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VANVES A L'HEURE DE PAQUES

Interview de Mgr Gérard Daucourt

Evêque du Diocèse de Nanterre :

 

« Montrer comment les positions de l'Eglise,

avec leurs exigences,  veulent rendre

service à l'homme et à la société » 

 

Vanves Au Quotidien fait profiter ses lecteurs ou blogeurs de l’interview que son auteur a réalisé pour le journal par Fax Première Heure, à l’occasion de Pâques.  Ce Média des Hauts de Seine et de la Région Ile de France a rencontré Mgr Daucourt pour lui demander quel était son message de Pâques, et connaître son état d’esprit au lendemain de trois événements qui ont secoué l’Eglise et les catholiques : levée des excommunications des évêques intégristes parmi lesquels un négationniste, excommunication de médecins brésiliens ayant pratiqué un avortement sur une fillette violée, propos controversés du pape sur les méfaits du préservatif dans la lutte contre le Sida…

 

 

Première Heure - Comment avez-vous vécu personnellement en tant qu’homme d’Eglise ces 3 événements ?

Mgr Gérard Daucourt : « Ces trois événements ne sont pas du tout de même nature et il ne faut pas les mettre sur le même plan. Ils ont cependant quelque chose de commun : les exigences d'une communication moderne n'ont pas été respectées. Il aurait fallu préparer, expliquer au moment de l'événement et puis commenter par la suite de façon claire. Les services de la communication du Vatican s'y sont mal pris. Ils l'admettent. Ceci étant dit, il faut reconnaître que sur la dernière affaire, la quasi-totalité des médias a retenu deux phrases complètement isolées de leur contexte et ont réussi ainsi à mobiliser des foules contre l'Eglise catholique. Même de hauts responsables politiques français se sont engouffrés dans cette brèche de façon malhonnête et mal élevée. Je respecte toute personne qui prend une position opposée à celle de l'Eglise catholique, mais demande qu'elle la prenne en connaissance de cause.

 

P.H. - Quelles réponses ou explications avez-vous apportées en tant qu’évêque à ceux qui vous ont sûrement interrogé à travers vos rencontres dans les Hauts-de-Seine ?

Mgr G.D. : « J'ai été très souvent interrogé. J'ai pu répondre dans des rencontres personnelles ou à des assemblées de catholiques, lors de visites paroissiales ou de rencontres de groupes, de mouvements, d'aumôneries. J'ai publié deux communiqués au moment de la levée des excommunications des évêques intégristes et de l'affaire Williamson. L'archevêque de Recife ayant fait des déclarations publiques, j'ai pensé devoir publier une lettre ouverte que je lui adressais. Cette lettre a été mise sur notre site diocésain qui, en trois jours, a reçu plus de trois mille visites. De mon côté, j'ai reçu plus de trois cents messages et je continue à en recevoir. La quasi-totalité sont des messages de soutien, de remerciements. De façon plus générale, j'essaie de replacer ces événements dans l'ensemble de la mission des chrétiens au milieu du monde aujourd'hui.

P.H. - N’avez-vous pas l’impression quelquefois de « ramer » comme diraient les jeunes après les déclarations du Pape et de  la haute hiérarchie vaticaniste de l’Eglise ?

Mgr G.D. : « Bien sûr que, comme tout chrétien, quelquefois je « rame », et pas seulement dans ces occasions-là ! J'essaie de donner des explications, mais ce n'est pas toujours facile car je constate que parfois mes propos aussi peuvent être interprétés dans un sens ou dans un autre. Nous catholiques, nous avons encore tous du mal à vivre le débat dans l'Eglise. C'est pourtant indispensable. Sans y arriver parfaitement, je m'y essaie. La Bible nous rapporte l'opposition de saint Paul à saint Pierre à propos d'un point important de la mission. Il faut retrouver cette franchise, cette capacité à exprimer des désaccords, mais aussi de rester ensemble, de nous réconcilier éventuellement.

 

P.H. - Peut-on parler de décalage de Benoît XVI et de l’Eglise avec les réalités humaines ?

Mgr G.D . : « Il y a souvent des décalages dans le vocabulaire et, comme je l'ai déjà dit, dans la communication. Mais je perçois bien ce qu'il y a dans votre question : la majorité, sous prétexte de modernité, voudrait que l'Eglise accepte et même bénisse tous les comportements d'aujourd'hui. Comme elle s'y refuse, on la traite de rétrograde. L'Eglise n'est pas là pour approuver le monde, mais pour l'aimer et lui indiquer des bons chemins. Elle ne sait pas toujours bien le faire. Elle peut donner l'impression à certains moments de vouloir imposer sa morale à tout le monde. Je n'ai aucune envie de défendre des positions de l'Eglise, mais je voudrais vraiment – et ceci aussi est très difficile – montrer comment les positions de l'Eglise, avec leurs exigences, veulent rendre service à l'homme et à la société à long terme.

 

P.H. - A la veille de Pâques, comment se porte l’Eglise des Hauts-de-Seine ? Quelles sont vos préoccupations ? Sur quels sujets avez-vous envie d’interpeller nos élus altoséquanais?

Mgr G.D. : « Sans nier des faiblesses dont je parlerai, je veux d'abord dire que le diocèse de Nanterre se porte bien. Je suis en admiration devant les engagements de tant de laïcs dans la société et aussi dans nos paroisses, nos mouvements d'Eglise, nos écoles catholiques. Nos cinquante diacres – presque tous pères de famille ou grands-pères – exercent leur ministère original dans des situations professionnelles ou d'Eglise très variées. Les prêtres sont courageux et très proches des personnes confrontées à de nombreuses difficultés, ou même parfois d'épreuves. Mais les besoins et les attentes des gens sont nombreux. Ce ne sont pas toujours des besoins religieux immédiats, mais des besoins d'écoute, de partage, d'accompagnement.

Comme les autres évêques de France, j'espère pouvoir rencontrer nos élus à propos de la révision des lois sur la bioéthique. Je n'ai pas l'intention de les interpeller. Mon attitude est autre. Le petit livre que les évêques de France ont publié à ce sujet porte en sous-titre : "Propos pour un dialogue". J'espère donc avoir avec eux un dialogue qui pourra m'éclairer et les éclairer. Dans mes visites pastorales, je parle aussi souvent avec les élus municipaux de la question du logement que nous avons beaucoup travaillée dans le diocèse, l'année dernière, avec l'aide de la Mission Ouvrière et du Secours Catholique. Je suis préoccupé, et ne suis pas le seul.

 

P.H. - Quel est  votre message de Pâques ?

Mgr G.D. : « J'espère que vous le devinez  à travers les réponses que je viens de donner à vos questions. Je crois que le Christ est vivant et que son Esprit anime beaucoup de gens, et pas seulement des chrétiens. C'est un Esprit de vie, d'espérance, de dynamisme. Au milieu de moments parfois difficiles pour tant de personnes ou pour moi et ces temps de crise, je peux constamment discerner l'Esprit de Dieu à l'œuvre dans les Hauts-de-Seine.

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