RETOUR SUR UNE OPERATION
TRAUMATISANTE
« Si l’on devait reconstruire un quartier aujourd’hui, ce ne serait pas de la même façon » expliquait Bernard Gauducheau, jeudi dernier à propos du Plateau dont beaucoup de vieux vanvéens ont encore un souvenir traumatisant. Ce qui est l’occasion de revenir sur l’histoire de cette opération qui s’est étalée sur prés d’un quart de siécle.
A l’origine, le Plateau était constitué de plusieurs carrières, notamment à l’emplacement du palais Sud (Hall 7) du parc des expositions, d’où le nom de la rue du Moulin (de pierre) le long de la Résidence des Célibataires et de l’Hôtel Mercure. Leur exploitation cessa au début du XXéme siècle à un moment où l’urbanisation de ce quartier a commencé à se développer, surtout entre les deux guerres (14-18 et 39-45) notamment grâce à l’ouverture des rues V.Hugo et S.Carnot (en 1880) qui reliaient Vanves aux portes de Paris (Plaisance et Brançion). La construction de petits pavillons se développa autour de ces deux voies principales et de nombreuses rues (privées) pavés, avec quelques maisons à étages et des industries. C’est d’ailleurs une population ouvrière et travailleuse qui a habité ce quartier
En 1960, le Plateau comptait 1097 logements, qui abritaient prés de 1 105 familles, dont plus des deux tiers (650) ne possédaient pas de sanitaires, et certains n’avaient pas de raccordement aux égoûts, ni d’eau courante, ni de gaz (250). Les rues étaient étroites, mal pavées et les carrefours inadaptés et dangereux. C’est pourquoi René Plazanet, maire de l’époque décidait le 16 Septembre 1960 d’entreprendre une rénovation afin « d’éviter les dangers de la spéculation immobilière » en créant en 1963, une SEM, la SEMICLE pour la diriger. Mais c’est André Roche (1965-1980) qui fut la cheville ouvrière de cette vaste opération et a décidé que la ville piloterait cette rénovation « pour ne pas remplir les pôches des promoteurs » et « ne pas créer un nouveau Sarcelles » ou même « un quartier résidentiel de luxe ». Il a fallu prés de 10 ans de négociations, de réunions, de projets et contre projets, d’enquête publique réalisée en 1968, pour que les premiers travaux d’aménagements commencent sur une zone de 14,5 ha. Il a fallu 10 autres années pour exproprier – 500 petits propriétaires dont 20 seulement allérent jusqu’au tribunal - indemniser, démolir, reconstruire.
Cette rénovation fut menée en deux tranches afin de pouvoir très vite commencer les aménagements et permettre des opérations tiroirs pour reloger les habitants expropriés. C’est pourquoi la première ZAC à l’Est (2,9 ha) fut consacrée aux logements (700 dont la moitié sociaux) et réalisée entre 1972 et 1978, et la seconde (11,6 ha) plus au centre, réalisée entre 1976 et 1984, plus dense et plus massif autour de la rue J.Jaurés, la place des Provinces et la voie piétonne intérieure, avec l’ensemble des équipements dont 24 000 m2 de bureaux, le groupe scolaire Max Fourestier et la créche, Champion et la galerie commerçante, l’hôtel Mercure et la résidence des célibataires.
Plus de 2000 logements furent construits au total dont plus de la moitié sociaux où s’installérent prés de 3500 nouveaux vanvéens dont beaucoup de jeunes couples. Cette opération n’a pas été de tout repos car elle a subit les effets de la crise économique et immoblière des années 70 et 80. Ce qui a entraîné d’importants retards de commercialisation et un net alourdissement des charges : « Si cette rénovation a démarrée à un moment où il y a avait une forte de demande de logements et de bureaux, avec des taux d’intérêt raisonnable, elle s’est terminée à une époque où les tendances s’étaient inversées : augmentation des taux d’intérêt (+12%), stabilisation des prix du foncier, rareté des acheteurs » expliquait Gérard Orillard, maire entre 1980 et 1991, à la fin de l’opération.
A tel point que son équipe municipale a dû supporter une opération devenue déficitaire, en s’en tirant sans trop de mal, grâce à des prêts de la Caisse des Dépôts et Consignations et de la FNAPU. Et en triplant le nombre de métres carrés de bureaux tout en diminuant les équiopements publics selon les Verts qui ont consacré un numéro spécial de l’Arrosée du Matin (Automne 2003) sur le Plateau. Elle n’en a pas moins cherché à améliorer le cadre de vie de ce quartier très et trop urbain en réglant des problèmes de réception TV, de sécurité, de bruit etc… tout comme les équipes qui ont suivies… et dont leur chef de file ont assuré les vanvéens qu’ils ne recommenceraient jamais une telle opération dont l’embléme reste, malgré tout, ces papillons dessinés par l’artiste Calka sur le mur d’un parking le long de la rue Vicat et immortalisé par Doisneau.