Le débat sur la réforme du Grand Paris à l'Assemblée nationale sera un des moments forts de cette semaine politique. Il doit démarrer ce soir à 21H30 et se prolonger jusqu’à Mercredi et Jeudi. Alors que les craintes des maires de France sur les conséquences de la suppression de la taxe professionnelle n'ont pas été dissipées en trois jours de congrès la semaine dernière, les députés abordent mardi un autre sujet qui fait polémique entre gouvernement et élus locaux, cette fois en Ile-de-France. Il s'agit du premier projet de loi sur le « Grand Paris » portant sur une nouvelle ligne de métro automatique de 130 km de long autour de Paris, et reliant des pôles d'activité économique. Le texte donne de très grands pouvoirs à l'Etat, qui pourra bénéficier d'un « droit de préemption principal » dans certaines zones afin d'aménager les quartiers autour des nouvelles gares.
Le patron PS de la Région, Jean-Paul Huchon, a de nouveau dénoncé samedi dans le JDD un projet « réducteur » et « autoritaire ». De son côté, le préfet de Région, Daniel Canépa a lancé un site internet participatif lundi après midi et a annoncé l’organisation de rencontres territoriales durant le mois de Décembre dans toute la Région. Ces espaces privilégiés permettront à chacun de donner son idée et de s’approprier le Grand Paris. Le théme de cette campagne est : « Le Grand Paris une grande idée qui a besoin de vous
DU GRAND ESPOIR A LA DESILLUSION ?
Il a même été question du Grand Paris au Congrés des Maires la semaine dernière, lors d’un débat organisée par l’association des Maires Franciliens (AMIF) avec Claude Pernés son président, MM JY Le Bouillonnec, président de Paris Métropole, Gilles Carrez qui a mené une réflexion sur le financement des transports, Mmes MP De la Gontrie représentant JP Huchon, A. Hidalgo le maire de Paris… avec le secrétaire d’Etat au développement de la Région Capitale, Christian Blanc qui a eu fort à faire. Le contexte se prêtait à des échanges vifs à une semaine du débat parlementaire. Et ce dernier n’a pas été déçu. Il a eu finalement à répondre à cette question de Gilles Catoire, maire PS de Clichy (92) : « Pourquoi une loi spécifique à Paris et non un titre ou un chapitre spécial tout simplement dans la loi sur la réforme des collectivités territoriales ? Que l’Etat reprenne la main interroge les élus. Il ne faut pas isoler le Grand Paris des autres grandes métropoles ! ».
« Ce n’est plus Paris et la Province, mais la France et le monde, et Paris est l’une des portes d’entrée dans le monde, ville-monde caractérisée par leur attractivité. Il n’y a pas matière à clivage entre Paris et le reste des métropoles de province. Leur développement se fera avec le Grand Paris » a répondu C.Blanc qui a, de nouveau, expliqué que le Président de la République souhaitait donner une plus grande ambition pour le Grand Paris, plaider pour un taux de croissance de 4%, défendu son projet de métro de 3éme génération « que certains appellent Grand Huit » en expliquant qu’il vaut mieux « créer des fondations, prévoir des projets structurants pour que le développement du Grand Paris devienne une réalité que réaliser un grand projet d’ensemble ». Ce qui a suscité de multiples réactions. Anne Hidalgo (PS) a rappelé le travail des architectes : « On a une base de travail exceptionnel. Ils nous ont livré une méthode en rupture avec le zonage, avec une analyse des évolutions de la métropole post Kyoto et durable, sans nous faire entrer dans une démarche politicienne. Et patratra ! Projet de loi. Exit tout ce travail des architectes avec les élus. Il nous propose un projet et une vision archaïque. Or la méthode doit reposer sur la démocratie et pas cette de l’imposition ! ». Et MP de la Gontrie (PS) d’ajouter : « Nous avons deux visions politiques qui s’affrontent : Oui à une ville monde mais aussi à une ville à vivre, car y vivent à l’intérieur de vrais gens….On a un problème de méthode qui fait que nous ne pouvons pas avancer. Il ne faudrait pas croire que les maires n’ont pas envie de bouger ! Ce qui a été fait avec Paris Métropole c’est bien. Mais aujourd’hui cela coince ! »
Le ministre a pu entendre plusieurs choses du genre : « Faites confiance aux élus ! », « Comment seront-ils associés ? », « quel maire accepterait un droit de préemption prioritaire de l’Etat sur son territoire ? », « Quid de l’aménagement autour des gares ? », « Le retour de l’Etat est partagée…mais pas de l’Etat régalien », « Il n’y a aucune raison d’altérer sur le Grand Paris, les acquis de la Décentralisation », « Est-ce que les décrets d’extension du périmètre de la Défense seront la méthode ? » a demandé Catherine Margaté, maire de Malakoff qui l’a interrogé plutôt sur le financements des tramways, des prolongements de ligne de métro « car on commence à avoir des atermoiements, des reports » alors qu’un de ses collégues de grande couronne l’a interrogé sur les transports de banlieue à banlieue. JY Le Bouillonnec, président de Paris Métropole a demandé « de lever l’ormeta politique qui empêche nos collégues de droite de nous rejoindre à Paris Métropole ». Le mot de la fin est revenu à un élu de grande couronne : « Ce projet de Grand Paris était un grand espoir. C’est devenu une grande inquiétude. Il ne faudrait pas qu’il devienne une grande désillusion »
Et c’est ce qu’il devrait de nouveau ré-entendre à l’assemblée nationale de la part des élus franciliens à partir de ce soir. Avec une crainte de leurs parts : Que le débat Paris-Province resurgisse à cette occasion, car ils sont très conscient du mal qu’à fait à la Région Capitale les tenants de « Paris ou le désert français ». Aujourd‘hui les franciliens le paient d’une manière très visible avec les transports en commun. A force d’avoir miser sur les TGV, la SNCF depuis l’arrivée de Guillaume Pepy, à sa tête, a été obligé de concentrer ses efforts sur l’Ile de France où voyagent plus de la moitié de sa clientèle délaissée ses dernières années.