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VANVES FETE SES VOISINS

Interview d’Atanase Périfan,

créateur de la fête des Voisins

 

« Non , l’enfer ce n’est pas les autres ! »

 

A l’occasion de la fête des voisins 2009, le 26 juin 2009,  créée voilà plus de 10 ans, pour développer la convivialité et renforcer la cohésion, son créateur lance le programme « Voisins Solidaires » en liaison avec le ministère du logement et l’USH (Union Social de l’Habitat) afin de créer une dynamique nationale pour renforcer le lien social et développer les solidarités de voisinage. Il doit donner à chaque citoyen l’occasion de se mettre en mouvement dans son environnement immédiat. Il a l’intention, par des campagnes d’adhésion nationales et locales, de développer un réseau en partenariat avec les mairies et les bailleurs comme l’OPH92. Un programme d’animation sera mis en œuvre toute l’année (légitimer et valoriser les bons meneurs de voisinage, recenser les bonnes pratiques, favoriser le sentiment de commune appartenance …).

Le Blog Vanves Au Quotidien vous fait profiter de l’interview parue aujourd’hui dans le journal (par fax) Première Heure, réalisé par son auteur qui a rencontré Atanase Périfan, un parisien animé depuis plus de 10 ans par l’idée de développer la solidarité de proximité

 

Première Heure - Qu’est-ce qui vous a incité à lancer cette initiative ?

Atanase Périfan : « Deux événements de la vie m’ont donné  cette idée : la découverte d’une dame âgée décédée depuis deux mois dans son appartement. Je me suis dit que se cachait derrière l’épaisseur des murs de nos immeubles et de nos maisons,  des détresse qu’on ne voit pas et que c’était un bon prétexte pour aller frapper aux portes des gens en leur disant c’est la fête, venez … et voir qu’il y a des gens sympa, d’autres qui ont besoin peut être des autres. Et c’est ce que j’ai vécu dans mon immeuble en 1997 car cela a transformé sa vie : il est devenu un immeuble familial. L’année d’après, j’ai voulu l’étendre à ma rue en 1998, puis à mon quartier en 1999,  dans le XVIIéme arrondissement de Paris, à la ville, puis en 2000 à  la France, en 2003 à l’Europe. Quand on a une bonne pratique qui fonctionne bien, on  a envie de la partager. Et cette manifestation s’est déroulée en 2008 dans 1000 villes de 29 pays, a rassemblé plus de 8 millions de millions de participants en Europe dont 6 millions en France 

 

P.H. – Comment expliquez-vous que la « mayonnaise est prise ?

A.P. : « Un besoin que nous avons tous en tête, car on crève de solitude parfois, d’isolement. La transaction qui est financière  est en train de manger la relation qui est gratuite. Je suis un militant de la relation. Au Japon, où on a lancé cette fête des Voisins l’année dernière, on m’a raconté que lorsque vous êtes tout seul dans un hôpital, vous pouvez payer quelqu‘un pendant une heure pour venir vous parler. Là on est dans le domaine de la transaction qui est insupportable. Et puis nous sommes tous en quête de sens, nous avons tous besoin de cette dimension sociale. On va faire mentir Jean Paul Sartre qui disait « l’enfer, c’est les autres ». Et bien non, l’enfer ce n’est pas les autres, c’est d’être seul à 95 ans mais aussi à 25 ans même  en gagnant 3000 E par mois. Ca touche finalement une corde sensible que l’on a tous : ce besoin d’aller vers l’autre, d’aimer.

 

P.H. – Parmi toutes les initiatives prises, quelles sont celles qui vous ont marqué ?

A.P. : « Je pense aux émeutes dans les banlieues. Nous avions fait un sondage après, auprès des bailleurs sociaux partenaires qui  nous ont dit  à 95% quelque chose qui m’a beaucoup frappé : là où la fête des voisins s’est implantée, il n’y a pas eu de violence ou très peu de violence. Il y avait tout de même une violence, mais les jeunes ont pris les poubelles et les ont brûlé à l’extérieur du quartier. C’est un outil d’apaisement social. Et puis beaucoup d’exemples d’histoires d’amours qui sont nées de cette fête des voisins. J’ai reçu un faire-part de naissance d’un « bébé – fêtes des voisins ». J’ai plein d’histoires de solidarité…notamment dans des quartiers difficile où l’on ne s’attendait pas à ce que ses habitants fassent quelque chose. Dans une ZAC de mon quartier, où des jeunes traînaient en bas des immeubles, on a fait l’effort de lancer cette initiative en s’adressant à eux : « montrez que vous êtes capable de faire des choses ! ». Bien plus tard j’ai vu un de ces jeunes beurs accompagner une personne âgée à la boulangerie, qu’il avait rencontré à la fête des voisins, alors que 2 mois auparavant, elle se cachait lorsqu’elle le voyait. Cela fait disparaître la peur de l’autre !

 

P.H. – Pourquoi maintenant « Voisins solidaire » ?

A.P. : « La fête des voisins est une réussite, 8 millions de participants en Europe, Mille et une mairies partenaires en Europe, 20 pays de l’UE, 10 pays en dehors comme le Canada, le Japon, Taipeh… C’est bien mais ce n’est qu’une journée. Je me suis souvenu lorsque j’ai lancé cette idée que c’était « Paris d’amis » avec un slogan : « pas de quartier pour l’indifférence » en 1990. En réalité c’était un réseau de solidarité de proximité, l’ancêtre de « Voisins solidaires ». Et nous nous sommes dit qu’il fallait continuer, d’autant plus que la fête des voisins a généré des actes de solidarité, a été le catalyseur de la création de liens sociaux avec plein de choses derrière. Et comment stimuler et développer toute l’année ces liens sociaux, aller plus loin dans un monde où c’est plutôt le repli sur soi, la peur de l’autre, l’indifférence. Si des choses fonctionnent bien et font du bien au corpus social, aux gens, pourquoi pas… Voisins solidaire est un programme de stimulation de la solidarité de voisinage.

 

P.H. – Quelles formes va-t-il prendre ?

A.P. : « Cette opération sera lancé lors de la fête des voisins. 6 millions de participants recevront un petit document avec « Fête des voisins » quelques bulles de baisers. L’objectif est de trouver dans chaque immeuble ou lotissement une personne qui s’est engagée, qui va écrire à ses voisins et distribuer un document pour aller plus loin, en expliquant le fonctionnement à ses voisins intéressés qu’elle va réunir. Nous avons mis en place des outils, une boîte à idées,  un site internet (www.voisinsolidaires.fr), des mairies partenaires… On va créer une dynamique pour que des gens fassent des gestes de solidarité et qu’il y en ait plus. Nous sommes en train  de créer un « Solipédia », c'est-à-dire un Wikipédia de la solidarité citoyenne où tous les gens pourront apporter des idées. Ce sera finalement une agence des bonnes pratiques, relayée par la Mairie, avec des mises en valeur de certaines initiatives, de ce bénévolat spontané qui régresse actuellement. On n’est plus dans la dimension  aidant-aidé qui est insupportable, mais dans celle de la réciprocité. Ainsi cet outil va répondre à la quintessence de chacun : Pour être heureux dans la vie, il faut aimer, être aimé, se sentir utile quel que soit son âge et sa condition sociale. Et notre pays recèle une puissance et un potentiel extraordinaire de générosité dans les gens, mais il n’y a pas de vision, de projet partagé… d’une société plus humaine. Reconstruire le maillage du voisinage est un des premiers éléments pour donner envie aux gens de partager quelque chose. Avant de s’entraider, il faut se connaître.     

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