active qu’on le souhaiterait. C’est la raison pour laquelle il faut que le lycée bouge un peu. Et puis nous avons aussi des soucis d’ordre matériel » indiquait il en évoquant les installations sportives qui ont besoin d’une rénovation. Et sur la réforme du lycée : « Il me semble que le ministre a une approche pragmatique des choses, qu’il a effectivement un dossier important avec la réforme des lycées, qu’il sait qu’au plan national, les établissements ont besoin de sérénité. Et il sait qu’il faut travailler avec, il l’a dit et répété, les élèves, les professeurs. Il faut rassurer. Et dans le même temps, il faut conduire le changement, parce qu’il y a, sur l’actuelle organisation des études au lycée, des points d’évolution. Il faut le faire à la fois dans une certaine sérénité, et il faut essayer de trouver un consensus, ce qui n’est pas une mince affaire ».