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70 ANS APRES, VANVES SE SOUVIENT

A l’occasion du démarrage ce soir d’une série documentaire captivante sur France 2 qui nous plonge dans la guerre de 1939-45, Vanves au Quotidien rappelle ce que Paul Guillaud, président de la section UNC de Vanves a déclaré  lors de son AG du 8 Mars 2009, sur cette période de 1939/40 « afin de réparer une injustice tenace et faire oublier cette période souvent décrite comme la « honteuse débâcle de 1940 ». Un rappel historique 70 ans après la déclaration de ce second conflit mondial.

 

REPARER UNE INJUSTICE

 

« 3 septembre 1939, voilà 70 ans, nouvelle mobilisation.Les moins vieux des anciens combattants de 14-18 repartent pour encadrer les nouveaux combattants.De septembre 1939 au 10 mai 1940 ce sera la « drôle de guerre », huit mois immobiles derrière la ligne Maginot, pour de nombreux régiments de forteresse …….face à une ligne Siegfried ! Observation, immobilisme, petits coups de main seront le sort des « Maginot ». Le 10 mai 1940, violation de la neutralité de la Belgique et des Pays Bas. Du 10 mai 1940 au 22 et 24 juin 1940, «Campagne de France », après la percée du front français à Sedan, dans les Ardennes, le 13 mai 1940. Cinq semaines, dont 25 jours de combat, feront près de 100 000 morts (officiellement 97 310) et 200 000 blessés. Cette courte période  aura été plus meurtrière  que les trois premiers mois de 14-18,  ou que les pertes américaines durant les sept premiers mois de la Libération en 1944.  La France aura perdu en 39-40 la moitié du nombre des combattants tombés  à Verdun entre 21 février et le 31 décembre 1916.

De plus, près de 40 000 prisonniers décèderont en captivité, sur un million et demi de prisonniers ! chiffre énorme. Un  mois et demi de combats âpres, et cette campagne aura également ses soldats de l’honneur ! Il est nécessaire de réparer une injustice tenace et faire oublier cette période souvent décrite comme la « honteuse débâcle de 1940 ».

 

Mal commandés et mal utilisés, ils auront infligés aux allemands des pertes sévères, souvent méconnues. L’armée allemande aura perdu 40% des ses chars, 60% de ses autres véhicules, 1300 avions auront été abattus soit près de 30 % de ses appareils volants. Le drame de nos armées fut l’absence de communication et d’informations, le GQG, grand quartier général, ignorant parfois où étaient ses troupes……

ou l’ennemi ! Mais partout ou les soldats furent armés, ravitaillés, commandés, et surtout partout où les ordres leur furent communiqués à temps, les combattants de Mai-Juin 40 n’ont pas démérités de leurs ainés de 14-18. Leur courage était réel et le matériel de bonne qualité.

 

Par exemple, très critiqué par les pontifs militaires pour ses théories qui, dix ans auparavant, décrivaient déjà  la tactique qui sera utilisée par les allemands dès le 10 mai 1940, un certain colonel de Gaulle se voit confié le commandement de la 4ème division cuirassée. Le 17 mai 1940, la bataille de Montcornet fait rage pour barrer la route à l’ennemi. Chars « B », de 32 tonnes, chars D2, H 35, ou R 35 feront subir de lourdes pertes à l’ennemi.  Malheureusement, la victorieuse contre-attaque de cette unité, trop vite improvisée, ne sera pas, ou plutôt ne pourra pas, être confortée par une action d’occupation d’infanterie. Quelques jours plus tard, ce colonel sera nommé général de brigade à titre temporaire.

Sous-secrétaire d’état à la guerre, la dernière tache qui lui est confiée par le Cabinet Reynaud sera une mission impossible : superviser l’organisation de la résistance en Bretagne, dans le « réduit breton » !  Inconnu, il s’envolera pour Londres pour un destin hors série après un appel à la BBC le 18 juin, mais ceci est une autre histoire…Nous en reparlerons l’an prochain.…

 

Autre exemple avec les tirailleurs sénégalais de la 5ème DIC, et entre autres, du 53ème régiment d’infanterie coloniale, face à la 7ème division blindée allemande du général ROMMEL les 5,6 et 7 juin. Commandés par des chefs de valeur, ils avaient un fort esprit combattif. Après avoir été ballotés, de la frontière suisse à Beauvais, puis à l’Est, ils sont engagés sur la Somme, à Condé Folie et Airanes.   Avec leurs canons antichars de 25 et de 47, ils infligeront également de lourdes pertes à l’ennemi.  Mais en 3 jours, le 53ème RICMS a perdu 1200 hommes dont 12 capitaines sur les 20 que comptait le régiment.  L’enfer d’Airannes sera marqué de plus par l’assassinat de prisonniers désarmés les jours suivants,  les allemands se vengeant sur les tirailleurs, abattus avec leurs officiers,  et qui furent parmi les premiers ayant refusé de s’incliner devant le joug nazie.

Sur les 80 000 tirailleurs indochinois, malgaches ou sénégalais, engagés dans les combats des « 60 jours qui ébranlèrent l’Occident »,  15 000 furent tués, ou blessés si gravement qu’ils en décédèrent par la suite, 28 000 seront conduits dans des camps de prisonniers de guerre,  37 000 réussirent à rejoindre la zone libre.

 

Escadrons ou compagnies continuèrent souvent leurs combats malgré les pertes, guérilla dans les campagnes, guerre de rues dans les villages. Jusqu’à l’heure de l’armistice ces héroïques désespérés s’accrocheront au sol de France, qu’ils jalonneront de leurs tombeaux. Six jours après l’armistice, la Délégation française de Wiesbaden dut même envoyer des émissaires auprès de nombreuses garnisons de la ligne Maginot qui refusaient de capituler et qui quittèrent leurs fortifications sur ordres formels, en chantant la Marseillaise.

En mai 1940, l’Armée française comptait 28 000 officiers d’active pour 100 000 officiers de réserve, six millions de mobilisés, dont seulement un million de combattants. Les autres étant affectés dans les états majors, à l’arrière, au service du Territoire, ou outre-mer.   Elle avait été instruite et armée pour la défensive, alors que l’armée allemande avait été entrainée pour l’offensive. Mais l’Armée francaise n’aura pas déméritée, ni ses chefs….. Sur 234 officiers généraux d’active, 9 sont tombés au champ d’honneur, 130 sont prisonniers. 40 000 officiers ont disparus, tués ou blessés, dont 14 500 d’active, tués ou captifs. Même dans les services de l’arrière, en principe à l’abri du feu, 20 000 officiers ont été tués, blessés ou prisonniers, sur 59 000.

 

Le Maréchal Keitel, dans le wagon de Rethondes, citera les forces françaises qu’il ne pensait pas comme un «… adversaire aussi brave ». Quelques défaillances, d’esprit ou de courage, ont pu être relevées dans les rangs de cette armée mobilisée, composée principalement de réservistes. Défaillances inévitables dans toute collectivité humaine mais si peu nombreuses qu’elles n’ont pas été décisives.

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